Fyctia

Janvier 2011…

-Il a posé la main sur ton cul !

Ça va faire une semaine pourtant je ne m’en remets toujours pas. J’ai toujours en tête la main grasse de ce connard agrippée à la robe verte d’Anna. Confirmant mon pressentiment. J’ai su que ce serait une soirée de merde dès que j’ai vu Paola avec Max. Et malgré le fait qu’on se soit avoué qu’on s’aimait après une baise torride dans les chiottes, le reste de la nuit a vraiment été ignoble.

-Evan…

Anna soupire. Je la soule avec ça depuis huit jours. Mais je ne peux pas m’en empêcher. Même si il a pris une gifle que je n’aurais pas aimé prendre je n’ai pas réussi à me retenir de lui en coller une. Suivi de près par Max, Noah et les autres.

-Il faut que tu arrêtes avec ça ! Je me suis défendue non ? Et je pense qu’avec la raclée que vous leur avez mis après ils ne vont sûrement pas recommencer de sitôt.

Anna me rejoint sur le canapé pour s’asseoir sur mes genoux. Mes bras trouvant aussitôt leur place autour d’elle. On passe quasiment toutes nos soirées chez moi depuis quelques temps et je dois avouer que j’aime ça. J’aime qu’elle emplisse mon espace. J’aime qu’elle laisse traîner ses fringues sur la baignoire. J’aime qu’elle range la cuisine à sa façon. J’aime tout ça. Tous ces détails qui font d’elle la femme parfaite. Parfaite pour moi.

-Qu’est-ce que je peux faire pour t’enlever ça de la tête ?

Un sourire s’étire sur ses lèvres alors que ses doigts passent doucement sous mon t-shirt.

-J’ai bien une idée…

Ses lèvres se posent dans mon cou avant que sa langue y trace de petits cercles. Mon membre réagissant instantanément. Cette femme connaît mes points faibles. Avouables bien sûr. Et elle sait en jouer quand elle veut obtenir ce qu’elle veut.

-Anna !

Je repousse ses mains de mon torse. Je suis encore en colère et je ne sais pas gérer ce sentiment qui s’empare de moi depuis une semaine. J’ai le cœur comprimé. Les nerfs à vif. Je m’emporte pour un rien et je ne veux pas me perdre en elle si ce n’est que pour me défouler.

Elle souffle avant de se relever pour se planter face à moi.

-Qu’est-ce qui t’arrive à la fin ? On dirait que tu me fais une grosse crise de jalousie alors que je n’ai rien f… !

Ses yeux s’écarquillent alors que sa bouche s’ouvre en grand.

-Mais oui c’est ça ! Tu es jaloux !

Je me lève d’un bond pour rétorquer qu’elle a tort. Sauf que le visage de l’autre abruti me revient en tête. Et je ne peux pas nier que je rêverais de lui casser la gueule encore une fois. Lui faire comprendre qu’il ne fallait pas la toucher. Ne pas poser les mains sur elle.

Et s’il lui avait plu. Si elle avait aimé ça. Putain je ne supporterais pas de la perdre. Pas maintenant qu’elle est enfin à moi. Merde ! Elle a raison…Je suis jaloux. Fais chier !

Je la contourne sans répondre. Il faut que je prenne l’air. Je sais que je me comporte comme un con mais j’étouffe. Anna compte beaucoup trop pour moi pour que je devienne un connard possessif en manque de confiance.

-Evan !

Je la regarde avant d’ouvrir la porte. Sa beauté piquant mon cœur à vif.

-Excuse-moi je…j’ai besoin de faire un tour

Un mince sourire se dessine sur son visage. Elle comprend je le sais. Même si je vais devoir faire mieux que ça pour justifier mon comportement en rentrant.

Je ferme la porte avant de m’y adosser. Les yeux clos et le moral en berne. Je me sens coupable. Anna ne mérite pas de supporter ça. Pourtant je n’arrive pas à passer au-dessus. Je suis terrifié à l’idée qu’elle m’échappe. Voilà j’ai peur. Peur de me retrouver seul face à mes démons. Peur de perdre à nouveau le contrôle. Même si je suis certain de ne jamais l’avoir repris.

C’est juste une trêve. Un délai illusoire que mon corps me laisse pour pouvoir mieux m’entraîner ensuite. Pour me laisser sombrer seul.

Je sors dans le froid et je marche. Je ne prête pas attention aux alentours. Ni au chemin que j’empreinte. Je marche c’est tout. J’essaie de réfléchir. De trouver le positif dans tout ça. Sauf que rien ne me vient.

Pourtant il va falloir. Je ne peux pas continuer de me bouffer la vie pour ça. Je ne peux pas infliger ça à la femme qui compte le plus pour moi.

Je suis perdu dans mes réflexions quand une lumière rouge m’éclaire. Excitant aussitôt mes sens alors que je ne sais même pas où je suis. Laissant encore une fois mon corps décider pour moi. Sans même comprendre pourquoi. Ni comment.

Je lève la tête. Des néons rouges dessinent des lettres familières au-dessus de ma tête. Une porte noire que je ne connais que trop bien. Merde !

Le Club.

Qu’est-ce que je fous là ?

Je regarde autour de moi. Je suis seul. Seul face à moi-même. Luttant intérieurement contre mes deux personnalités. Celle que je voudrais être. Et celle que je suis. Conscient que peu importe le choix que je vais faire les regrets suivront. Mais pas au même degré. Ça n’aura pas le même impact. Pas les mêmes conséquences…

Mon cœur cogne contre ma poitrine. Je respire mal. J’ai l’impression qu’on tire sur chacun de mes bras pour m’emmener dans des directions différentes.

Ce serait tellement simple de choisir. Sauf que la merde qui me prend la tête depuis une semaine réclame un défouloir. Il faut que j’extériorise. Que je me libère de cette tension dévastatrice qui s’amplifie de jour en jour. Même Anna ne peut rien pour moi. Je me refuse de l’utiliser pour assouvir mon besoin de me soulager. Il ne faut pas. Elle et moi c’est beaucoup plus que ça.

Putain !

Je reste devant la porte quelques minutes avant de me décider. Mon choix me serre le cœur mais je l’assume. Le regret déjà présent dans ma tête alors que mes pieds bougent d'eux-mêmes.

Reste à savoir combien de temps je vais l’assumer.