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Alors, petites vérifications avant de partir :
Papiers à apporter :
• Pièce d'identité émise par le gouvernement : check
• Permis de visite : check
Les objets suivants ne sont pas autorisés à l'intérieur d'une prison :
• Les radios
• Baladeurs
• Bips
• Téléphones cellulaires
• Appareils photos
• Équipement électronique
• Appareils d'enregistrement
• Armes, y compris les armes à feu, les munitions et les couteaux
• Drogues, alcool et boissons
Me revoilà avec un carnet et un stylo. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas écrit là-dedans. J’utilise tout le temps mon téléphone pour prendre des notes…
Et, en vrac, la liste des choses interdites et obligatoires dans les prisons : emporter la bonne tenue vestimentaire, penser aux couleurs interdites, à la longueur des manches, au décolleté. Choisir le soutien-gorge sans armature ni attaches en métal, le pantalon ni trop large ni trop moulant, les chaussures sans talons. Il faut également un petit sac en plastique transparent si on veut mettre de l’argent dedans. J’en prends un peu, j’aurais sûrement besoin d’un Coca. J’espère qu’il y aura un distributeur là-bas.
Après avoir tout revalidé, je pris la voiture, sorti de Jackson et pris la route MS-468 en direction de Pearl. Après 20 minutes de route, je tournai à droite sur Whitfield Road et me voici longeant la seule prison pour femmes du Mississippi.
La Central Mississippi Correctional Facility a été construite en 1986 et agrandie en 1996. Près de 3600 prisonniers, hommes et femmes, se partagent cette prison sur 69 hectares.
La surveillante générale des femmes est Latoya Anderson. Oui, j’ai effectué quelques recherches.
C’est la première fois que je rends visite à un prisonnier. Mon cœur bat à 100km/h. Je pense avoir réfléchi à tous les moyens pour pouvoir communiquer avec AJ. J’ai hâte d’en apprendre plus sur elle.
Bien que seule sur l’immense parking, et bien qu’absolument rien ne bouge, je sens de nombreuses paires d’yeux invisibles posées sur moi. Ça me met encore plus mal à l’aise.
Je dois attendre l’heure officielle de début des visites.
Je regarde les va-et-vient des voitures qui entrent et sortent. J’entends les détonations d’armes à feu dans les stands de tir adjacents à la prison. J’entends aussi les ordres criés aux prisonniers et amplifiés par les haut-parleurs. J’attends.
L’heure venue, je me dirige vers l’entrée de la prison. Confinée dans un espèce de sas, je suis bientôt rejointe par d’autres visiteurs. Majoritairement des femmes, quelques hommes, des enfants.
Je suis les personnes devant moi, elles ont l’air habitué. Un gardien passe la tête par la porte. Il demande si tout le monde a son formulaire de demande de visite et sa pièce d’identité. Une femme s’aperçoit qu’elle a oublié ses papiers d’identité et qu’elle ne pourra donc pas entrer. Elle repart énervée. Mon stress monte encore.
Tout le monde attend. Les conversations commencent. Le gardien en prend pour son grade, considéré à l’unanimité comme un “asshole”. Apparemment, Il aime martyriser les femmes à propos de leur tenue vestimentaire. D’après lui, les pantalons sont trop moulants ou pas assez, les décolletés trop grands, les chemises trop courtes…
Je suis bien contente d’avoir prévu le coup ! Ma valise est dans la voiture, au cas où.
Je jette un coup d’œil dans la salle où auront lieu les contrôles de sécurité, je vois au mur la photo du président Biden.
D’autres personnes arrivent encore.
Le sas s’ouvre enfin. Le garde annonce que nous entrerons trois par trois.
Une fois mon tour arrivé, je donne ma pièce d’identité et le formulaire de visite. On me demande de remplir le registre, et si j’ai besoin d’un casier. J’ai tout pris avec moi, inutile, donc.
Pour passer le portique de sécurité, c’est comme à l’aéroport : on doit retirer nos chaussures, les lunettes, les ceintures, … Je dépose mes chaussures et les clés de la voiture sur le tapis roulant, avec mon carnet et mon stylo.
Une fois le portique passé, je me fais fouiller, et on me passe une espèce de languette sur les mains. Je ne sais pas pourquoi, même à l’aéroport, ils font toujours ça sur moi.
Je remets mes sneakers. Un gardien me demande de me dépêcher, j’avance vers lui, il prend ma main gauche et m’appose ce que je pense être un tatouage lisible aux ultra-violets. Comme en boîte de nuit. Mais ici, pas de musique. Pas la même ambiance.
Je franchis enfin la première porte qui bzzzz en s’ouvrant. On entend les clés, les chaînes et les menottes s’entrechoquer.
Le même gardien demande à lire nos tatouages.
Ce n’est pas comme si c’est lui qui venait de nous les mettre…
De l’autre côté de la pièce, derrière une glace sans tain, un autre gardien nous demande également de vérifier les tatouages.
Après une autre porte, nous sommes dehors. Je peux voir une petite cour et les bâtiments des cellules.
Nous entrons dans le parloir après une nouvelle porte, et une énième vérification.
D’un coup, l’odeur métallique et froide de la prison me submerge.
Chaque visiteur est appelé par le nom du prisonnier et tend de nouveau la main pour être identifié une dernière fois, avant de s’asseoir à la place assignée par le gardien.
En attendant qu’on m’appelle, je regarde autour de moi. Le parloir est petit. Il y a une rangée de prisonniers qui recevront un visiteur, et celle des prisonniers qui en recevront plusieurs. Dans un coin une petite table avec un four à micro-ondes, des fourchettes et des petites cuillères en plastique et des serviettes en papier. Il y a aussi deux petits boxes inconfortables avec un écran pour les vidéo-visites réservées aux prisonniers à l’isolement.
Je regarde les deux personnes qui sont avec moi. Elles sont en train d’acheter de quoi manger dans les machines qui proposent friandises, plats cuisinés, fruits et boissons. Elles disposent leurs achats sur la table, comme si elles préparaient un repas familial.
Je me lève aussi pour acheter à boire.
Un gardien m’appelle et m’amène ailleurs. Apparemment les condamnées à mort ne peuvent pas sortir de leur bâtiment. Je suis donc le gardien.
Au bout de 5 minutes de marche, je m’assoie devant une table, pose mon Coca, et c’est là qu’elle apparait enfin.
16 commentaires
Livia Tournois
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Il y a 2 ans
Lolow_Books
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Il y a 2 ans
Paméla F
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Eva Boh
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Paméla F
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Fso
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Il y a 2 ans