Fyctia
Pur hasard
Décembre 2010…
J’éteins mon PC. J’ai mal au crâne et mon dos se plaint d’être resté courbé aussi longtemps devant un écran. Cette journée a été longue. Avec les dossiers que Jones m’a donnés à traiter, vérifier les dépôts de plaintes, relire cent fois les mêmes témoignages pour chercher le moindre indice qui pourrait nous aider. Mes yeux me supplient de ne plus lire une seule ligne jusqu’à demain.
J’attrape ma veste avant de prévenir que je pars et sors du Cabinet. La nuit est froide, l’hiver est plutôt rude cette année. Les rues sont désertes à partir de vingt heures, laissant la place à un calme inhabituel et plutôt flippant quand on ne connait pas le coin.
J’ai froid, je marche la tête rentrée dans les épaules, les mains dans les poches. J’accélère le pas pour rejoindre au plus vite le Métro, le vent glacé cinglant mon visage. Je ne regarde pas autour de moi, j’empreinte ce chemin tous les jours, je le connais par cœur.
Le premier choc est frontal.
Mes mains sortent instantanément de leur cocon douillet pour rattraper la personne qui vient de me rentrer dedans. Je n’ai pas besoin de la regarder pour savoir que c’est une femme. Ses formes et son parfum parlent pour elle. Je reprends mes esprits avant de la regarder.
-Est-ce que tout va bien ? Vous ne vous êtes pas fait mal ?
Je ne vois pas son visage, de longs cheveux noirs forment un rideau devant son profil pendant qu’elle est occupée à regarder ses pieds pour reprendre son équilibre.
-Non ça va ! Merci ! Je suis désolée je ne regardais pas où j’allais…
Merde !
Sa voix s’infiltre sous ma peau en une seconde. Des frissons remontent le long de mon dos alors que j’ai la sensation d’avoir arrêté de respirer. Elle dégage ses cheveux de son visage avant de me regarder enfin.
Des yeux verts. Des putains d’yeux verts.
-Evan ?
Ses lèvres se retroussent pour m’offrir un sourire magnifique et sincère. Je la dévisage comme si je la voyais pour la première fois. Elle est magnifique. Elle est toujours magnifique. Pour la première fois depuis des mois, voire des années, mes pensées obscènes me laissent tranquille. Je suis simplement heureux. Heureux de la voir.
Ses bras m’enlacent tendrement alors que mes mains sont toujours sur sa taille. Ses courbes s’écrasant contre moi en douceur. Je ne peux m’empêcher de respirer l’odeur de ses cheveux. Leur parfum me ramenant aussitôt deux ans en arrière.
-Ben mince alors c’est vraiment toi ! Qu’est-ce que tu fais ici ?
Elle se décolle de moi pour ramasser son sac tombé pendant la bousculade.
-Je… Je travaille dans le coin, je viens juste de finir.
Anna se redresse en fronçant les sourcils avant de regarder sa montre.
-A vingt-deux heures ?
Je fais des heures je le sais. J’essaie toujours de retarder le moment où je serais livré à moi-même une fois sorti de la sécurité de mon bureau. J’ai réussi à me maîtriser pendant quelques semaines après avoir été convoqué par Jones. Sauf que ma retenue a été de courte durée. Mais je ne me connecte plus depuis mon PC. Je me contente d’aller aux toilettes avec mon téléphone et de me masturber pour répondre à mes besoins physiques. Plusieurs fois par jour. En priant à chaque fois pour ne pas me faire prendre.
-Oui on…On travaille sur plusieurs gros dossiers en ce moment, ça nous prend pas mal de temps.
Son bras s’enroule autour du mien, nos regards se connectent à nouveau avant qu’elle reprenne la parole. Mon corps tremble légèrement. Et s’il y a une chose dont je suis certain c’est que ce n’est pas à cause du froid.
-D’accord…Bon ben puisque tu as fini on pourrait aller prendre un verre ? Histoire que tu me racontes ce que tu es devenu depuis tout ce temps !
-Ok
Ma nervosité m’étouffe la seconde d’après. Je prie pour réussir à gérer le fait de me retrouver seul avec elle. Faire abstraction de son corps, de son parfum, de ses lèvres… Toutes ses pensées qui ressurgissent alors qu’on commence à marcher vers le bar du coin.
Son contact m’électrise. J’ai la sensation qu’Anna a un pouvoir incontrôlable sur moi. Je me sens oppressé. Partagé entre mon envie d’être avec elle depuis tant d’années et mes pulsions maladives qui me pourrissent la vie. Je sais que les deux ne sont pas compatibles, pourtant une lueur d’espoir renaît au fond de moi. Persuadé qu’elle pourrait être celle qui pourrait soigner mon esprit tordu et pervers.
J’ai envie d’y croire. Je veux y croire.
Anna est tellement pure que je pourrais tout faire pour elle. J’aimerais essayer d’avancer pour une fois. Ne pas me laisser submerger par ces obsessions qui me rongent. Je suis prêt à essayer. Il faut absolument que j’arrive à me contrôler. J’ai une deuxième chance qui s’offre à moi aujourd’hui et je ne veux pas la laisser passer.
Mais plus je réfléchis, plus ma raison essaie de prendre le dessus. Elle me questionne, me pousse à penser à ce qu’il pourrait se passer ensuite… Qu’est-ce qu’elle pensera de moi lorsqu’elle saura ? Est-ce qu’elle voudra toujours de moi ? Veut-elle déjà de moi d’ailleurs ?
Ma tête me fait mal alors que mon cerveau bouillonne. Son corps toujours collé à mon bras ne m’aide pas à réfléchir.
-Ici ça te convient ?
Sa voix m’arrête. Ses yeux verts plantés dans les miens. Je ne peux ignorer la chaleur qui se diffuse dans mon corps alors qu’elle ne fait que me regarder. Je décide qu’à cet instant je ferais tout pour garder le contrôle. Que mes pensées ne viendront plus gâcher ma vie. Que mon cœur doit commencer à vivre pour quelqu’un.
-Oui ça me va…très bien
Elle passe devant moi pour entrer, laissant le froid derrière nous pour retrouver une ambiance feutrée et intime. Le bar est petit et discret. Les tables sont pratiquement toute occupées, je remarque que les personnes qui sont là, discutent et rient en petits groupes. Rien à voir avec les bars dans lesquels je suis sorti jusqu’ici. Les gens viennent ici pour être tranquilles et discuter. Justement ce qu’il nous fallait.
Anna s’installe à une table. Elle retire sa veste et son écharpe qui la couvraient du froid avant de se tourner vers moi. Je reste là à l’observer. Son visage fin et angélique, ses formes galbées et dessinées dans une robe en laine. De jolies bottes recouvrant ses jambes toniques. Je ne peux détacher mes yeux d’elle, comme si un nouveau souffle glissait sur moi.
-Tu viens ?
Je la rejoins pour m’asseoir à mon tour. Face à elle. Face à une opportunité d’un avenir meilleur. Pour moi.
Mais pour elle ?
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LeiD
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Jee-G
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Il y a 8 ans
KatyBooks
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Jee-G
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Alexa Marcus
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Adeline Didine
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Celine Sergent
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