Fyctia

Le rire s’est éteint, mais son écho s’accroche à mon esprit comme une brûlure invisible. Il me hante, résonne dans chaque recoin de mon crâne.

Qui es-tu ?

Pourquoi est-ce que ta voix me glace le sang ?

Je me recroqueville, cherchant un refuge dans cette obscurité qui est la seule chose que je connaisse. Pourtant, cette fois, elle ne me réconforte plus.

Elle m’étouffe.

Ma respiration devient erratique. Une peur sourde monte en moi, dévorante, incontrôlable.

Puis, un autre son.

Un battement.

Non, pas le mien.

Un autre. Plus lent. Plus profond.

Comme un tambour caché derrière les murs invisibles de mon monde.

Je retiens mon souffle.

C’est là.

Quelque chose est là.

Le silence a changé. Il n’est plus vide, il n’est plus ce néant auquel je me suis habituée.

Il est… habité.

Le battement continue. Régulier. Opaque. Comme un cœur. Mais ce n’est pas un cœur. C’est trop profond. Trop lourd. Trop… autre

Je tends la main devant moi, hésitante. Ma paume tremble légèrement. Et pour la première fois, j’ai la certitude que je vais toucher quelque chose.

Quelque chose qui n’est pas moi.

L’air semble vibrer autour de mes doigts. Un frisson me parcourt l’échine.

Mes doigts frôlent quelque chose. Un souffle ? Une surface ? C’est chaud. Non… c’est froid. C’est…

Un choc.

Un bruit assourdissant.

Je suis projetée en arrière, mon dos heurte violemment le sol dur. Une douleur fulgurante explose dans mon crâne.

Et soudain…

Un souvenir revient.

Brutal.

Violent.

Dévorant tout sur son passage.

Une pièce blanche. Trop blanche.

Une lumière aveuglante.

Des silhouettes floues en blouse.

Une sensation de froid contre ma peau nue.

Et cette voix.

Ce même rire.

Mais cette fois, accompagné de mots.

« Ne t’inquiète pas. Quand tu te réveilleras, tu ne te souviendras de rien. »

Je suffoque. Mon cœur bat trop fort, trop vite.

Ce n’est pas un rêve.

Ce n’est pas une illusion.

On m’a effacée.

Quelqu’un a joué avec ma mémoire.

Et moi… moi, j’ai tout oublié. Je suis restée ici, enfermée dans cette obscurité, oubliant même que j’avais oublié.

Mais plus maintenant.

Maintenant, la brèche est ouverte.