Paméla F A.J. - Qui es tu ? Mary - son histoire

Mary - son histoire

« Je vais te raconter mon histoire depuis le début… Il y a beaucoup de choses qui n’ont pas été racontées. Anton était un avocat important et très réputé à Jackson. Mais personne ne se doute de ce qu’il se passait à la maison. On n’en parlait pas avant. Ce n’est pas la même époque qu’aujourd’hui.


Le jour de mes 15 ans, mes parents ont arrangé mon mariage avec Anton Jones, pour que les deux familles les plus puissantes de Jackson soient enfin liées.

Anton avait 21 ans et finissait ses études d’avocat. Sa famille était héritière d’une des plus importantes plantation de coton de l’état.

Ma famille, elle, détenait l’entreprise ferroviaire la plus florissante du pays, une de celles qu’on héritait de génération en génération depuis plus d’un siècle ; elle allait revenir de droit à mon frère cadet. En ce temps, les femmes ne pouvaient pas hériter du patrimoine familial, il fallait donc nous marier avec des familles respectables.


Très vite, je suis tombée enceinte de mon premier enfant, qui est mort-né. C’était une petite fille. J’ai eu beaucoup de mal à me remettre de cette tragédie, et peu de temps après, je suis retombée enceinte.

Un soir, alors que Anton revenait de la chasse avec un cerf, dans un état d’ébriété certain, il m’a demandé de le cuisiner. Je lui ai dit que cela pouvait attendre le lendemain, pour que la cuisinière s’en occupe, mais il voulait à tout prix manger son steak de cerf le soir même. Ma réflexion ne lui a pas plus, et j’ai reçu ma première gifle. Plus tard dans la soirée, je perdais l’enfant que je portais…


Junior a vu le jour lorsque j’avais 18 ans. Son père était tellement heureux d’avoir son héritier, qu’il ne m’a plus touché pendant un long moment, sauf lorsqu’il rentrait bredouille de la chasse, ou lorsqu’il était ivre. Quelque fois, je me prenais des gifles juste parce que j’étais sur son passage, ou alors il me faisait tomber parce que ça l’amusait.


A partir du moment ou Junior a été en âge de partir à la chasse avec lui, les ennuis ont recommencé. Anton était tellement ivre, qu’il oubliait souvent de revenir avec Junior de la chasse. Le pauvre petit se retrouvait livré à lui-même. Au début, les chasseurs le ramenaient, mais Anton les éconduisait brutalement, pensant qu’ils s’intéressaient plus à moi qu’à notre fils. Ils ont donc arrêté de le faire.

Par moment, le petit pouvait rester une nuit complète à attendre que je vienne le chercher. Je demandais à Anton de ne plus le prendre avec lui pour la chasse, mais il disait que c’était comme ça qu’il allait devenir un homme. Il lui faisait recharger les fusils, il allait chercher les bêtes avec les chiens. Junior détestait aller à la chasse. Le midi, il devait vider les animaux qu’ils venaient de tuer pour les manger. Il en était malade, et je ne pouvais rien faire pour lui.


Lorsque j’ai eu 25 ans, je suis de nouveau tombée enceinte. Anton était tellement heureux qu’il ne m’a pas touché de toute la grossesse. Mais je ne voulais pas qu’un autre enfant subisse les agressivités d’Anton. J’ai tout fait pour que ça s’arrête. Je n’en suis pas fière, mais il était hors de question que quelqu’un d’autre endure les coups de cet homme. Il s’en prenait déjà à Junior, en lui donnant des coups de ceinture, ou de n’importe quel objet qui pouvait lui passer sous la main. Je m’interposais entre eux lorsque je le pouvais, mais à la chasse, je n’étais pas là…


Cela a duré comme ça pendant des années. Anton était toujours plus ivre. Au fur et à mesure, j’avais perdu le contact avec mes amies. J’étais seule avec Junior et les bonnes à la maison. Je n’en pouvais plus. Je prenais des médicaments pour m’endormir, et je m’enfermais à double tour dans ma chambre, en espérant qu’il ne la fracasse pas la nuit pour subvenir à ses « besoins ».


Un soir, Junior avait alors 16 ans, Anton est revenu seul de la chasse. Il ne marchait pas droit, il était couvert de sang, je ne l’avais jamais vu dans cet état. Je suis descendue le voir et lui ai demandé où était Junior et pourquoi est-ce qu’il avait autant de sang sur lui, il m’a répondu « je me suis enfin occupé de lui » et s’est écroulé sur le canapé. J’ai essayé de le réveiller, je voulais savoir ce qu’il était arrivé à Junior. J’ai pris la voiture, je l’ai cherché partout. Quand je suis rentrée, bredouille, Anton m’a vu et m’a frappé car j’avais osé lui prendre sa voiture sans lui avoir demandé la permission. J’étais complètement sonnée, je suis montée me soigner et me suis allongée sur le lit.


