Fyctia

Janvier 2011…

Je regarde son corps à demi nu en partie recouvert par un drap. Dévoilant la courbe de son dos parfait jusqu’à la naissance de ses fesses. Cette ligne que j’ai envie de suivre avec ma langue. Ses cheveux sont étalés sur l’oreiller. Dégageant sa nuque veloutée. Sa peau fine et douce qui ne demande que mes lèvres. Son parfum emplissant la chambre. Bordel ! Elle est vraiment parfaite.

Je me déshabille silencieusement avant de me glisser derrière elle. Collant mon corps au sien. M’imprégnant de sa chaleur et de son odeur qui attisent mes sens. Je l’entoure de mes bras. Nichant ma tête dans son cou. Respirant sa peau pour m’enivrer.

Je sens son corps endormi se réveiller doucement contre moi. Ses mains glissant sur mes bras dans une chaude caresse. Électrisant ma peau et foudroyant mon cœur. Me rappelant la honte qui m’a submergé depuis que j’ai passé la porte. Je me sens sale. J’ai la gerbe. Je n’arrive pas à comprendre comment j’ai pu faire ça. Comment j’ai failli tout gâcher.

-Mmm

Un gémissement lui échappe alors qu’elle se retourne dans mes bras. Passant ses mains autour de ma taille. Elle pose sa tête contre mon torse. Je respire mal. Je la serre dans mes bras. Je la serre de toutes mes forces. Je suis même sur le point de chialer alors qu’elle redresse son visage vers moi.

-Ça va mon cœur ? Tu vas mieux ?

Si je vais mieux ? Non ! Incontestablement non ! Je crois même que c’est pire. Je me sens minable. Indigne de cette femme que je ne veux plus lâcher. Je veux la tenir contre moi comme ça pour toujours. Ne plus me décoller d’elle. Je me sens faible putain ! J’ai failli faire une connerie que j’aurai regrettée toute ma vie. Je lui aurai fait du mal et je ne le supporte pas. Je me déteste d’y avoir ne serait-ce que pensé. Je suis un connard. Un putain de connard amoureux.

-Non…

Ma réponse la surprend. En général je réponds toujours oui même si c’est faux. Quitte à lui mentir pour éviter toute discussion où je serai obligé de parler. Où je serai obligé de m’ouvrir. Sauf qu’aujourd’hui je lui dois. Comme si je m’infligeais une punition pour avoir osé douter. Pour avoir pensé le faire.

Je ferme les yeux quand je sens passer sa main sur ma joue. Son contact m’apaise. Me rassure. Pourtant je suis terrifié.

-Est-ce que tu veux m’en parler ?

Putain oui j’adorerais ! Je voudrais pouvoir le faire. Réussir à mettre des mots sur toute cette merde. Lui faire comprendre que je suis esclave de mon corps et de mes envies. Lui avouer que je ne sais pas ce qu’est le plaisir sauf avec elle. Que j’ai mal. Physiquement et moralement. Que je suis fatigué de me battre.

Mais aucun mot ne veut dépasser mes lèvres.

Au lieu de ça une larme solitaire roule sur ma joue. Aussitôt essuyée par Anna. Révélant ma faiblesse et ma lâcheté.

J’ouvre les yeux pour la regarder enfin. Si je n’arrive pas à parler il faudrait au moins que je puisse affronter son regard. Quitte à y découvrir sa déception. Sauf que ce n’est pas ce que je vois. Ce que je vois c’est qu’elle pleure. Elle pleure silencieusement. Sans pour autant détacher ses yeux de mon visage. Elle reste simplement à m’observer. Attendant que je décide enfin à parler.

-Anna…

Je chuchote pourtant j’entends moi-même l’inquiétude dans ma voix. Putain je me déteste ! C’est à cause de moi si elle pleure. Je ne la rends pas heureuse. Je la fais souffrir malgré moi.

-Ce n’est rien mon cœur…tout va bien…

Non ! Tout ne va pas bien ! Rien ne va même. Je suis en train de tout faire foirer. Je ne supporte pas de voir ces larmes dévaler ses joues. Je ne supporte pas en être la cause. Pourtant je savais que ça arriverait. Je savais que je lui ferais du mal sans le vouloir.

Il suffirait que j’ouvre la bouche pourtant. Que je parle.

-Chérie je…

Merde ! Pourquoi c’est si difficile ?

Je resserre mon étreinte. Sa joue revient se blottir contre mon torse. J’ai mal au cœur. Le souffle me manque. J’ai l’impression de paniquer mais la chaleur de son corps me sécurise.

-…je ne veux pas te perdre je…

Je déglutis en essayant de ravaler la boule qui s’est formée dans ma gorge.

-…j’ai peur Anna

Même dans l’obscurité de la chambre je peux voir la lueur de ses iris verts braqués sur moi. Cette fois remplis d’inquiétude.

-De quoi ? De quoi as-tu peur Evan ? Je t’en prie parle-moi…

-De tout gâcher…

Ma voix finit dans un souffle plaintif alors qu’Anna se redresse. Echangeant nos rôles. Cette fois c’est ma tête qui repose sur sa poitrine alors qu’elle m’encercle les épaules de ses bras. Caressant doucement mes cheveux.

-Tu ne gâches rien mon cœur je t’assure…j’aimerais simplement pouvoir t’aider…

Je sers tellement son corps contre moi que j’ai la sensation que nous ne sommes plus qu’un. L’un perdu dans l’autre. L’un n’existant pas sans l’autre. Tout en sachant que c’est moi qui suis perdu. Moi qui n’existe plus.

-…je vois bien que tu souffres…et…ça me pèse de ne pas réussir à te rendre heureux.

Quoi ? Je me décolle de son corps et me redresse à mon tour. De sorte à ce que nos yeux soient bien en face. Je prends son visage entre mes mains avant d’ancrer mon regard au sien. Je veux qu’elle sache que ce que je m’apprête à dire ne laisse aucune place au doute.

-Anna…ne dis jamais ça ! Et ne le pense jamais plus non plus ! Tu m’as rendu plus heureux en deux mois que n’importe qui. T’es la meilleure chose qui me soit arrivée. Et la seule raison pour laquelle je suis celui que je suis aujourd’hui. Si tu n’étais pas entrée dans ma vie je serais perdu depuis longtemps. Je t’assure que le seul problème qui se dresse entre nous ne concerne que moi. Et un jour je serais prêt à te le dire. Je te le jure. Un jour j’y arriverais.

J’essuie ses larmes brûlantes avant de poser mes lèvres sur les siennes. Je m’en veux. Je m’en veux putain ! Je ne supporte pas qu’elle pleure et encore moins si j’en suis la cause. J’étais tellement perdu dans mes angoisses que je n’ai même pas remarqué que sa confiance s’effritait. Qu’elle doutait.

-Je t’aime Anna…je t’en supplie n’en doute plus jamais d’accord ?

Elle acquiesce en hochant la tête avant de revenir m’embrasser. Plus passionnément. Plus ardemment. Nos corps se réchauffant l’un contre l’autre. Se prouvant leur amour sans besoin de parler. Même si mon cœur et ma tête me font toujours souffrir. Mais je promets d’essayer de tout faire pour qu’elle soit heureuse.

En évitant si possible de me perdre en chemin.