Fyctia
Chapitre 8 : Oliver 2/2
— Kami, rien ne t’oblige à en parler si tu n’as pas envie, énoncé-je fermement, ne voulant pas la forcer à me dire quoi que ce soit.
— Non, c’est bon, bien évidemment comme tu peux t’en douter ce morceau de ma vie est compliqué, mais pour faire la version rapide, mes parents semblaient heureux lorsque j’étais adolescente, puis un jour mon père a surpris ma mère avec un autre homme. Il a fini par partir de la maison sans même me jeter un regard, me laissant avec une figure maternelle instable qui a préféré sombrer plutôt que de s’occuper de moi, me confie-t-elle, les larmes aux yeux.
– Nos parents sont les êtres censés nous donner le plus d’amour durant notre existence, pourtant ce sont eux qui peuvent nous briser en un seul claquement de doigts. En une seule décision, bonne ou mauvaise, nos vies peuvent changer à jamais.
Elle m’observe avec une lueur d’émotion dans le regard. Je crois que nous avons des choses en commun, pas les plus jolies, mais ces dernières ont construit les individus que nous sommes aujourd’hui. Il m’arrive de songer parfois à ce que je serais devenu si mes parents étaient toujours en vie. Si rien de tout ça ne s’était produit. Aurais-je été pompier ? Ou bien serais-je devenu médecin, avocat ou encore banquier comme mon père le pensait ? Ces casquettes ne sont pas faites pour moi, en réalité, être pompier est bien plus qu’un métier pour moi, il est une révélation. Je me sens à ma place dans ce monde, ma vie est dévouée aux autres et pas un seul instant je ne le regrette.
— Tes parents t’ont laissé avec un frère et une sœur, comment as-tu pu gérer ça tout seul ?
— Honnêtement, je n’en sais toujours rien. Leur garde m’est tombée dessus en même temps que le décès de mes piliers. J’ai dû faire mon deuil tout en gérant deux adolescents, au moment où je venais moi-même de sortir de cet âge. Dix-neuf ans, c’est jeune pour élever deux enfants. Pourtant, ils étaient tout ce qui me restait de ma famille, alors j’ai fait la promesse à mes parents que je ne les abandonnerais pas, lui dévoilé-je, incertain de ce que je suis en train de faire.
— Tu es un frère génial on dirait, poursuit-elle d’une voix douce.
— Si tu savais le nombre de fois où j’ai merdé en pensant les protéger. Mon frère a fini par prendre son indépendance pour que je ne sois plus sur son dos. Nous nous entendons à merveille, mais je devais le laisser vivre sa vie, même si ça voulait dire ne plus rien contrôler.
En l’exprimant à haute voix, je prends conscience que j’ai été un poids lourd attaché à leur cheville. En voulant les protéger du monde extérieur, je n’ai fait que les renfermer sur eux-mêmes. Heureusement que Jack a choisi de partir, pour que je prenne connaissance de mon erreur. Bien sûr, je dois être indulgent envers moi, je me suis retrouvé avec la garde de deux jeunes alors que j’étais à peine adulte. Sans aucun repère, j’ai réussi à les élever, mais maintenant, il est temps de les laisser voler de leurs propres ailes. Et autant pour mon frère, la tâche est plus facile, mais pour ma petite sœur, le chemin est encore semé d’embûches.
Je me retourne vers cette femme qui m’écoute avec attention depuis plusieurs minutes, et cela me rappelle mes séances chez le psychologue. Je secoue la tête pour chasser ces mauvais souvenirs de ma mémoire. J’ai jeté un froid avec mon histoire pas très rigolote. Je pensais bêtement que je pourrais me dévoiler sans encombre, pourtant, je me rends compte que c’est le contraire. Accorder ma confiance n’est pas une chose aisée, m’ouvrir en est une autre, cependant avec elle tout semble si simple que c’en est effrayant. Trop effrayant…
– Il commence à faire vraiment frais, je vais te raccompagner, annoncé-je sur un ton un peu plus glacial que voulu.
8 commentaires
Zatiak
-
Il y a 2 mois
Matthieu Doves
-
Il y a 2 mois
DIANA BOHRHAUER
-
Il y a 2 mois
Scriptosunny
-
Il y a 2 mois
IvyC
-
Il y a 2 mois
Sofia77
-
Il y a 2 mois
Renée Vignal
-
Il y a 2 mois
TammyCN
-
Il y a 2 mois