Fyctia
Torturé IV
Décembre 2011…
Je ne respire plus. J’étouffe. La panique me gagne alors que je sombre lentement dans le néant. Je ne vois plus rien. Ma vue se brouille. Laissant le visage comblé de Paola s’imprégner dans mes rétines.
Je peux sentir les sueurs d’angoisse dévaler mon dos. J’ai froid. Mon corps tremble de partout. Je ressens l’horreur de la trahison traverser mon être. Écartant ma poitrine en deux. Arrachant mon cœur en miettes. Putain je me hais ! Je me déteste !
J’ai la gerbe mais rien ne sort. Je suis comme paralysé sur place. Mes pieds refusant de bouger pour m’enfuir. Comme si ma conscience me retenait pour que je ne puisse pas partir. Pour que je regarde la vérité en face. Cette vérité dégueulasse qui fait de moi un porc. Un pervers sans âme et sans cœur. Assoiffé de sexe et de luxure et incapable d’avoir le moindre contrôle sur sa queue.
Je me rends compte que mes jambes me lâchent quand mes genoux heurtent le sol. Le poids de la culpabilité s’abattant sur moi. Anéantissant mes espoirs d’une vie normale. Foudroyant toute trace d’amour et de quelconques émotions qui m’habitaient encore il y a deux minutes. Je me répugne. Je voudrais ne jamais avoir existé.
Je sens qu’on me secoue et qu’on m’appelle. Mais je n’entends rien. L’angoisse s’infiltrant dans chacun de mes pores. Dévorant ce qu’il me reste d’humain. Pour faire place au monstre ignoble que je suis en réalité. Déchirant mes entrailles et consumant ma cage thoracique. Je brûle. Tout mon corps s’embrase alors que la honte me glace.
J’ai des sueurs froides. Je me dégoûte. Je n’arrive même pas à bouger pour me relever. Je n’ai plus conscience de rien. Tout ce que je sais c’est que quelqu’un continue de me bousculer. Je prends une gifle. Du moins je le devine à la brûlure qui parcourt ma joue. Mais mes yeux ne veulent toujours pas affronter la réalité. Je reste prostré dans ma noirceur. Perdu et dépourvu de ce qu’il me restait d’humanité.
Mes oreilles bourdonnent. Pourtant une deuxième gifle me force cette fois à ouvrir les yeux. M’obligeant à regarder. A voir et à assumer ce que je viens de faire. Je fais face à un corps de femme, le même que celui dans lequel je viens de me perdre. Le même que celui que j’ai aimé croyant que c’était le sien.
Il me semble voir sa main approcher de mon visage. Le réchauffant d’une caresse alors que l’amertume me transperce. J’essaie de me dégager mais mon corps ne réagit pas. Je ne veux pas qu’elle me touche. Je voudrais hurler mais je n’y arrive pas.
J’entends qu’elle me parle mais je ne l’écoute pas. Pourtant sa voix n’est pas la même. Son ton est calme et rassurant. Sauf que j’en ai plus rien à foutre. Je veux qu’elle dégage. Qu’elle me foute la paix. Je veux être seul pour finir de sombrer. Je veux pouvoir toucher le fond sans être regardé.
Sauf qu’elle ne part pas. Elle reste là. Agenouillée face à moi. Se délectant certainement du spectacle que je lui offre. Elle saisit mon visage à deux mains et le remonte doucement vers le sien, sans me brusquer. Comme si j’étais une putain de chose fragile. Sauf que je n’ai plus rien de fragile. Je suis même mort depuis longtemps en fait, mais je n’en avais pas encore conscience.
Je finis enfin par poser mes yeux sur sa bouche. Remontant lentement le long de son nez et de ses joues rouges, jusqu’à atteindre ses yeux.
Bordel mais c’est quoi ces conneries ?
Anna me regarde, inquiète et en proie à la panique. Je remarque en un instant que son visage est baigné de larmes. Putain je suis tellement désolé… Sauf qu’il n’y a aucune animosité en elle. Rien. Juste de la tendresse pure et de l’amour. De l’amour ? Merde je ne capte plus rien. J’essaie de remettre de l’ordre dans ma tête, me rappelant chaque minute, chaque seconde. Essayant de faire le vide pour comprendre ce qu'il se passe.
Elle me parle et cette fois je l’entends. J’entends sans comprendre mais j’écoute.
-Evan…Mon Dieu chéri regarde-moi ! Regarde-moi…oui voilà…c’est bien…regarde-moi bébé…c’est moi mon cœur…Anna…est-ce que tu m’entends ?
J’acquiesce en douceur même si mon crâne me fait un mal de chien. Je ne comprends toujours pas je suis perdu.
-Tu as fait une crise chéri…regarde-moi…une crise de panique je pense mais…tout va bien maintenant…je suis là d’accord…je ne te lâche pas tu comprends ?...mon Dieu…
Elle baisse la tête avant d’éclater en sanglots. Ses pleurs faisant tressauter son corps tendu par la peur. Et d’un coup tout devient clair pour moi. Je l’attrape avec force pour la serrer dans mes bras, je lui donne tout ce qu’il me reste, tout ce que je peux du moment qu’elle le prenne.
-J’ai eu tellement peur…t’étais là…et l’instant d’après tu ne l’étais plus…tu ne me voyais plus…tu ne m’entendais plus…et…
Sa voix entrecoupée m’atteint en plein cœur. Me ramenant progressivement à la vie alors que je me croyais mort.
-…mon Dieu j’ai vu…j’ai vu tellement d’horreur traverser ton visage…t’étais tellement…tellement triste et perdu je…je ne savais pas comment te ramener…
Anna pleure de plus belle alors que mon corps semble enfin se réchauffer. Accroché au sien comme à une bouée de sauvetage. Complètement assommé par la situation.
Tout ça n’était qu’une hallucination. Une putain d’hallucination ! Sonnant pour moi comme un avertissement. Me rappelant encore une fois que ce n’est pas moi qui ai le contrôle. Que je ne décide de rien. Et qu’à tout moment mon corps fait ce qu’il veut. Même si ça doit m’anéantir.
Moi et les autres.
Je resserre mon étreinte jusqu’à fusionner nos corps. Je ne veux plus la lâcher. On m’offre malgré moi une seconde chance. Putain ! J’ai vraiment cru l’avoir perdue. Mes tremblements me reprennent alors que je recommence tout juste à respirer. Mon cœur se remet à battre doucement.
Je laisse mes sanglots se mêler aux siens. Évacuant ma peur. Anna serrée contre moi. Priant pour que mon retour à la vie ne laisse pas trop de séquelles.
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Jee-G
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daguette
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KatyBooks
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ktyknk
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