Fyctia

Mary commença son récit. Très vite, je dégainai mon cahier et un stylo pour prendre des notes. D’autres préfèrent la tablette ou leur pc, mais je suis plus à l’aise avec les stylos. Et puis j’adore faire des gribouillis sur les feuilles. Est-ce qu’on peut en faire sur un PC ? Je ne crois pas non !

J’écoutais Mary et plus son récit avançait, plus j’hallucinais ! J’étais à des millénaires de me douter d’une chose pareille !

Quel espèce d’enfoiré, cet Anton. Il mériterait qu’on le bute… Ah ! Il est déjà mort c’est vrai, cheh !

- Eh bien ! Jamais je n’aurais pu imaginer ça … Je suis tellement désolée pour toi, Mary.

- Ne t’en fais pas. C’était il y a longtemps. Mais dis-moi, on dirait que tu as pris beaucoup de notes. Tu n’es pas journaliste pour rien, tu vas me dire. Tu as des questions j’imagine, ma petite ?

- Bien sûr, tu me connais !

Première question : n’as-tu jamais pensé à faire appel à un détective privé pour retrouver ton fils ?

- Si, bien sûr. Après 2 ou 3 semaines, j’avais entendu parler d’un homme qui faisait ce genre de travail. Je l’ai contacté, lui ai expliqué l’histoire, lui ai donné de l’argent, mais il n’a jamais rien trouvé.

- Ok …

Encore un bon, tiens ! Ok, ils n’avaient pas Internet en l’an de grâce mille neuf cent quelque chose, mais quand même !

- Pourquoi n’as-tu pas divorcé de ton mari puisqu’il était violent ? Et pourquoi n’en avoir parlé à personne avant ?

- C’était très mal vu de divorcer à cette époque-là. Je n’ai jamais pensé le faire. J’avais vu ma mère se faire battre par mon père, deux de mes amies étaient dans le même cas. Elles étaient des as du maquillage pour cacher toutes les traces. Jamais nous n’évoquions le divorce, jamais. Même lorsqu’on savait ce qui se passait. Cela ne se faisait pas.

- Oui ok, je comprends… Heureusement que ce n’est plus comme ça maintenant. Enfin… presque plus.

- Oui, comme tu dis… « presque plus », répéta Mary.

- A-t-on su si le sang retrouvé sur la chemise de ton mari était celui de ton fils ?

- On n’a jamais su. Je crois que la police n’avait pas encore recours à l’ADN.

Peut-être qu’ils ont encore les pièces à conviction. Il faudrait se renseigner… Je demanderai un coup de main à mes anciens collègues, ou peut être même à mon chef, il doit avoir des connaissances. Sinon, à quoi il .sert ?

- Pourquoi la fille de la bonne était venue, ce matin-là ? reprenais-je.

- Elle remplaçait sa mère qui était malade.

- Et pourquoi a-t-elle tué Anton ? je n’ai pas souvenirs d’avoir lu quelque chose à ce sujet.

- Non, personne ne l’a jamais su. A partir de ce jour-là, elle n’a plus jamais parlé.

- Et elle a été condamné comme ça ? Elle ne s’est pas défendue, n’a rien expliqué ?

- Rien de tout cela, répondit tranquillement Mary.

- Mais attends, elle a quand même été condamnée à la peine de mort. La peine capitale ! Tu ne peux pas ne pas te défendre, c’est quand même étrange. Est-ce qu’elle a déjà été violente ? Est-ce que Anton lui aurait fait du mal et elle se serait vengée ?

- Franchement, je n’en sais rien. Je la connaissais peu. Elle était discrète, comme sa mère. Comme toutes les bonnes en fait. Je ne sais vraiment pas ce qu’il s’est passé.

Non mais sérieusement, qui fait ça ? Il faut que je me renseigne, peut être qu’elle est toujours à la prison pour femmes du Mississippi, la Central Mississippi Correctional Facility. Je ne me rappelle pas si les journaux avaient fait mention d’une date. Peut être qu’elle a déjà reçu la dose léthale… Note pour moi-même : regarder ça sur Google.

- Mary, crois-tu qu’il serait possible de parler à la fille de la bonne, si elle est encore en vie ?

- AJ ? Je ne sais pas, il faudrait demander à la prison si elle accepte les visites. La dernière fois que j’ai entendu parler d’elle, elle était dans le couloir de la mort. Mais si elle ne parle pas, qu’est ce que tu voudrais aller faire là-bas ?

- Peut-être qu’après tout ce temps, elle pourrait enfin se décider à parler… Ou peut-être à écrire !

- Peut-être. As-tu envie de tenter de la retrouver pour avoir des réponses ?

- Tu parles d’une question, bien sûr que je vais le faire !