Fyctia

Mars 2012…

Mon cœur cogne fortement contre ma poitrine. Mes mains tremblent. Je suis terrifié pourtant je suis prêt. Prêt à m’ouvrir, prêt à affronter le regard des autres. En commençant par celui de Max.

Je prends une grande inspiration avant de me lancer. Je peux sentir son regard sur moi comme si une lame glissait sur mon corps de la tête aux pieds. Je ne sais pas si je prends la bonne décision, mais je suis déterminé à ne pas reculer. Pas cette fois.

-Evan !

La voix de Max me sort de mes réflexions. Son ton est sec et froid. Ça ne lui ressemble pas mais je sais que sa colère parle à sa place. Je suis nerveux. Mon corps n’arrête pas de trembler. Putain ! Je reprends une dernière fois mon souffle avant de me racler la gorge et commencer.

-Ecoute…ça fait quelques années maintenant que je me bats contre quelque chose qui me ronge et…malheureusement je n’arrive pas à contrôler l’emprise que ça a sur moi.

-Qu’est-ce que tu racontes bordel ! Je comprends rien !

J’ai conscience de ne pas être très clair dans mes explications. Je respire difficilement, tellement la boule qui s’est formée dans ma gorge prend de l’ampleur.

-Laisse-moi parler putain… Je t’assure que c’est déjà extrêmement compliqué pour moi donc si tu pouvais me laisser finir…tu pourras me poser toutes les questions que tu veux après…si tu en as.

Il acquiesce en hochant la tête avant de s’adosser dans le fauteuil, les bras croisés sur le torse.

Je baisse la tête en m’accoudant sur mes genoux. Je peine à le regarder en face mais j’ai conscience que c’est trop tôt pour affronter ses pensées. Je préfère attendre d’avoir terminé.

-Je… J’ai… J’ai un problème avec le sexe.

Max se lève d’un bond en pointant un doigt sur moi.

-Attends tu vas pas me parler de ce que tu fais avec ma soeu…

-FERME-LA ET ASSIEDS-TOI BORDEL !

Il se laisse à nouveau tomber dans le fauteuil. Surpris que j’hausse la voix alors que ça ne m’arrive quasiment jamais. Je l’observe frotter ses mains sur son visage en soufflant avant de reprendre là où j’en étais. Tant que j’en ai encore la force.

-Un vrai problème. Je veux dire… Avant qu’Anna rentre dans ma vie j’ai connu une période très sombre dans ma vie, du moins je le croyais. J’ai pensé que c’était mes hormones d’adolescent qui parlaient pour moi, sauf que ça allait bien au-delà de ça. Je me masturbais constamment. C’était même pas par plaisir, il le fallait c’est tout.

-Evan…tous les jeunes de notre âge s’astiquaient, y a rien d’anormal là-dedans !

Je regarde mon ami avec détermination, je veux qu’il sache vraiment de quoi je suis réellement en train de parler. Qu’il sache à quel niveau de folie je suis perché.

-Combien de fois ?

-Quoi ?

-Combien de fois par jour ?

Il m’observe sans comprendre. Il réfléchit.

-J’en sais rien, une ou deux fois par jour !

-Je pouvais me branler jusqu’à quinze fois en une journée…sans parler de la nuit…où même dans mes rêves j’arrivais à jouir en dormant.

Je lis dans ses yeux que j’ai capté son attention. Que maintenant il m’écoute. Qu’il me prend au sérieux et qu’il ne va plus m’interrompre. Et cette fois je le regarde pour continuer, je veux qu’il sache. Je veux qu’il voie.

-J’ai longtemps pensé que j’étais un monstre, un pervers…une erreur de la nature. Et c’est pour ça que je me suis beaucoup mis en retrait par rapport à vous je…je voulais que personne ne sache. Que personne ne me juge… chaque fois que je posais les yeux sur une fille j’avais une érection. Mais pas comme tu peux l’imaginer. Pour moi c’était oppressant, douloureux, ça devenait vital que je me soulage par n’importe quel moyen. Même prendre ma douche au foot devenait embarrassant.

Les sourcils de Max se froncent devant ma déclaration. Ma colère me gagne par le stress alors que je me lève du canapé et commence à faire les cent pas devant son regard interrogateur.

-Tu t’interroges hein ? Tu te demandes si je suis gay ou un truc du genre ? Et ben même pas. Je n’ai aucune attirance pour les hommes. Sauf que mon corps ne faisait plus la différence. Un homme ou une femme il s’en foutait. Du moment qu’il assouvissait ses pulsions… L’endroit, l’heure, la personne…rien ne l’arrêtait. Et moi je…c’est comme si je n’étais pas là. Comme si j’étais spectateur alors que ma queue agissait toute seule. Je me sentais sale et dégueulasse, je me haïssais. Je me suis détesté d’avoir de telles pensées. Mais je n’avais aucun contrôle. Ni sur mon corps et encore moins sur mon esprit. J’étais seul.

Je continue de marcher. Dire tout ça à voix haute devant quelqu’un qui m’est cher me fout la rage, tellement c’est humiliant.

-Ensuite j’ai revu Anna, à la soirée du nouvel an chez tes parents. Et…je sais pas comment l’expliquer mais…mes obsessions prenaient un autre sens avec elle je…je la désirais. Je la voulais mais pour la première fois je ressentais quelque chose au fond de moi. Elle me ramenait à la vie par sa simple présence. Elle provoquait en moi une envie que je ne connaissais pas. Elle…

-Je crois que j’ai compris mec !

Je ne peux m’empêcher de sourire. Max reste un grand frère protecteur malgré mes confessions dérangeantes.

-Au début je n’ai pas voulu céder à la tentation. Pour moi Anna était inaccessible pour quelqu’un comme moi, elle méritait mieux elle valait mieux. Toutes mes obsessions devenaient noires. Je m’efforçais de ne pas penser à elle, mais je revoyais sans cesse ses yeux verts qui me narguaient. Comme s’ils me montraient le chemin à prendre. Sauf que j’étais trop faible pour penser que ça pourrait marcher. Donc pour essayer de l’oublier j’ai dû trouver d’autres moyens de me soulager.

Je le regarde avant de baisser les yeux. Je sais que je m’apprête à dévoiler quelque chose qui risque de le blesser mais, si je veux aller au bout je dois tout lui dire. Même le pire.

-C’est comme ça que j’en suis arrivé à m’inscrire sur un chat en ligne. Pour…pour pratiquer du sexe via webcam avec des femmes.

Je remarque les traits de son visage se tendre avant de le voir déglutir.

-Avec Paola ?

Quoi ?!? Mais comment…

Merde !