Fyctia
Chapitre 8 partie 1
Le premier pas fut le plus hésitant,tel un enfant qui apprenait à marcher, Charlotte avançait par à coup de peur de ne pas être assez stable pour tenir débout. Elle s'approcha de la fenêtre pour contempler l’extérieur du domaine, c’était une belle journée de printemps, le soleil déjà chaud était réconfortant et accueillant. Le paysage n’avait pas changé, elle avait sans aucun doute la plus belle vue de la maison, sa fenêtre donnait sur le jardin avec le lac en arrière-plan et à gauche les pâturages ou les chevaux se prélassaient en attendant l’arrivée des cavaliers venue les préparer pour leur leçon. Après un dernier regard à l’extérieur qui lui rappelait tant de souvenirs de joie et de liberté, d’après-midi en communion avec l’animal, elle tourna les talons et prit la direction de la salle de bains qui se situait au fond du couloir. Le long corridor était bordé de porte, les murs en bois étaient agrémentés de toile représentant des chevaux iconique, ou des portraits de cavaliers en actions, son père, sa mère, Julien et elle-même en étaient les principaux protagonistes. Saut d’obstacles, dressage, voltige ou simplement travail à pied tout était bon pour immortaliser l’instant et le moment. Elle sourit malgré elle à la pensée de ce passé fait de compétition, d'entraînement, de victoires heureuses comme de défaite amère, elle chassa rapidement ces idées de son esprit voulant éviter de repenser à la tragédie qui était survenue et qui avait bousculé son quotidien et son futur tracé. En s’approchant de la salle de bains, elle se remémora les pièces de l’étage. A droite, le bureau d’Hélène ou elle faisait sa comptabilité, ces plannings, la communication nécessaire pour faire prospérer la société, mais également toutes les démarches nécessaires au bon fonctionnement de l’association Cœur de Cheval . Sa mère était la tête pensante de l’entreprise familiale, son père avait été pendant longtemps les jambes mais également l’âme de l’association qui venait en aide aux chevaux maltraités. La porte en vis-à-vis donnait sur une pièce vide, c’était le bureau qui devait être attribué à son frère. Les projets d’avenir de Julien consistaient à travailler avec ces parents en tant que professeur d’équitation au pôle compétition pour ainsi décharger sa mère d’un poids pour que cette dernière puisse se consacrer à temps plein à la rééducation de chevaux bousculés par la vie . Dans un avenir idyllique Charlotte aurait rejoint l’aventure et serait occupée, elle aussi, de la rééducation des chevaux. A gauche l’escalier qui descendait à la pièce principale et en face un autre espace, Charlotte s’en approcha mit la main sur la poignée mais se ravisa, il était bien trop tôt pour faire face aux passées, cette pièce était la chambre de son frère , pénétré dans ce sanctuaire serait bien trop difficile, au moment de sa disparition elle y venait régulièrement, sentir son odeur, se coucher sur son lit, sentir sa présence, son jumeau lui avait été arraché et elle avait besoin de se raccrocher à lui par n’import quel moyen, Julien avait également une belle vue sur la carrière, sur le terrain de cross et les nombreux autres pâturages. Elle ignorait si sa mère avait gardé l’espace tel qu’elle, un désordre organisé que seul Julien avait le don ou si durant les années, elle s’était séparée des affaires de son fils pour faire page blanche et une nouvelle utilité à cette pièce. Et enfin sur la gauche la salle de bains, elle entra à l’intérieur et referma la porte derrière elle. Sa mère lui avait préparer des vêtements, un jean bleu, un t-shirt neutre de couleurs blanc et un sweat-shirt noir ainsi qu’une paire de chaussettes et de pantoufles, il y avait également sur le lavabo, une serviette, un gant et un savon. Sa mère avait tout prévu. Charlotte se regarda dans la glace, elle avait le teint pâle, cadavérique, ces chevaux sales étaient gras. Dans un premier temps, elle ne se reconnut pas, pour elle, elle était devenue une étrangère. Elle se dévisagea quelques secondes puis se déshabilla, ses vêtements lui collaient à la peau, elle ne les avait pas enlevés depuis dix jours. Une fois nue, elle regarda son corps, il y avait de nombreuses marques de bleue, de traces de coups, de brûlures, de marques de strangulation. Son corps avait été détruit, mutilé, violenté, saccagé au nom de l’amour et de la haine qui ne faisait qu’un chez cet homme qu’elle avait pourtant aimé de façon inconditionnelle. Son corps était son œuvre d’art, il en était l’artiste. Après un sursaut de dégoût, elle pénétra sous la douche, l’eau chaude ruisselait sur son corps, lui fit un bien fou comme si elle se délestait d’un poids, d’un fardeau, d’une souffrance.
Charlotte fit de nouveau face au miroir, la douche avait été vivifiante et agréable. Elle avait retrouvé une certaine contenance, certes les blessures ne partiraient pas comme ça, la cicatrisation sera longue et difficile, et elle savait au fond d’elle ,qu’elle aura des moments de profond désarroi quand les affres de la vie passée viendra lui chatouiller les pieds lui rappelant des souvenirs insoutenable , mais pour la première fois depuis longtemps son corps lui appartenait, elle avait moins peur car ici dans la maison familiale, elle se sentait en sécurité, on viendra ni la salir, ni la démolir. Dans son fort intérieur, elle savait qu’elle allait pouvoir débuter le très long chemin de la guérison et de l’acceptation. Jadis, elle avait été une jolie fille, une de celle que certains hommes remarquent et interpellent dans le coin d’une rue avec plus ou moins de tact, pas une de ces beautés ravageuse et pulpeuse, un peu trop maquillé, qui sur jouent de leur atout pour séduire et plaire mais plutôt un joli brin de fille à la fois discrète, sauvage et espiègle, qui donnait envie d’en apprendre davantage. Elle avait des cheveux châtain clair mi- long, à l’époque des compétitions , elle les portait souvent attaché, une tenue stricte était adaptée, depuis elle aimait les porter détaché, libre et indiscipliné, lors de sa relation avec Antoine, il lui forçait à les coiffée dès qu’il avait le dos tourné, elle osait dénouer son chignon. Ses yeux verts était à la fois profond, expressif et intense, on pouvait se perdre dans son regard, il s’était éteint au fil des années, au fil des épreuves. Son sourire qui était selon son père sa meilleure arme face à l'adversité était à tomber à la fois sincère et communicative, lui aussi avait disparu faisant place à la tristesse et à la mélancolie. Son corps malgré les ecchymoses et les nombreuses traces de sévices était plus bien fait, à la fois svelte, athlétique et bien proportionné, quoi que maintenant un peu maigre et décharné par la malnutrition qu’elle avait subie.
Une fois habillée, Charlotte prit une grande inspiration et sortit de la salle de bains dans le but de rejoindre le salon, sa famille et répondre aux nombreuses interrogations que son retour suscitait.
13 commentaires
cloclozoccola
-
Il y a 2 ans
Lara ROBIN
-
Il y a 2 ans
JulesF
-
Il y a 2 ans
Aurélie Benattar
-
Il y a 2 ans
Dy Vagh
-
Il y a 2 ans
Annie.
-
Il y a 2 ans
Rose Foxx
-
Il y a 2 ans
LéonieC
-
Il y a 2 ans
Quentinn
-
Il y a 2 ans
Coralie Rose
-
Il y a 2 ans