Fyctia
Abigail
Un des gardiens vint me chercher :
- AJ ! La journaliste est arrivée. Tu veux toujours la voir ?
Non, je ne veux pas.
- Oui, elle veut ! aboya Messaline.
- Approche-toi de la porte, mets-toi de dos, mains derrière la tête.
J’obéis. Au moins, ça va me dégourdir les jambes.
Le gardien me mis des menottes aux poignets et aux pieds. Une chaine les reliait. Et ce bruit… bientôt 20 ans que j’entends ce bruit de chaines qui s’entrechoquent. Je n’en peux plus. Comme si j’allais m’enfuir.
Nous parcourions le court chemin qui menait vers le parloir destiné aux condamnées à mort. Nous ne sommes pas mélangées aux autres. Jamais. Et c’est tant mieux. Il y a tellement de bagarres entres les prisonniers.
Normalement, les prisonniers ont droit à 3 visites par semaine, s’ils se conduisent bien. Mais pas nous. Nous ne pouvons avoir de visite qu’une seule fois par semaine, et rares sont les personnes qui fréquentent les condamnés à mort.
En revanche, nous recevons de nombreux courriers. N’importe qui peut avoir une correspondance avec un condamné. Je ne comprends pas pourquoi des gens veulent nous écrire mais bon, ça fait passer le temps aux autres. Je ne réponds à personne.
Après avoir passé 4 portes, j’aperçois une fille assise derrière une table, une canette devant elle. Sûrement la fameuse journaliste.
Je n’ai jamais bu de boissons en canettes. Peut-être que je devrais demander ça avec mon dernier repas ?
Le gardien ouvrit la dernière porte, j’entrai dans le parloir et m’assis de l’autre côté de la table en regardant par terre. Le gardien attacha les chaines à la table, je n’ai pas le droit de bouger.
Il donna des instructions à la journaliste. Elle n’a pas le droit de m’approcher, pas le droit de me toucher. Nous pouvons parler pendant 30 minutes.
Il se posta ensuite dans le coin de la salle et regarda devant lui.
- Bonjour AJ, lança-t-elle.
Je lève alors la tête et dévisage cette femme qui est venue me voir. Je n’avais jamais reçu de visites autres que les personnes de ma famille.
Elle a l’air petite. Ses cheveux sont attachés bizarrement, comme si elle avait voulu faire un chignon mais sans se coiffer. J’aimerais beaucoup avoir des cheveux comme les siens. Je suis obligée de raser mes cheveux crépus, ils sont impossibles à coiffer ici.
- Je me présente, je suis Skeeter Phelan. Je travaille au New York Times, et avant cela, je travaillais au Jackson Free Press.
Elle n’a pas l’air à l’aise. Est-ce qu’elle pense que je vais lui faire du mal ? J’aimerais bien savoir qui lui a raconté pourquoi je suis là.
- J’ai entendu parler de ton histoire il y a quelques jours. Enfin, pas « ton » histoire parce que je n’ai pas encore ta version, mais on va dire que je sais pourquoi tu es en prison depuis tout ce temps.
Ma version ? Parce qu’elle croit peut-être que je vais lui raconter ma vie maintenant ? Et puis quoi encore. Personne ne me l’a demandé il y a 20 ans, ce n’est pas aujourd’hui que je vais la raconter.
Elle regarda le gardien, elle semblait désemparée. Elle lui demanda si je comprenais quand on parlait. Le gardien confirma. Elle se retourna vers moi :
- Est-ce que tu accepterais, AJ ?
Toujours pas.
Elle commença alors à me raconter son histoire. C’est la voisine de madame Jones. Voilà pourquoi elle a entendu parler de moi. Cette pauvre femme lui a raconté comment on avait retrouvé son mari. Son barbare de mari. Il méritait tellement ce qui lui est arrivé.
C’est étrange d’entendre parler de cette affaire autant de temps après.
- Quel était ton mobile AJ ?
Mon mobile ? J’en ai toute une liste.
Elle approcha son carnet et son stylo prêt de moi.
- Est-ce que tu peux écrire ? me demanda-t-elle.
Bien sûr que je peux écrire. Je ne suis pas débile. Mais pourquoi est-ce que je ferai ça ? Pour que tu reçoives le prix de l’année de Jackson : une fille de New York fait parler une prisonnière. Waouh ! Non merci.
- J’aimerais juste pouvoir comprendre.
Mais bien sûr, et moi j’aimerais retourner à l’école.
- Est-ce qu’il t’a fait du mal ?
Je levai alors les yeux vers elle. Bien sûr qu’il m’en a fait. Ce barbare a détruit ma vie. Il aurait dû souffrir beaucoup plus longtemps que ça. Il aurait dû être torturé, ligoté, saigné. Cet enfoiré, c’est tout ce qu’il méritait.
10 commentaires
S-FOX0974
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Il y a 2 ans
Paméla F
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Il y a 2 ans