Fyctia

Janvier 2012…

Ça va faire dix jours que mon esprit noir ne me lâche pas. Je suis fatigué, perdu. Je recommence à avoir des pulsions malsaines. Mais plus violentes et plus douloureuses que dans mes souvenirs. J’arrive à me contenir la plupart du temps mais ça devient de plus en plus difficile.

Cette crise d’angoisse m’a assommé depuis noël. Je ne dors presque plus, je ne mange rien. Et ma navigation sur internet a considérablement augmenté. J’avais réussi à diminuer mais j’ai l’impression que tous mes efforts de ces derniers mois ont été réduits à néant.

Je suis épuisé moralement. Je n’ai plus les idées claires. Pourtant Anna est toujours présente. Me rappelant chaque jour pourquoi je continue à me battre. Pourquoi je veux y arriver. Même si je vois son visage s’éteindre lentement au fil des jours. Je comprends que tout ça soit dur à encaisser, j’aimerais pouvoir me confier mais…je suis terrifié.

Je ne supporte pas rester spectateur des effets que tout ça a sur elle. Mais malheureusement je ne peux que regarder. Je sais qu’elle pleure quand elle pense que je dors. Je sais que les sourires qu’elle m’offre sont en réalité tous teintés de tristesse. Et je sais que le poids qu’elle perd n’a rien à voir avec un putain de régime. J’ai conscience de tout ça. Je le vois.

Je le vois mais je ne bouge pas. Persuadé que si elle connaissait la vérité ce serait bien pire.

*****

Des vacances s’imposent. Pour tous les deux. Moi pour reprendre en main mon esprit tordu et dépravé, et Elle pour retrouver l’éclat qui brillaient dans ses yeux il y a encore deux semaines.

Nous sommes prêts à partir. Les valises sont bouclées, les billets d’avion et l’hôtel sont réservés. Je n’attends plus qu’Anna, qui réfléchit pour la dixième fois à ce qu’elle aurait pu oublier.

Je patiente dans l’entrée jusqu’à ce qu’elle finisse enfin par faire son apparition. Et malgré tout l’amour que je lui porte je ne peux m’empêcher de remarquer son visage triste et fermé. Sa silhouette plus mince. Son corps fatigué. Me ramenant en un clin d’œil à ma culpabilité.

Un déclic se fait aussitôt en moi. Comme si je comprenais enfin.

Je dois lui parler. Lui dire. Ne serait-ce que pour Elle. Je dois arrêter d’être égoïste et m’expliquer, en prenant le risque de la perdre une fois qu’elle connaîtra la vérité. Je prends conscience que je ne peux pas la faire souffrir davantage, elle ne le mérite pas. Anna mérite un homme qui soit là pour elle, qui la protège. Qui l’aime à sa juste valeur. Qui chérit son corps. Et je me rends compte que ça aurait pu être moi. Ça aurait pu mais ce n’est pas moi.

Et ça m’arrache le cœur une fois de plus.

-A quelle heure on décolle ?

Sa voix m’éveille du cauchemar dans lequel je commence à m’enfermer. Je sais qu’après Anna rien ne sera pareil. Je sombrerais à nouveau dans le noir mais je n’ai plus le choix. Pour la sauver Elle.

-Dans deux heures ma belle, il faut qu’on s’active.

-Ok je suis prête, on peut y aller !

J’attrape nos valises et ouvre la porte. Le voyage jusqu’en Irlande dure cinq heures. J’ai réservé une chambre au Killarney Court Hotel, à Cork, pour une semaine. Je veux qu’Anna en profite, qu’elle se détende. Et après je lui parlerais.

Je lui expliquerais qui je suis. Quel homme je suis en réalité. Je lui dirai que je suis un monstre enfermé dans un corps de mec. Que mon esprit est noir et pervers. Que je ne reste en vie que grâce au sexe. Aux relations physiques en tous genres. Aux fantasmes les plus dégueulasses auxquels elle pourrait penser.

Je lui avouerais que ça fait longtemps que je ne suis plus un homme.

Ne reste de moi qu’une bête sauvage sans âme et sur le point de perdre définitivement son cœur.

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je sais ce chapitre est trèèèèès cours!!! mais je ne pouvait pas couper la suite...