Fyctia

Avril 2011…

Putain c’est quoi ça ?

Mes yeux ne quittent pas l’écran. Je reste comme un con devant ces lignes. Mettant enfin des mots sur ma débauche.

« L'addiction, ou dépendance, est, au sens phénoménologique, une conduite qui repose sur une envie répétée et irrépressible, en dépit de la motivation et des efforts du sujet pour s'y soustraire. Le sujet se livre à son addiction malgré la conscience aiguë qu'il a d'abus et de perte de sa liberté d'action, ou de leur éventualité.

Les problèmes engendrés par une addiction peuvent être d'ordre physique, psychologique, relationnel, familial et social. La dégradation progressive et continue à tous ces niveaux rend souvent le retour à une vie libre de plus en plus problématique.»

Je relis la dernière phrase plusieurs fois. Percuté par la puissance des mots que j’ai sous les yeux. Leur impact. Leur signification. Leur rôle dans ma vie… Tout se met en place dans ma tête.

Je décide d’aller plus loin en tapant « addiction sexuelle ». Curieux de connaître enfin la vérité malgré le frisson de dégoût qui roule le long de mon échine.

« L'addiction sexuelle correspond à la définition d'un trouble mental: souffrance, perte de liberté, handicap social, risque de maladies et de mort prématurée...

C'est une fréquence excessive et croissante, non contrôlée, d'un comportement sexuel, non conventionnel, qui persiste en dépit des conséquences négatives possibles et de la souffrance personnelle du sujet.

Le sexe devient une priorité absolue dans la vie de la personne. Elle est prête à tout sacrifier, vie affective, travail...

La dépendance sexuelle ou addiction sexuelle doit être différenciée des troubles des fonctions sexuelles, des perversions sexuelles ou paraphilies.

Ce concept peut être associé à : la masturbation compulsive, la dépendance à la pornographie, au sexe payant, la sexualité par téléphone, le cybersexe... »

Bordel de merde ! Je me rends compte que mes mains se sont mises à trembler au fur et à mesure de ma lecture. Que ma bouche s’est asséchée. La peur au ventre de pouvoir enfin donner un nom à toute cette merde.

Mes larmes coulent sans que je puisse les retenir. J’ai l’impression d’être libre alors que je suis visiblement enchaîné à mon esprit trouble. Analysant toutes ces années de torture mentale que je me suis infligées. Le dégoût de moi-même. La honte. La souffrance physique et cérébrale.

Pourtant ma tête n’arrête pas de tourner. Éliminant les questions qui m’oppressent les unes après les autres…Alors tout ça n’était rien d’autre qu’une maladie ? Une maladie sombre et inavouable qui me qualifie presque de pervers ? Un pervers compulsif qui n’a aucun contrôle sur sa sexualité ?

Merde ! Tout ça c’est des conneries !

Je referme mon PC en claquant l’écran avant de le jeter à côté de moi sur le canapé. J’essuie rageusement mes joues. Ne comprenant même pas pourquoi je pleure. Ça ne peut pas être ça. Je ne me suis pas battu tout ce temps pour conclure à une maladie simple. Décrite par des mots simples. Comme si tout était normal !

Enfin qui peut être normal après avoir vécu ça ? Qui peut réellement espérer redevenir libre ?

Personne ne peut en sortir indemne… Faire comme si rien n’avait existé. Oubliant l’impact que cette foutue tare a eu sur nos vies. Tirant un trait sur toutes ces obsessions qui nous submergent sans cesse. Résistant à ce besoin incontrôlable qui ne fait plus de nous des hommes. Non ! Personne ne peut.

Je me lève d’un bond en réalisant qu’Anna ne devrait plus tarder à rentrer. Je dois prendre une douche. Elle ne doit pas me trouver dans cet état. J’ai promis de faire de mon mieux pour qu’elle reprenne confiance en moi, et je vais le faire.

Et je vais surtout oublier tout ça.

Même si dans un coin de ma tête, « maladie » s’accorde souvent avec guérison, traitement, etc… Pourtant je n’y crois pas.

Je n’y crois pas mais ma raison me conseille de poursuivre mes recherches. Persuadée que ça pourrait me convaincre. Mais me convaincre de quoi ? D’envisager une rémission ? D’espérer une quelconque réparation ?

J’aimerais mais il est trop tard. Toute cette putain de maladie a causé bien trop de dégâts sur moi. Emportant mon âme avec elle.

Au moins elle m’a laissé mon cœur.

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trop court! oui je sais :-(

mais c'est pour mieux vous livrer la suite ;-)