Lys Bruma Aime-moi après minuit Chapitre 20 - 2/3 - Loup

Chapitre 20 - 2/3 - Loup

J’adore les américains mais qu’est-ce qu’ils peuvent être bavards. Cette réunion s’éternise et ma tête va exploser, je n’arrive plus à me concentrer sur ce qu’ils racontent et mes pensées vagabondent. Mon regard se perd vers l’extérieur. Je fixe une grande fenêtre givrée par le froid hivernal, quelques flocons tourbillonnent et dansent au milieu de la nuit, les étoiles tentent de percer l’obscurité mais le ciel demeure brumeux et impénétrable.


Les rires tonitruants des investisseurs me sortent rapidement de mes réflexions, le champagne coule à flot autour de cette table et leurs joues rouges témoignent de leur engouement pour la vie parisienne mais aussi pour nos affaires communes. J’ai à peine bu quelques gouttes, je dois garder l’esprit clair mais eux en sont déjà à leur troisième bouteille. Aux frais de l’entreprise bien sûr. Je jette un coup œil à ma montre. Il est déjà vingt-deux heures.


J’ai terminé la présentation du projet depuis un moment déjà et je leur adresse un énième sourire, avant d’insister une fois de plus sur les retours sur investissement colossaux dont ils bénéficieront en investissant dans la construction durable. La réduction de l’empreinte carbone, l’utilisation de matériaux durables, nos certifications environnementales et tout le blabla que je connais à présent par cœur.


Les trois hommes présents m’observent encore longuement avant de sceller notre accord. Je pianote sur mon ordinateur portable pour leur envoyer le contrat via un logiciel sécurisé et ils le signent immédiatement. Je me lève, attrape mes affaires, mon attaché-case, leur serre fermement la main et quitte la salle de réunion. Je desserre légèrement mon nœud de cravate et un râle de satisfaction s’échappe de mes lèvres. Tu l’as fait, Loup.


Je suis soulagé pour l’entreprise car ce contrat nous promet de belles opportunités à l’étranger mais d’un autre côté je ressens un vide. Un vide au creux de ma poitrine dont je n’arrive pas encore à déterminer le sens.


J’arpente les couloirs du palace parisien, le sol en marbre résonne légèrement à chaque pas que j’opère. Je lève les yeux et la douce lumière des lustres en cristal crée une atmosphère très sophistiquée et raffinée.


J’observe plusieurs sculptures et œuvres d’art contemporaines qui décorent avec goût l’espace. Je me dirige vers l’entrée principale où se trouve un exceptionnel lustre soufflé à la main, représentant une cascade de huit cent feuilles de cristal, qui rappelle les platanes boudant l’avenue. Mes yeux demeurent subjugués devant la beauté artistique de l’œuvre.


Mon portable vibre dans la poche de ma veste et me ramène sur terre. Adèle.

 

  • Je t’attends au Bar Kléber.


Je me dirige alors vers le bar plutôt mythique de cet établissement. L’atmosphère évoque les salons parisiens du XIXème siècle. Les murs sont recouverts de boiseries en noyer finement sculptées et restaurées pour conserver leur éclat d’origine, les ornements dorées y ajoutent une touche luxueuse et les grands miroirs incrustés dans les murs décorent élégamment la pièce. Les lustres en cristal diffusent une douce lumière tamisée et créés une ambiance feutrée.

 

Mes yeux balayent la salle et j’aperçois Adèle, agitant sa main dans ma direction, assise sur un fauteuil en cuir marron, devant une petite table basse noire.

 

– Je commençais à croire que tu allais me poser un lapin plaisante Adèle alors que je prends place sur le siège en cuir face à elle.


– Je suis désolé, les investisseurs nous demandent des échéanciers mais ne connaissent apparemment pas la notion de ponctualité. 


– Ce n’est pas grave, tu es là, c’est tout ce qui compte. 


Adèle m’adresse un sourire charmeur. Je la détaille du regard et constate qu’elle a attaché sa chevelure rousse dans un chignon haut, laissant quelques mèches entourer son visage. En croisant ses jambes, sa robe vert émeraude dévoile une fente découvrant sa jambe nue. Adèle est une jolie fille, c’est certain. Mais mon cœur ne s’est jamais emballé en croisant son regard.


