Vinoria Bella A tous nos MOI[s] 6. La fracture du réel

6. La fracture du réel

Le silence qui suit ma question est plus lourd que jamais. Il s’étire, m’écrase, se moque de moi comme d'habitude, me fait regretter d’avoir parlé.


Puis, enfin, un souffle.


« Tu le sais déjà. »


Non. Non, je ne sais rien.


Ma gorge se serre. Je veux crier, hurler que je ne comprends pas, que tout cela n’a aucun sens. Mais au fond, une part de moi hésite.


Et si…


Et si cette voix disait vrai ?


Je ferme les yeux, comme si cela pouvait me protéger. Mais dans l’obscurité, il n’y a aucune différence. Les ténèbres sont les mêmes, dehors comme dedans. Pourtant, quelque chose a changé.


Une fissure. Une minuscule brèche dans le voile de mon esprit.


Et puis, un premier éclat.


Un bruit métallique. Une porte qui claque.


Un éclat de lumière blanche, brutal, aveuglant.


Puis… le noir, encore.


Mon cœur cogne violemment contre ma poitrine. Ce n’est pas un rêve. Ce n’est pas mon imagination. Ces images… je les ai déjà vues.


Une vague de panique monte en moi, incontrôlable.


Je veux comprendre. Je veux voir plus loin.


Je force mon esprit à plonger à nouveau dans ce souvenir brisé. Mais cette fois, c’est différent.


Quelque chose me retient.


Comme si une main invisible m’empêchait d’aller plus loin.


« Laisse-moi voir… » ma voix n’est qu’un murmure.


Mais le mur dans ma tête reste intact.


Un étau invisible se resserre sur mon crâne. La douleur est insupportable. Plus j’essaie de me souvenir, plus elle s’intensifie, comme si on m’interdisait d’aller plus loin.


J’appuie mes mains contre ma tête, cherchant à contenir cette sensation atroce.


Et là…


Un son.


Un rire.


Un rire qui n’a rien de chaleureux. Il est distordu, cassé, comme un disque rayé


A la fois glacial et moqueur, il me transperce comme une lame invisible, et sans comprendre pourquoi, je frissonne de terreur.


Ce rire… je le connais.


Mais à qui appartient-il ?


Je ne peux pas répondre.


Je suis incapable d’aller plus loin.


Je replonge dans le silence, affaiblie par ce que je venais de subir.


Et c’est là que je réalise…


Ce n’est pas moi qui ai oublié.


C’est quelqu’un qui m’a fait oublier.

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