Fyctia
Des résolutions ???
La paume de ma main s’avachit sur mon réveil et le dernier bip enterre définitivement mes vacances. J’étire mon mètre soixante-douze, lève les pieds en l’air et jette un coup d’œil à mes trois grains de beauté alignés sur ma jambe droite. J’ai longtemps cru en cette constellation « atout charme », mais c’était sans compter sur sa propre loi d’attraction gravitationnelle. Un vrai aimant à pauvres types !
J’ouvre mes volets sur cette nouvelle journée et sur mes résolutions. La juriste trilingue, dynamique, tapie au fond de moi, sort de son sommeil prolongé. Peu à peu, le ballet incessant du métro aérien vient remplacer le mouvement des vagues, j’archive dans ma mémoire les images de la mer bleue, des noix de coco et des fous rires avec ma meilleure amie.
Sophie, merveilleuse pharmacopée contre la morosité, m’a organisé ce petit voyage pour me changer les idées après ma dernière rupture dévastatrice. Cet homme dont je ne veux plus prononcer le nom, version parfaite 2.0 réduite à un arnacœur dans la réalité, a néanmoins réussi à faire ressurgir mes larmes, même au milieu des palmiers et du sable fin.
Résultat : j’ai noyé mon chagrin dans les mojitos et le satané « all inclusive » de l’hôtel, partenaire idéal de mes vices m’a transporté des vapeurs du rhum aux bras musclés du barman. Titillée par le mode « collé serré », j’ai dépassé le stade du merengue pour oublier, un peu. Pourtant au petit matin, seuls l’embarras et ma gueule de bois ont tiré leur épingle du jeu.
Maintenant, figée devant mon dressing, je me dis que le changement commence ici ! Je décide de mettre ma libido en arrêt longue durée afin de protéger mon cœur d’artichaut et de réfléchir sur mon cas, car d’après le magazine « ELLE », en amour, mon pire ennemi c’est moi !
Déterminée à forcer la bonne humeur, je fais défiler les titres de ma playlist et choisis Maniac de Flashdance, un de mes films préférés. Les notes ricochent sur les murs, frappent dans ma poitrine et mon corps tournoie jusqu’à l’expulsion de la moindre négativité. J’attrape mon tailleur-pantalon crème et le glisse sur ma peau hâlée, appose mon rouge à lèvres couleur rubis, porte-voix de l’affirmation de soi.
Un cintre à la main, je me concentre sur ma nouvelle rengaine « auto, boulot, dodo », les autres rimes telles que bistrot, macho et sexto sont dorénavant bannis, afin d’éviter les dérapages involontaires.
Le bip de mon téléphone me tire de mes pensées et je reste étonnée en lisant le message affiché sur l’écran. Mon patron s’excuse de me déranger aussi tôt et souhaite me parler avant le décollage de son avion. Intriguée et anxieuse, je compose immédiatement son numéro.
— Bonjour Inès.
— Bonjour Monsieur Simonet, tout va bien ? demandé-je, encore surprise par son appel matinal.
— Oui, oui, je ne voulais pas perturber vos congés et maintenant c’est à mon tour de profiter du soleil. J’embarque dans quelques minutes, mais je désire juste vous informer que nous avons un nouveau client, la société IAMC, son activité relève du stockage de données très sensibles, elle pèse des milliards ! m’annonce -t-il en chuchotant.
— C’est une très bonne nouvelle, sifflé-je épatée.
— N’est-ce pas ! dit-il en riant.
Je souris devant la simplicité et l’accessibilité de ce grand homme qui a œuvré au développement de son cabinet avec beaucoup d’humilité et de respect. J’adore bosser à ses côtés, armée de mon stylo et de la puissance des lois.
— J’aimerais vous confier ce dossier Inès ! Ils viennent de s’implanter à Paris et sollicitent nos services pour toute la structuration juridique de leur entreprise. Seulement, ils ont posé une condition. Vous devrez travailler depuis leurs bureaux durant quelques semaines pour faciliter les échanges et raccourcir les délais.
— Merci monsieur ! le remercié-je, ravie. Effectivement, une affectation temporaire me semble idéale.
— C’est parfait alors ! Vous allez recevoir l’adresse et votre ordinateur et les documents seront portés sur place. Je dois vous laisser, mais toute l’équipe reste bien sûr disponible pour vous aider.
— Encore merci et bonnes vacances !
Je pense avoir crié de joie avant même d’avoir raccroché. Peu importe, Monsieur Simonet connaît mon enthousiasme débordant qui dénote parfois de ma rigueur professionnelle.
Le mail de son assistante ne tarde guère et je l’ouvre avec l’impatience d’une gamine. Je quitte donc les bureaux de la Défense et son boulevard circulaire qui fait tourner la tête à plus d’un non-initié. Il est facile de se perdre dans ce centre de gravité. Il attire des millions de personnes, qu’elles viennent pour le travail, le shopping, l’architecture innovante ou sa renommée nationale du nombre de crush au mètre carré ! Mon expérience serait plutôt d’avis de transformer le mot crush en crash…
Ma nouvelle destination très proche en kilomètres, mais à mille lieues en ressenti parisien me porte dans le quinzième arrondissement, non loin du Champ de Mars et des trésors de notre capitale. Quelques phrases plus bas, je découvre la mise à disposition d’une voiture avec chauffeur à 8 h 30, soit dans dix minutes !
Je m’avance pieds nus sur le tapis moelleux de mon salon à la recherche de mes escarpins. Je les trouve sous le plaid en grosses mailles dégoulinant de mon canapé. Je m’assois pour les enfiler et je prends une grande respiration en m’attardant sur la décoration de mon appartement. J’aime sa chaleur, ses textures douces et claires, son mélange de bois, de métal et d’osier. Mon petit cocon dans ce Paris si magnifique, mais parfois si impersonnel !
J’abandonne le calme derrière moi, saisis ma sacoche et une fois la porte claquée, je laisse le tourbillon citadin et son hyperactivité m’emporter. J’adore ça !
30 commentaires
Thierry Brenner
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Il y a 2 ans
Senefiance
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Il y a 2 ans
MegL
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Il y a 2 ans
Katie P
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Il y a 2 ans
MegL
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Il y a 2 ans
Thierry Brenner
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Il y a 2 ans
folie douce
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Il y a 2 ans
Deslivretmoi
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Il y a 2 ans
Abyssam
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Senefiance
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Il y a 2 ans