Fyctia

Décembre 2010…

Tous mes sens sont en alerte. Ses lèvres se décollent de ma gorge et viennent se poser doucement sur les miennes. J'effleure son corps. Je veux la toucher. Je veux la sentir, la caresser. Je fais abstraction de mon angoisse.

Je plante mes dents dans sa lèvre inférieure en tirant légèrement dessus. J’essaie de lui faire comprendre que je commence tout juste à lâcher prise. Nos yeux se cherchent. Sa main est toujours sur moi alors que les miennes glissent jusqu’à ses seins. Bordel !

Ils sont parfaits. Fermes et généreux. Sensibles jusqu’à la pointe. Je dévore son cou avant de descendre le long de son buste. Je veux goûter chaque centimètre de sa peau comme si c’était ma seule chance. Comme si je n’avais le droit qu’à cette soirée et aucune autre. Je prends tout. Quitte à frôler avec le danger de mes obsessions.

Ma bouche remplace mes mains. Les pointes érigées et délicates de sa poitrine soumises à ma langue. Ses gémissements emplissent l’appartement. Sa main s’écarte de mon membre pour venir attraper mes cheveux. Son corps se cambrant vers moi. Mes bras l’encerclent et la soulèvent alors que ses jambes s’accrochent dans mon dos.

Je la porte jusqu’à ma chambre avant de l’allonger sur le lit. La paume de ma main glissant de son cou à son ventre dans une lente caresse.

-Evan…

-Oui ma belle…

Ses yeux brillent d’excitation. Ses seins se soulèvent au rythme de sa respiration.

-Je t’en prie j’en peux plus d’attendre !

Je souris devant son impatience. Moi qui l’ai toujours prise pour une fille fragile et précieuse. Je me rends compte qu’elle est pleine de fougue. J’aime ça. J’adore ça même. Pourtant je ne me fais pas d’illusions. Je reste conscient qu’elle et moi on n’aura pas d’avenir.

Je me penche pour attraper un préservatif dans la table de chevet avant de m’en couvrir. Je me penche sur elle et sur ses lèvres. Je l’embrasse ardemment. Mon baiser n’a rien de doux et romantique. Je suis sauvage et presque brutal. Savoir que je suis au bord de posséder son corps a réveillé mon côté animal. Je remonte ses jambes sur mes hanches alors que je m’installe à l’orée de son sexe. Nos bouches se détachent. Sa respiration aussi hachée que la mienne.

Son regard s’ancre au mien alors que je commence à pousser contre son sexe. Putain ! Je ferme les yeux un court instant. Je respire pour me contrôler. J’ai peur. Peur de ne pas réussir à laisser de côté mes pulsions. Peur d’être trop brut pour elle. Sauf qu’il est trop tard pour reculer. Ce sera sûrement notre seule chance alors je la prends. Je souffle un grand coup avant de me replonger dans ses iris verts.

Ça fait tellement longtemps que j’ai fantasmé sur ce moment que j’ai la sensation que rien n’est réel. Pourtant elle est bien là. Sous moi. Mon corps dominant le sien. Son regard arrimé au mien. Ses jambes encerclant ma taille alors que je m’apprête à la pénétrer. Ses ongles plantés dans mon dos. J’espère qu’elle voit dans mes yeux que tout ça a de l’importance pour moi. Qu’ « elle » est importante pour moi.

J’entre en elle en une seule poussée. Nous arrachant un soupir d’extase. Je ne bouge pas. Je savoure ce moment d’être emprisonné dans sa chaleur. Je pose mon front contre le sien alors que ses bras se resserrent autour de moi. Fusionnant nos corps.

Je me dégage lentement de ses replis avant d'y revenir. J’entame de lents va-et-vient. Provocant des sensations jusqu’ici inconnues pour moi. Mon cœur est serré. Mes poumons comprimés. J’ai l’impression que je suis sur le point de perdre pied.

Son bassin ondule sous moi. Accompagnant mes mouvements. Je prends appuie sur mon bras posé à côté de sa tête alors que mon autre main relève sa jambe plus haut sur mon flanc. Je pousse plus en profondeur. Sa bouche laissant échapper ses gémissements. J’accélère le rythme. Je la prends plus fort. Ma bouche ravage son cou alors que ses ongles me griffent le dos. Nos corps sont recouverts d’un léger voile de transpiration mais je m’en fous. Tout ce qui compte à cet instant c’est elle. Elle et son plaisir.

Ses soupirs se font plus courts. Ses jambes commencent à trembler. Je peux sentir son orgasme monter alors que le mien est sur le point de se déclencher. Je n’ai jamais connu pareilles émotions. Je pourrais pleurer comme un gosse. Je ne me rappelle même pas la dernière fois que j’ai pris du plaisir avec quelqu’un. Jusqu’à ce soir. Jusqu’à Anna.

L’étau humide de son sexe se referme brutalement sur moi. Entraînant mon orgasme. Nos bras se referment chacun sur le corps de l’autre. Nos râles se mêlent alors nos spasmes nous ébranlent. J’écrase ma bouche sur la sienne. Aspirant ses plaintes. Prenant tout ce que je peux prendre avant que cette nuit ne soit qu’un souvenir.

*****

Je la regarde dormir et je ne peux m’empêcher de penser à la suite. Je ne sais pas quoi faire.

J’aimerais tellement pouvoir continuer et espérer que notre avenir soit heureux. Sauf que j’ai conscience que mes démons ne vont pas tarder à se manifester.

Qu’est-ce que je deviendrais si elle découvrait ma vraie nature ?

Comment réussir à cacher tous mes travers ? Le chat, les sites pornos, le Club…

Comment faire pour m’en passer ?

Toutes ces questions qui se bousculent dans ma tête m’empêchent de trouver le sommeil. Son doux visage posé au creux de mon bras, une de ses mains encerclant ma taille, ses jambes emmêlées aux miennes. La chaleur de son corps collé au mien. Tout ça m’apaise et pourtant mon cerveau bouillonne d’interrogations. Je soupire en fermant les yeux.

Merde !

J’aimerais tellement être normal et pouvoir lui offrir l’amour qu’elle mérite. Sauf que je ne suis pas bon pour elle. Pour aucune femme d’ailleurs.

Je me dégage doucement de son étreinte et me lève du lit pour enfiler un pantalon de jogging. Je me dirige vers la cuisine pour me servir un café brûlant avant de sortir sur mon balcon. La nuit est glaciale mais j’ai besoin de refroidir mon cœur. Si je reste à ses côtés je ne pourrais pas la laisser partir. Sauf que je finirais par la faire souffrir. Par la détruire. Je vais devoir la quitter en douceur en lui faisant comprendre qu’elle sera beaucoup plus heureuse sans moi.

Même si ça me bousille de l’intérieur.