Lys Bruma Aime-moi après minuit Chapitre 20 - 1/3 - Loup

Chapitre 20 - 1/3 - Loup


– Tiens, Loup tu as oublié ton portable dans la salle de réunion, ça va ? Tu as l’air ailleurs.


– Ah, merci Adèle, tout va bien.


Je plisse les yeux pour me concentrer alors que la lumière froide de l’écran de mon ordinateur que je fixe depuis des heures commence à me donner la migraine.

  

Je lève un instant la tête tandis qu’Adèle fait glisser mon portable vers moi puis s’assoit sur le rebord de mon bureau. 


– Alors Loup, tu as prévu quoi ce soir pour le Nouvel an ? me demande-t-elle, une pointe de malice résonnant dans sa voix.


– Rien de festif. J’ai rendez-vous avec des investisseurs américains au Peninsula.


– Ce soir ?


– Il n’ y a pas d’heures pour discuter business avec les américains. 


– Ils ne font pas les choses à moitié, c’est quand même l’un des palaces les plus luxueux de la capitale… dit-elle tout en traçant du bout des doigts des cercles imaginaires sur le bois foncé de mon bureau.


– Je suppose qu’ils profitent de leur passage dans la capitale pour se faire plaisir. Et toi, tu as prévu quelque chose ?


Adèle penche légèrement son buste vers moi tout en éclaircissant sa voix.


– Je dîne avec mes parents et ensuite je n’ai rien de prévu… Je me disais, puisque tu seras là-bas, peut-être qu’on pourrait boire un verre tous les deux ? Le bar du Peninsula doit proposer des cocktails divins…


Je lève de nouveau les yeux de mon écran et croise le regard brillant d’Adèle, sa tête légèrement penchée sur le côté, m’implorant presque d’accepter sa requête. Aujourd’hui, mon cœur me parait lourd, il y a un an, je passais ma soirée dans un écrin de nature enneigé, au coin du feu, tentant de déterrer des fragments d’inspiration des décombres. Et Mira est apparue. Mes pulsations cardiaques s’accélèrent rien qu’à l’idée d’évoquer son prénom.


Je me remémore son visage, son sourire, la douceur de sa peau, son parfum délicat d’orchidée enivrant mes narines, ma main se perdant dans ses boucles, l’autre glissant sur sa taille, ma bouche effleurant son cou, y abandonnant plusieurs baisers… Je me perds à me demander ce qu’elle devient depuis la dernière fois que je l’ai vue cet été. Est-ce qu’elle va bien ? Est-ce qu’elle pense aussi à moi ? Ou certainement m’a-t-elle déjà oubliée… six mois sans nouvelles, je pense qu’il est temps d’accepter la réalité. 


Adèle se racle la gorge et me sort de mes pensées.


– D’accord Adèle, pourquoi pas.


Un large sourire illumine le visage d’Adèle alors qu’elle se redresse. Je fais peut-être une erreur mais paradoxalement, ce soir, j’ai besoin de me changer les idées et pour une fois, je n’ai pas envie de rester seul.


– Parfait ! Je t’écris plus tard, Loup.


Adèle quitte mon bureau presque en sautillant de joie ce qui m’arrache tout de même un léger sourire. J’expire lourdement tout en passant une main dans mes cheveux. Mes yeux me piquent, les chiffres se mélangent dans ma tête mais au final, même si je déteste ce travail, je m’y plonge corps et âme, cela m’évite d’affronter certaines émotions qui sont peut-être un peu trop douloureuses.

 

Je continue de pianoter sur mon clavier d’ordinateur durant de longues minutes lorsque des coups timides frappés à la porte de mon bureau me sortent de ma bulle. La porte s’ouvre et Luca, le comptable de l’entreprise, apparaît, je l’invite à entrer et il dépose un dossier sur mon bureau.


– Tiens, voici le dossier que tu m’as demandé.


Il prend nonchalamment place sur un siège en cuir en face de moi, tout en soupirant.


– Cette journée est interminable ajoute-t-il. Ça fait combien de temps que tu n’as pas pris de pause ? Tes yeux sortent presque de leur orbite.