Le lendemain matin, les cris d’AJ m’ont réveillé, c’était la fille de la bonne. J’ai regardé par la fenêtre de la chambre, elle était recouverte de sang. Elle criait, criait, sans s’arrêter. J’ai ouvert la porte, dévalé les escaliers pour aller voir ce qu’il se passait, et j’ai vu Anton, gisant par terre. J’ai appelé le 911. Une ambulance est arrivée avec la police. Je suis montée avec lui dans l’ambulance pour aller jusqu’à l’hôpital, il s’est réveillé quelques secondes, a murmuré quelque chose, et ne s’est plus réveillé. Le médecin dans l’ambulance avait compris « AJ ».


Ensuite, tout est allé très vite. La police, les avocats, le procès. J’étais complètement abasourdie, je ne suis même pas sûre de ce qu’il s’est passé. Je n’ai pas assisté au procès ; j’étais à la recherche de Junior. Les journalistes étaient autour de la résidence, la police ne m’a jamais aidé à rechercher mon fils. Je l’ai cherché pendant des mois et des mois. Je ne l’ai jamais retrouvé. Je suis allée voir les chasseurs, personne n’a su me dire ce qu’il s’était passé non plus. Mais son corps n’a jamais été retrouvé, alors j’ai gardé espoir pendant un long moment.

Quelques années plus tard, j’ai arrêté mes recherches, vendu la maison et me suis réfugiée à New York. Être là-bas, dans cette grande maison, sans mon fils était insoutenable.


Je n’ai jamais pleuré pour la mort d’Anton, ce vaurien n’a eu que ce qu’il méritait… Mais je ne me suis jamais remise de la perte de mon fils. J’espère le retrouver un jour. »

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11 commentaires

Marie Andree

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Il y a 2 ans

Quelle terrible histoire ! J'ai déjà des petites théories qui se forment dans ma tête concernant A.J. et Junior. :-) (je note mes remarques sur un fichier Word et te ferai un retour global à la fin)

Paméla F

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Il y a 2 ans

ah, j'ai hâte de connaître tes théories :)

Livia Tournois

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Il y a 2 ans

Un discours vraiment poignant ! On entre très bien dans ce récit. Pour plus de réalisme je rajouterais des pauses pour indiquer les sentiments ou le ressenti des personnages. Je ne pense pas qu'elle puisse débiter cela d'un seul coup sans s'arrêter ou que Skeeter n'ait de réaction au fur et à mesure.

Paméla F

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Il y a 2 ans

C'est vrai, à ajouter !

Warren J.

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Il y a 2 ans

Eh bien voilà ; tout arrive à point à qui sait attendre … le chapitre suivant. Le mari était un tyran domestique. Un récit dense dans tous les sens du terme. Un parcours tragique. Toutefois ; j’ai entendu un conseil sur la figure de méchant, un truc disant : « si vous voulez qu’un méchant, semble méchant, rendez le gentil d’abord aux yeux du lecteur. » Peut-être serait-il possible de décrire Anton au début comme quelqu’un de bien, cela contrasterait encore plus avec son attitude ensuite ? Dans cette veine, il y a l’évocation du « il ne me touchait plus, sauf quand il rentrait bredouille ou lorsqu’il était ivre ». Mary pourrait faire un parallèle avec les femmes de notre époque. De nos jours, les femmes sont plus battues les soirs de match que les autres jours de la semaine (du moins en Angleterre). Un élément me fait tiquer : « la police ne m’a jamais aidé à rechercher mon fils ». Est-ce un comportement de police dans le cadre d’un enfant disparu ? surtout en présence d’une masse de journalistes ? Peut-être atténuer en « j’ai toujours eu le sentiment que retrouver mon fils n’était pas la priorité de la police ». A ce titre-là, il faudrait peut-être accuser la famille et la belle-famille, riches, qui n’ont pas embauchés d’enquêteurs privés ?

Paméla F

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Il y a 2 ans

C'est une bonne réflexion (pour la police qui ne l'a pas aidé) mais peut-être qu'on aura la réponse dans un prochain chapitre ;) C'est vrai que j'aurais pu le faire passer pour un gentil, mais ce sera impossible du point de vue d'une femme.

Dorylamalice

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Il y a 2 ans

Quel clifhanger ! J'adore !

S-FOX0974

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Il y a 2 ans

Quel bestseller, c'est vraiment incroyable 😁

Lolow_Books

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Il y a 2 ans

👀 vite la suite!!!

OréeSilencieuse

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Il y a 2 ans

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