Paméla F A.J. - Qui es tu ? Skeeter

Skeeter

- Harry, s’il vous plait ! J’ai besoin que vous m’aidiez.


- Skeeter, j’ai encore 2 – 3 trucs à finir, je te rappelle.


- N’oubliez-pas !


- Je n’oublierai pas. Et puis si j’oublie, tu vas me le rappeler.


- Alors ça, vous pouvez compter sur moi. A tout à l’heure alors.


Je refermai la porte de son bureau. J’ai demandé à mon chef, Harry Grodkowski, s’il pouvait réussir à me faire entrer à la prison pour femme du Mississippi. C’est quelque chose que je n’ai encore jamais fait, cela doit être impressionnant d’entrer dans un établissement pareil.

Je n’ai pas eu trop de mal à le convaincre de me laisser travailler également sur cette histoire, tant que je « suis à fond » pour écrire les articles qu’il me demande toutes les semaines, ça ne lui pose pas de problème. Normalement, il doit rappeler son contact aujourd’hui, mais on ne l’appelle pas Dory pour rien. Incroyable de n’avoir aucune mémoire comme ça ! Dans une heure, je retourne à son bureau.

En tout cas, j’espère qu’AJ acceptera de me rencontrer. Je sais qu’elle est toujours incarcérée à la Central Mississippi Correctional Facility. Sa date d’exécution n’est pas encore connue, mais ça ne devrait pas tarder, ça fera bientôt 20 ans qu’elle est incarcérée quand même…


De mon côté, j’appelle la police de Jackson, j’ai encore des contacts là-bas. Je vais appeler le responsable des archives :


- Ouais ?


- Allo, Harold ?


- Lui-même, qui êtes-vous ?


- C’est Skeeter !


- Skeeter ?


- Skeeter Phelan ! Comme si tu en connaissais plusieurs…


- Oh ! Eh bien si je m’attendais à ça ! Qu’est-ce que tu deviens ?


- Je travaille au New York Times, et j’enquête sur l’affaire de AJ Jackson. Ça te dit quelque chose ?


- Bien sûr que ça me dit quelque chose. Pourquoi est-ce que tu enquêtes là-dessus ?


- Eh bien figure-toi que ma voisine à New York est la femme de Anton !


- Wow. Le monde est vraiment petit. Mais ça ne me dit pas pourquoi tu t’intéresses à cette histoire.


- Cette histoire à l’air bâclée, j’aimerais connaitre les mobiles du meurtre. Je trouve ça étrange.


- Tu vas sur un terrain glissant là, Skeeter, je ne sais pas si c’est une bonne idée que tu mettes ton nez là-dedans.


- Vu ce que tu viens de me dire, c’est sûr que c’en est une !


- Bon… Que veux-tu savoir ?


- Si tu as toujours les pièces à conviction de l’affaire dans les archives.


- Bien sûr qu’elles sont toujours là, pour qui me prends-tu ?


- Pardon Harold, je ne voulais pas te froisser, mais je voulais vérifier.


- C’est ça …


- Est-ce que tu penses qu’il est possible de faire réexaminer les pièces pour trouver de l’ADN sur les vêtements ou sur le poignard ?


- Il faut que l’affaire soit réouverte pour ça.


- Ok, et comment on fait ça ?


- C’est le procureur qui décide de rouvrir une enquête, lorsqu’il y a de nouveaux éléments.


- Super, et comment je peux apporter de nouveaux éléments si je ne peux pas explorer les anciens ?


- Tu te démerdes, c’est toi qui veux remuer cette histoire, pas moi.


- Ok, je vais voir ça. Merci Harold, tu passeras le bonjour à ta femme !


- Je n’y manquerais pas ! A bientôt Skeeter !