– Je dois finaliser ma présentation pour les négociations avec les investisseurs. Si tout se passe bien, on aura l’opportunité de s’implanter sur le marché américain avec des projets de construction colossaux. D’ailleurs, merci de m’avoir apporté les chiffres que je t’ai demandé. 


– C’est mon travail dit-il en réajustant le nœud papillon noir qu’il porte autour du cou.


Mes sourcils se froncent et un sourire moqueur se dessine alors sur mon visage.


– Ce nœud papillon, c’est ton nouveau style ou c’est spécialement pour le dernier jour de l’année ? 


Luca éclate de rire.


– C’est pour ce soir. Je l’ai porté parce que je voulais voir la réaction des autres en me voyant. Mais rassure-moi, ça me va bien, non ?


– Oui, ça te va bien si tu vas un bal ou un gala. 


– C’est le cas, je me rends à un évènement ce soir. 


– Un événement ? 


– D’ailleurs, ça pourrait peut-être t’intéresser, tu es toujours féru d’art non ? 


Mes doigts se figent sur mon clavier, je m’arrête un instant et mon dos se presse contre le dossier de mon siège.

 

– Oui, c’est ma passion…


– Tu ne te moques pas de moi, Loup, d’accord ?


Une ride d’incompréhension se dessine au milieu de mon front tandis que je hoche la tête à la négative.


– Ce soir, il y a une exposition, et j’ai servi de modèle vivant pour certains tableaux alors j’ai hâte de voir ce que ça a donné.


Un léger rire s’échappe de mes lèvres.

 

– Attends, tu as servi de modèle vivant pour des œuvres d’art ?


– Oui, je te l’a fait courte, j’ai rencontré une fille en soirée, le courant est bien passé, c’est une artiste, elle peint et… tu connais la suite. Ce soir, elle expose et en plus c’est pour la bonne cause, l’intégralité des ventes sera reversée pour… je ne sais plus quelle cause d’ailleurs mais je peux t’envoyer l’adresse si ça t’intéresse ? 


– Je vais y réfléchir. 


– Si jamais tu changes d’avis, je t’ai envoyé l’adresse de la galerie répond Luca tout en pianotant sur son téléphone. 


Il se lève, m’adresse un clin d’œil tout en réajustant de nouveau son nœud papillon puis quitte mon bureau. Je plaque mes paumes contre mes yeux tout en soupirant, je n’arrive plus à regarder l’écran. Je ne sais pas pourquoi l’idée d’une exposition d’art me pince le cœur, peut-être parce que j’en rêve aussi et que pour le moment, je suis assis à un bureau toute la journée, sans réellement prendre ce projet au sérieux.


Pourtant, je dessine presque tous les soirs, je dessine et j’écris, j’ai plusieurs œuvres de prêtes, il serait peut-être temps que je démarche des galeries avec mon portfolio mais je ne sais pas ce qu’il m’en empêche. J’ai la sensation d’être un imposteur, je n’ai aucune formation en art et je vais me pointer avec mes œuvres, ils vont littéralement me rire au visage.


Mon dos s’avachit sur mon siège alors que ma petite voix critique ne cesse de s’intensifier dans ma tête. Peut-être que mes parents ont raison et que je suis né pour perpétuer l’héritage familial, diriger cette entreprise, aider Constance avec sa maladie et lui offrir un avenir meilleur.





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85 commentaires

CarlaRN

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Il y a 2 mois

Pourquoi n'a-t-il pas reçu son message ? 😭😭😭

Lys Bruma

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Il y a 2 mois

Ah, mystère 😭🤍

Ally P

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Il y a 2 mois

💕

Lys Bruma

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Il y a 2 mois

❤️

Amelie.indecise

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Il y a 2 mois

à jour ✨

Lys Bruma

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Il y a 2 mois

Merci 🤍

Le Mas de Gaïa

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Il y a 2 mois

Ah chouette, l'occasion de se retouver ^^

Lys Bruma

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Il y a 2 mois

Oui, enfin une occasion 🤍 merci pour tes retours ❤️

Marie Andree

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Il y a 2 mois

L'expoooo ! Pardon je m'emballe 😁

Lys Bruma

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Il y a 2 mois

Ah mais tu peux t'emballer 😂🤍
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