Fyctia
Chapitre 7 partie 2
Dixième réveil, elle comptait chaque matin comme un petit rituel, pour que le temps ne lui échappe pas. Après un rapide calcul, elle se rendit compte qu’aujourd’hui était Samedi, journée de grosse affluence au centre équestre, pour l’avoir vécu jadis, elle savait que sa mère allait être dans tous ces états, une journée charger, un peu stressante mais à la fois dés plus enrichissante et passionnante, le premier contact d’un enfant avec un cheval, une reprise de dressage, un parcours de saut d’obstacle, une chute de cheval sans gravité, des chevaux à panser et à préparer avec un timing à respecter. Une énergie communicative, cette sensation de vivre une passion à fond sans temps mort. Il n’y avait pourtant aucun bruit, aucun cri d’enfant, ni la voix forte et calme de sa mère qui canalisent le tout. Charlotte était intriguée de connaître la raison de ce calme ambiant, mais pas au point de sortir de son lit et de braver la vie extérieure. Elle était restée dans sa chambre, cloisonnée dans sa bulle avec pour seul projet de dormir et d’oublier, elle avait gardé les volets clos, repliée sur elle-même, sur ce corps meurtrie, abîmé par la vie, qu’elle n’assouvissait à peine les besoins primaires, elle mangeait à peine les repas que sa mère lui apportait, elle ne ressentait aucun besoin, ni envie. En pensant à sa mère, Charlotte sourit, Hélène devait surement se ronger les ongles, taper du pieds, se faire violence pour ne pas monter et ouvrir en grand les volets et la secouer, la jeune femme savait que son grand-père y était pour beaucoup, il était l’homme sage de la famille, celui à qui on demande conseil, son avis comptait et était souvent respecter. Hélène respectait son vœu de silence, son intimité, sa volonté d’être seule face à elle-même et cette attention la touchait énormément car connaissant sa mère cela lui demandait de gros sacrifices. Emmurée dans son silence, obsédée par ces plaies au corps comme au cœur, elle avait pour unique but d’éviter d’y penser, d’oublier. Oublier les peurs, les bleues, les coups et les pleurs. Peut-on faire abstraction du passé pour ainsi se reconstruire ? C'était bien la question qu’elle se posait depuis maintenant quelques jours, elle voulait penser à l’avenir, elle était venue ici pas seulement pour se cacher d’Antoine mais également pour panser ces blessures et réapprendre à vivre. Sa mère et son père avaient sauvé des centaines de chevaux maltraités, était-ce possible d’utiliser le même procédé pour sauver une âme brisée comme la sienne, avec de l’amour et de la patience. Elle savait au fond d’elle-même que la joie n’était pas pour demain mais si au moins, elle pouvait sortir de sa torpeur et faire un pas dehors, cela serait un bon début. Alors qu’elle allait s’endormir de nouveau, la porte de sa chambre s’ouvrit en grand, quelques secondes plus tard un soleil scintillant pénétrait dans la pièce. Aveuglée par la lumière du jour qu’elle n’avait pas vue depuis longtemps maintenant, Charlotte se cacha sous la couette en gémissant des plaintes d’enfant pris en faute.
Sa mère avait pénétré son sanctuaire, avait violé son intimité, elle n’avait pas résisté à la tentation. Ne pouvait plus rester passive.
- Charlotte ça suffit , il est temps que tu sorte de ta chambre voilà dix jours que tu es revenue, dix jours que martial et moi nous inquiétons pour toi nuit et jours, ne comprenons ni la raison de ton absence de nouvelle , ni ton état de santé et encore moins ton retour ici, mais ce que nous savons c'est que nous t'aimons suffisamment fort pour faire abstraction de tout cela et je suis prête à t'écouter et t'aider à surmonter les épreuves de la vie si tu le veux mais pour cela j'ai besoin que tu me parle, j'ai besoin que tu ai suffisamment confiance en moi pour que tu me dise ce que je dois faire pour t'aider. J'ai besoin de savoir que je n'ai pas fait d'erreur en te gardant ici, que j'ai bien fait d'écouter mon cœur , que ne pas prévenir la police ou t'emmener aux urgences,te laisser du temps était la bonne idée. Alors lève toi, et marche. lève toi et vis. La vie est comme une représentation de voltige, il faut continuer d'avancer pour ne pas perdre l'équilibre et tomber. Nous t'attendons en bas.
Son discours était sans appel, suffisamment fort et chargé d'émotion pour qu’on ne la prenne pas à la légère, mettre des mots sur ce qu'elle ressentait n'était pas le fort d’Hélène mais après ce monologue qui était un peu sa marque de fabrique, sa mère sortit tel une déferlante, elle était venue tout chambouler sur son passage, distribuant le jeu de carte. Alors la jeune femme prit son courage à deux mains, après une bouffée d’oxygène, elle se leva.
14 commentaires
elia
-
Il y a 2 ans
Emmy Jolly
-
Il y a 2 ans
ZELI
-
Il y a 2 ans
Rose Foxx
-
Il y a 2 ans
Émilie James
-
Il y a 2 ans
Damien Aulongcours
-
Il y a 2 ans
Morgane Rigan
-
Il y a 2 ans
Aurélie Benattar
-
Il y a 2 ans
Dy Vagh
-
Il y a 2 ans
cloclozoccola
-
Il y a 2 ans