Fyctia
Pur hasard III
Décembre 2010…
Nous marchons en silence en sortant du Métro. Mon appartement est à quelques mètres. Je sors mes clés et laisse entrer Anna dans le hall. Le froid s’engouffrant avec nous jusqu’à ce que la porte se referme.
-Tu peux appeler l’ascenseur ? Je vérifie juste si j’ai du courrier.
J’essaie d’adopter une attitude détachée mais j’ai plus l’impression de passer pour un con qu’autre chose. Ce n’est pas moi. Je dois lui montrer qui je suis vraiment. Les perversions en moins si je veux espérer la garder. Surtout que je me fous royalement des deux factures que je tiens dans les mains.
Comme si ce soir ça avait de l’importance.
Je la rejoins près de l’ascenseur alors qu’un silence pesant s’installe.
-Ça fait longtemps que tu habites ici ?
Je la remercie intérieurement de relancer la conversation. Je ne suis décidément pas doué pour les relations humaines.
-J’ai déménagé juste après avoir obtenu mon diplôme. Maintenant que mon stage au Cabinet est rémunéré j’ai les moyens de prendre un peu plus grand que celui que j’avais avant.
Les portes s’ouvrent sur un « Ding ». Je pose ma main dans le bas de son dos pour la laisser entrer dans l’ascenseur, sauf que le frisson qui me traverse fait aussitôt réagir ma queue.
Non, non, non ! Pas maintenant bordel !
Je ferme les yeux pour reprendre le contrôle avant qu’Anna s’aperçoive de quoi que ce soit. Je ne suis pas certain qu’elle apprécie ce genre de démonstration maintenant. Je ne sais pas ce que nous réserve cette soirée mais je n’oublie pas qu’hier encore elle était fiancée. Je ne veux pas être un lot de consolation après leur rupture.
J’ai envie qu’elle me veuille moi. Je serais patient au cas où elle aurait besoin de temps. Même si pour l’instant mes pensées idylliques ne servent à rien. Anna m’a toujours vu comme son frère et je ne suis pas certain qu’elle ait envie que ça change.
La proximité que nous force à avoir l’ascenseur n’aide pas mon esprit à se calmer. Heureusement pour moi il n’y a que deux étages à monter. Le supplice sera de courte de durée.
Moins de trois minutes plus tard nous avons enlevé nos vestes, écharpes et chaussures. J’ouvre une bouteille de vin et nous sers chacun un verre avant de me diriger vers la cuisine.
-Tu as faim ?
Anna sort de sa contemplation. Sa jolie silhouette reflétant dans la baie vitrée du salon.
-Qu’est-ce que tu prépares ?
Mon appartement n’est pas immense mais le fait que la cuisine soit totalement ouverte sur le salon m’a convaincu lors de la visite.
-Je ne sais pas trop en fait… Quelque chose de simple… Une omelette ?
Elle acquiesce en souriant avant de se retourner et continuer sa visite. L’entrée se fait directement par la pièce de vie mais un grand couloir dessert deux chambres et une salle de bain. Un balcon exposé plein sud me permet de profiter d’un réveil ensoleillé pendant la saison alors qu’un poêle à bois me garantit la chaleur et le confort en hiver.
La voir ici au milieu de mes meubles me provoque une sensation bizarre. Comme si elle était à sa place. Ici avec moi. Comme s’il ne manquait qu’elle pour que mon équilibre soit parfait. Malgré mes angoisses et mes obsessions.
Je m’affère en cuisine quand je la vois revenir de son inspection.
-Tu as un bel appartement. Et plutôt bien rangé je dois dire…pour un mec !
Je lui lance le premier torchon que j’ai sous la main alors qu’elle rit sans retenue.
-Ok Ok je plaisantais !
Je finis ma préparation avant de nous servir deux assiettes sur le comptoir de la cuisine. Je l’invite à s’asseoir sur un des tabourets en face du mien pour commencer à manger.
C’est assez perturbant pour moi de voir que sa simple présence m’apaise. Mes pensées perverses ne se sont pratiquement pas manifestées de la soirée. Je me sens bien. Je n’ai pas mal au crâne à force de lutter. Je n’ai pas la gerbe comme chaque soir avant de sortir.
Je suis serein.
-Mmm ! C’est délicieux ! Je ne savais pas que tu savais cuisiner… Oui enfin en même temps c’est normal… On ne s’est pas vu beaucoup ces dernières années.
Je me sens coupable de notre éloignement à tous. Si j’avais pu gérer. Si j’avais su gérer. Tout aurait été différent.
-C’est vrai… et c’est ma faute… Je suis désolé.
-Ce n’est rien ! Tu as eu beaucoup de travail et visiblement ça payé puisque tu as réussi à intégrer un des meilleurs cabinets de la région mais… Tu as beaucoup manqué à Max… et à moi aussi.
Je lève les yeux de mon assiette pour fixer son visage. Elle semble triste mais sans aucune rancune. J’aimerais pouvoir lui parler des véritables raisons de mon isolement mais je ne peux pas. Elle ne comprendrait pas. Personne ne le peut. Même moi je ne comprends pas.
Sa main vient se poser sur la mienne par-dessus la table. Sa peau est douce et chaude. Je pourrais dire que je ne rêve que de la basculer sur ce comptoir et de me rassasier de son corps toute la nuit et les suivantes, sauf qu’à cet instant je n’ai envie que de retrouver ses lèvres. Ses lèvres auxquelles j’ai goûté il y a deux ans.
-Je…Je suis désolé !
-Ce n’est pas grave ! L’essentiel c’est de t’avoir retrouvé. Mais pense à appeler Max d’accord ? Ce n’est plus le même depuis. Ça lui fera beaucoup de bien. Et à toi aussi je suis sûre.
Mes doigts s’entremêlent avec les siens. Mon cœur se réchauffe alors que des centaines de frissons me traversent. J’acquiesce avant de prendre une grande inspiration.
-Ecoute Anna…je voudrais m’excuser…
-T’excuser ?
Je prends sur moi. Je sais qu’il faut que je le fasse. Même après ces deux années je me sens toujours aussi coupable de la façon dont je l’ai traitée dans la salle de bain de ses parents.
-Pour la manière dont je me suis comporté avec toi la dernière fois qu’on s’est vus.
Ses yeux s’attardent un instant sur ma bouche. Elle baisse la tête et commence à fouiller dans son assiette avec sa fourchette. Sa gêne m’attendrit malgré ma nervosité.
-J’ai été con et si je t’ai blessée j’en suis navré. Ce n’était pas mon intention crois-moi je…
Je ferme les yeux pour respirer à fond. Je me sens comme un gosse devant la plus belle fille de l’école. Merde !
-Je savais plus où j’en étais. J’étais perdu et…
-Et maintenant ?
Je la vois se lever de son tabouret et contourner le comptoir. Ses yeux brillent, ses joues sont roses. Je me concentre pour garder le contrôle de mes pulsions mais à cet instant ça devient difficile. Elle s’arrête à côté de moi et fait tourner mon siège de sorte à ce que je sois face à elle. Anna s’avance encore. Ses jambes maintenant prisonnières des miennes.
-Est-ce que tu le sais maintenant ?
-Non…je… non…
45 commentaires
Jee-G
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Il y a 8 ans
AlienLikeU
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Il y a 8 ans
AlienLikeU
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Il y a 8 ans
Jee-G
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Il y a 8 ans
mylaure56
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Il y a 8 ans
Yaee
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Jee-G
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C.J Stan
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Celine Sergent
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Il y a 8 ans
Jee-G
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Il y a 8 ans