Cette affaire me fait soudain penser une vieille affaire que j’avais étudié en cours de journalisme. L’affaire Emmett Till, en 1955 : « un meurtre qui hante toujours l’Amérique », avait alors titré le Los Angeles Times. Un jeune adolescent noir de 14 ans avait été kidnappé, battu, torturé, sauvagement assassiné et retrouvé dans la rivière de Tallahatchie, dans l’Etat du Mississippi, parce qu’une femme avait prétendu que celui-ci l’avait sifflé dans la rue. Il est devenu un symbole du mouvement pour les droits civiques, car sa mère avait laissé son corps gonflé et défiguré à la vue de tous, lors de son enterrement. Les deux hommes blancs qui avaient été arrêtés pour son meurtre ont été acquittés par un Grand Jury intégralement blanc. Et comme ils ont été protégés par le verdict, puisqu’on ne peut pas être jugé deux fois pour le même motif, les deux hommes ont ensuite expliqué comment ils s’y étaient pris.


Je me demande si ce n’est pas à cause de cette affaire qu’ils tardent à faire exécuter AJ.


Il est temps de retourner voir Harry Grodkowski. Et je vois à sa tête qu’il a encore oublié d’appelé son contact…


- Harry ! Vous le faites exprès ma parole !


- Mais non, j’avais 2 – 3 trucs à finir.


- Vous avez toujours 2 – 3 trucs à finir, ou 2 – 3 mails à envoyer. Je ne vous demande que d’appeler une personne ! Un seul truc à faire. S’il vous plait !


- C’est bon je l’appelle. Va-t-en maintenant.


Et je repars… Dans 10 min j’y retourne. Et s’il le faut, je monterai la garde devant son bureau tant qu’il n’aura pas appelé son gars.


Quelques minutes après, Harry m’hurla enfin la réponse tant attendue :


- Eh Skeeter !


- Oui ?!?!


- Prépare ton passeport, tu vas dans le Mississippi !


- Mais on n’a pas besoin de passeport pour aller dans le Mississippi !


- C’était une blague !


- Elle est pourrie, votre blague !


- Ouais, c’est vrai, ahah !


Et voilà, il ne me restait plus qu’à réserver un vol pour Jackson, Mississippi !

En attendant, il faudrait que je trouve un livre "les blagues pour les nuls" pour mon chef... Il en a besoin !


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12 commentaires

Warren J.

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Il y a 2 ans

Bon ben voilà… on parle de rouvrir l’enquête, me suis fait avoir pour la troisième fois. Le récit, très journalistique, de l’affaire d’Emmet Till est glaçant. La mécanique où le droit est supérieur est au bon sens est de même marquante. On en vient à se dire qu’une telle bavure de la justice aurait pu se reproduire. Les contextes ne sont toutefois pas les mêmes (crime racial). Ce passage m’a marqué ; chapeau. Concernant le dialogue entre Skeeter et Harold mériterait, je trouve, d’être parsemé de réactions et de descriptions. Vu que c’est une conversation téléphonique, on ne se perd pas dans l’échange mais quelques détails sur l’agacement d’Harold, son énervement, renforcerait l’échange. De ce que j’en saisis, Harold va être un frein à l’enquête. Mais je n’en suis pas bien certain. D’un côté il explique comment rouvrir l’enquête, de l’autre, il dit qu’il ne faut pas remuer la mélasse. Il sait donc des choses.

Paméla F

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Il y a 2 ans

bien vu pour Harold. je note d'ajouter des descriptions. Pour le rapprochement avec Emmet Till, il faudra attendre quelques chapitres... :)

georgette

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Il y a 2 ans

L histoire est prenante. C est fluide. J aime vraiment beaucoup.

Dorylamalice

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Il y a 2 ans

J'adore ! Vivement le livre les blagues pour les nuls 🤣

Paméla F

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Il y a 2 ans

Mdrrrr

S-FOX0974

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Il y a 2 ans

Je suis transporté par cette aisance de la plume, quel auteur incroyable 😁

Lolow_Books

-

Il y a 2 ans

Vivement la suite!!! 👀
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