Fyctia
Chapitre 7 partie 1
Elle ballottait dans un brouillard épais et inconscient, on la portait fermement. elle se laissait faire. Elle se laissait aller dans un bercement confus et douloureux. Les bras accrochés au cou du jeune homme, elle pouvait sentir son parfum , des notes de pamplemousse, de bergamote et de cèdre, un parfum agréable, à la fois masculin et sensuel. Quelques minutes plus tard, a priori car elle n’avait aucune notion du temps, elle entendit des voix, deux peut être trois, des voix inquiètes et qui s'interrogeait de la démarche à suivre, tout était confus, elle avait soif, elle avait faim mais elle avait une envie profonde de dormir.On l’a fait entrer quelque part, monter un escalier et on l’allongea sur un lit. Elle aurait dû ouvrir les yeux, mais cette action lui coûtait trop d’énergie, trop de force, elle n’en avait pas le courage. Elle n’avait la force de rien, ni de crier, ni de pleurer et encore moins de lutter alors que des mains expertes lui enlevait son pull, elle ne voulait pas qu’on voie ces marques, ces bleues, ces hématomes, elle pouvait que gémir tel un animal blessé, à l'agonie . On lui donna à boire, l’eau fraîche dans sa bouche lui apportait un bien-être et un réconfort de courte durée. Deux voix parlaient toujours, une femme et un homme. Sans problème, Charlotte reconnut la voix de sa mère, Hélène, la deuxième masculine était plus jeune, plus énergique, moins dans l’émotion.
- Savez-vous ce qui lui est arrivé ? Saviez- vous qu'elle devait venir? questionna le jeune homme de sa voix grave.
- Non j'ignore totalement la raison de sa venue, et la raison de son état... ma fille n'a pas donné signe de vie depuis plus de trois ans. Que doit-on faire, prévenir la police selon toi? la conduire aux urgences ?
Charlotte aurait voulu les rassurer mais il était impossible pour elle de prononcer un seul mot, d'émettre le moindre son .
- Je pense que votre fille serait déjà au urgence si elle aurait pu, si elle est revenue c'est qu'elle avait ses propres raisons et son propre cheminement de penser. vous devez accepter son choix et la laisser se reposer. Le repos est le meilleur allié qui soit et répare bien des maux. Soyez là pour elle comme vous l'êtes pour les chevaux. déclara le jeune homme
La discussion continua encore quelques minutes sans discontinuer puis les deux voix se tuent, Charlotte entendit alors la porte se fermer délicatement, ils l’avaient laissée seule face à elle-même et à son sentiment d’impuissance.
Elle se réveilla, sortant ainsi de l’inconscient et de la léthargie, impossible encore pour elle d’ouvrir les yeux. Des bruits lui parviennent, le chant des oiseaux, un hennissement de temps à autre, le bruits des sabots sur le goudron et les cris et les paroles des enfants. Elle trouva la force d’entrouvrir les paupières et reconnut aussitôt sa chambre, elle n’avait pas changé, son lit, la décoration, les posters de chevaux et des photos souvenirs ornent toujours les murs, les meubles et le bureau ou était toujours entassé de vieux magazines. Rien n’avait été rangé et déplacé. Elle retrouvait son espace de vie de quand elle était encore une enfant, insouciante du danger, prenant des risques sans se soucier des répercussions. Se rappeler de la jeune fille qu’elle avait été, l’a fait pleurer. Tout son être était en miette, son corps était faible et son moral si bas qu’elle pouvait s’enfoncer six pieds sous terre. Réfugiée dans son lit, elle pleurait jusqu’à ne plus avoir de larmes puis elle se sentit mieux, plus sereine et apaisée mais elle savait que ce sentiment ne serait que de courte durée. L’angoisse, la peur qu’elle ressentait depuis maintenant cinq ans revenait toujours par vague. Des vagues déferlantes et destructrices. Détruisant tout sur son passage.
Un hennissement strident la réveilla en sursaut, elle s’était encore endormie. Ces yeux s’ouvraient en grand et elle réalisa après quelques secondes ou elle se trouvait. Sa chambre, la maison de son enfance.
Sa période de sommeil avait été jalonné de cauchemar, plus réaliste les uns des autres, revoyant des moments de vie tel que la mort de Julien, la vente d'Orion, et le départ de son père, trois mésaventures qui s'était succéder créent un vide profond en elle , puis la rencontre et sa vie de couple avec Antoine ponctuée de moments de joie et de profonde tristesse avant de sombrer dans le glauque, prise d’une panique soudaine de devoir parler du passée à sa mère et à son grand père , de devoir faire face à tous ces démons intérieurs. Elle s'était réveillée en sursaut. Ce matin, le spleen pesait sur elle comme un nuage noir, menaçant au-dessus de sa tête, elle n’avait ni la force, ni l’envie de faire quoi que ce soit, se lever, manger, parler … Chacune de ces actions lui était impossible et lui demandait un effort qu’elle ne pouvait pas faire encore. La seule chose qu’elle désirait était de rester couché, les volets fermés, il était impossible de se rendre compte du temps qui passait, des jours qui filaient, les yeux fixant l’obscurité. Dans ce cocon fait de draps et d'oreilles, elle se sentait en sécurité, protégée. Elle savait que cette situation ne pouvait être que temporaire, qu’il faudrait à un moment ou un autre se lever, descendre et faire face à la réalité et aux questionnements de chacun mais aujourd’hui, à l’heure actuelle, elle n’en avait pas la force, ne voulait pas penser à demain. Elle avait envie de dormir, ressentait le besoin de rester là à cette place précise, pour cicatriser ces blessures et son âme. Alors elle ferma les yeux et se laissa bercer par le bruit de sabots de chevaux sur l’asphalte. Un bruit qui l'avait toujours rassuré et apaisé.
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Maryline PIAUD
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Il y a 2 ans
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