Et j’ai toujours eu ce besoin de ressentir intensément, follement, du plus profond de mon être. C’est un peu comme observer une œuvre d’art, elle peut être magnifique, chaque ligne et tracés symétriques, chaque couleur intelligemment choisie pour créer une harmonie parfaite mais elle ne me touche pas.

 

Est-ce que cela pourrait changer ce soir ?

 

Le serveur se rapproche de notre table et nous propose la carte. Il nous conseille l’un de leur cocktail signature, le 1973, un cocktail réalisé en hommage au cinquantième anniversaire des Accords de paix de Paris, signés au sein même du Bar Kléber, le 27 janvier 1973 et marquant officiellement la fin de la guerre du Vietnam. Le mélange de Cognac au jus de yuzu, au gingembre et à l’eau de coco nous a convaincu, nous en commandons alors deux.

 

– Ce lieu regorge vraiment d’histoire dis-je en désignant d’un signe de tête les tapisseries murales en soie brodées suspendues de chaque côté du bar.


– Un lieu regorgeant d’histoire pour débuter une nouvelle histoire…


Adèle me fixe tout en papillonnant des cils, j’éclaircis alors ma voix tout en retroussant les manches de ma chemise.

 

– D’ailleurs, en parlant d’histoires, tes tatouages en racontent certainement une… ajoute-t-elle.


Adèle rapproche sa main de mon avant-bras et frôle délicatement du bout des doigts, les lignes de mes tatouages.

 

– Certainement, j’ai gravé sur mon corps mes pensées les plus profondes et intimes, je réponds en éloignant légèrement mon bras.


– J’espère qu’un jour, tu t’ouvriras assez à moi pour que je puisse toutes les connaître... 


Je n’ai pas le temps de répliquer que le serveur revient avec nos cocktails. Adèle lève alors son verre pour trinquer.

 

– À nous, Loup… que cette nouvelle année nous ouvre de nouveaux horizons.


– Que cette nouvelle année nous apporte ce qui nous est destinés, Adèle.


Nos verres s’entrechoquent, je bois une gorgée et le goût acidulé et amer mélangé au gingembre me pique légèrement le palais. Adèle ne me lâche pas du regard puis pose son verre sur la table basse.


La conversation reprend, Adèle me raconte ses études dans une école de commerce huppée, sa passion pour les voyages et le Pilate, je l’écoute mais j’ai du mal à rester concentré, mes pensées vagabondent toujours vers l’extérieur où quelques flocons tombent doucement. Je ne sais pas pourquoi ce paysage hivernal fait resurgir en moi des sensations que je n’arrive toujours pas à oublier.

 

– Tu sais, Loup, je suis contente qu’on ait ce moment juste toi et moi. Tu es toujours si… inaccessible au bureau. 


Je détourne mes yeux du paysage pour retrouver le visage d’Adèle. Elle penche légèrement son buste vers moi et tortille une mèche de cheveux entre ses doigts. 


– Adèle, je ne mélange jamais le travail et… autre chose. 


– Loup, et si on faisait une folie ce soir ? 


Mes sourcils se froncent tandis que la main d’Adèle remonte sur ma cuisse.

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74

74 commentaires

CarlaRN

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Il y a 2 mois

Non, pas de folie ce soir 😬😬😬😬

Lys Bruma

-

Il y a 2 mois

Et pourquoi pas ?😂😂🤍

CarlaRN

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Il y a 2 mois

Je précise "pas avec Adèle" 🤣

Lys Bruma

-

Il y a 2 mois

Oui c'est mieux 😂🤍

Assmag

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Il y a 2 mois

Adèle a bien les mains baladeuses 😅

Lys Bruma

-

Il y a 2 mois

Effectivement, elle est plutôt tactile 😂 Merci beaucoup pour tes retours 🤍

Ally P

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Il y a 2 mois

🫶

Lys Bruma

-

Il y a 2 mois

🤍

M.B.Auzil

-

Il y a 2 mois

💗

Lys Bruma

-

Il y a 2 mois

❤️
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