Fyctia

Janvier 2011…

Le samedi soir arrive vite. Revoir Max et les autres me donnent un sentiment bizarre. J’appréhende. Je les ai longtemps écartés de ma vie sous de faux prétextes. Pour ne pas risquer de perdre le contrôle.

Je m’en veux. J’ai la sensation de ne pas être à ma place. Comme si je ne méritais pas leur confiance et leur estime. Je suis un ami pitoyable. Mais je compte bien en profiter ce soir. J’aimerais retrouver notre complicité. Même si je redoute les questions gênantes.

Je m’assois sur mon canapé pour enfiler mes chaussures après m’être préparé. Anna m’a rejoint chez moi pour pouvoir passer un peu de temps ensemble avant que je m’en aille.

Max a suggéré qu’on se rejoigne chez lui pour prendre un verre. Nous rejoindrons les autres pour manger ensuite.

-Tu es sûr de vouloir que je t’attende ici ?

Sa voix me sort de mes pensées. Je lui ai demandé de rester à l’appartement au cas où la pression serait trop forte. Que je puisse l’avoir rapidement à mes côtés. Bien évidemment je ne lui ai pas dit. J’ai prétexté que je ne pouvais plus me passer d’elle, même pour une nuit. Et même si c’est l’entière vérité, j’ai volontairement omis de lui énumérer toutes les autres raisons qui font que je ne veux pas qu’elle parte d’ici. Elle me prendrait sûrement pour un fou.

-Oui…Je veux te retrouver au chaud dans mon lit quand je rentrerais.

Un sourire parfait s’étire sur ses lèvres. Anna me rejoint dans le salon alors qu’elle vient tout juste de se rhabiller. J’ai eu besoin de prendre ma dose avant de partir. Comme pour me donner du courage pour affronter cette soirée. Mais aussi parce que je n’arrive pas à me rassasier de son corps. J’ai constamment envie d’elle.

Depuis la nuit où elle m’a surpris elle est encore plus attentionnée qu’avant. Ne refusant jamais mes demandes. Acceptant mes envies et mon désir pour elle. Même si elle ne voit que la partie émergée de ma personnalité.

Nous n’en avons pas rediscuté. Je suis conscient qu’il va falloir que je lui dise.

Mais pas maintenant.

Elle s’assoit à mes côtés pendant que je finis de lacer mes chaussures. Son doux parfum volant jusqu’à moi. Je me redresse pour l’embrasser sur le front. Conscient que si je prenais possession de ses lèvres maintenant, je ne pourrais plus m’arrêter.

Ses bras s’enroulent autour de ma taille alors qu’elle pose sa tête contre mon torse. J’aime son besoin constant de tendresse. Me rappelant ma chance en permanence. Je caresse son dos avant de l’enlacer à mon tour. Pressant ma bouche contre ses cheveux.

Notre étreinte dure quelques minutes jusqu’à ce que je me décide à bouger. Si je reste là je ne pourrais pas m’empêcher de réclamer son corps.

-Allez j’y vais…

-Mmm…

Je me détache doucement de ses bras. Je récupère ma veste que j’ai laissée sur une des chaises de la salle et m’avance vers la porte. Je me retourne pour accrocher ses yeux une dernière fois avant de m’apercevoir qu’elle m’a suivi.

-Amuse-toi bien ! Je t’attendrais…

-Merci

Je donnerais tout pour pouvoir rester avec elle et profiter de son corps toute la nuit. Sauf qu’il ne faut pas. Max ne me pardonnerais pas si je devais me défiler encore une fois.

Je l’embrasse doucement pour éviter de réveiller mon membre avant de partir. Ses lèvres sont douces, sensuelles. Un vrai coup au cœur alors que je m’apprête à passer la porte.

Je sors en prenant soin de refermer derrière moi. Priant pour que la soirée se passe bien et pour que mon esprit ne fasse pas des siennes. Je ne supporterais pas de devoir faire face à mes démons ce soir. Entre hommes il y a déjà moins de risque de céder à la tentation.

Quoique…

*****

J’arrive chez Max vers vingt heures. Les rues sont calmes et presque désertes. Le froid hivernal dissuadant les gens de sortir. Mon pote s’est trouvé un appartement à une dizaine de kilomètres du mien. Me rappelant ma faute pour m’être volontairement écarté de sa vie. En réalité je n’ai jamais eu de bonne excuse.

Je cherche son nom sur l’interphone avant de sonner. Redoutant sa réaction. Depuis que nous nous connaissons nous avons toujours fait les choses ensemble. Les meilleures comme les pires. Max est un ami comme peu de personnes en trouvent. Toujours présent. Et je m’en rends compte aujourd’hui.

-Ouais !

Sa voix grave résonne dans le hall. L’entendre me donne tout de suite l’énergie qu’il m’a manqué depuis tant de temps.

-C’est moi !

-Moi qui ?

Je souris comme un con. Repensant à cette blague qu’on faisait souvent étant plus jeunes. Juste pour énerver nos potes.

-Evan

-Evan qui ?

Bon ok je dois avouer qu’en fait cette plaisanterie est naze et que ça ne fonctionne plus quand tu deviens adulte.

-Allez c’est bon entre ! Premier étage, deuxième porte à gauche.

La porte est entrouverte quand j’arrive devant. Je frappe quand même pour m’annoncer même si je comprends qu’il veut que j’entre.

L’appartement est plutôt spacieux. La décoration est simple mais travaillée. Ce qui m’étonne de Max. Lui qui ne s’intéresse pas du tout à ce genre de choses. Sa chambre chez ses parents était un vrai bordel. Rien n’était accordé et je pense que c’était voulu. Mais c’était son style.

Ça ressemble plus au travail d’une femme. Chaque chose a son importance. Coordonné avec l’ensemble des meubles. Je suis pratiquement sûr de ne pas me tromper. Mais en même temps je ne peux pas lui en vouloir de ne m’avoir rien dit. Je suis même déçu qu’à cause de moi il n’ait pas trouvé l’envie de m’en parler.

Deux voix me parviennent par-dessus la musique qui emplit la pièce. Je n’entends pas ce qu’elles se disent mais il me semble avec reconnu celle de Max et celle d’une femme. J’ai l’impression de l’avoir déjà entendue mais impossible de me rappeler.

-Ah tu es là !

Max m’étreint amicalement. Comme si on s’était quittés hier et que tout ce qui s’était passé entre temps n’avait pas d’importance.

-Tu m’as manqué mon ami ?

-Toi aussi ! Je suis dés…

-On parlera de tout ça une autre fois ! J’ai quelqu’un à te présenter d’abord !

Son enthousiasme et son sourire parlent pour lui. Mon pote est accro. Il repart en direction de ce que je suppose être la cuisine avant de revenir avec une magnifique femme à son bras.

-Chérie voilà mon pote Evan… Evan je te présente ma future femme… Paola !

Bordel de merde !!!