Fyctia

- Tous pour un, un pour tous. Unis nous restons, divisés nous tombons déclare solennellement Julien.

Une phrase qu’il avait emprunté à son auteur favori Alexandre Dumas et qu’il scandait à chaque compétition pour signaler à sa famille qu’il ne serait rien sans eux.

Hélène embrassa son fils en lui disant qu’il avait déjà tout gagner en venant jusqu’ici , Richard le prit dans ses bras tout en lui déclarant qu’il était fier de lui. Et Charlotte tout en lui prenant la main:

- Brille tel l’astre solaire que tu es quand tu es à cheval. Tu est né et fait pour concourir, et n’oublie pas que si tu perds tu sera corvée de boxe durant les trois prochains mois sourit-elle.

- Je ne vous décevrais pas, je vais ramener la coupe à la maison et sabrer le champagne pour l’occasion, pour fêter notre victoire commune à tous et éviter de curer les boxes rigola -t- il en embrassant sa soeur sur le front

Il était prêt à rentrer dans la carrière et à rafler le trophée et faire le bonheur et la fierté de sa famille.

*

Le domaine des Trois Chênes était un lieu incontournable pour les cavaliers mais également pour le grand public, situé dans un magnifique parc boisé à quelques kilomètres à peine du lac d'Annecy qui offrait un dépaysement total. Sa situation géographique faisait de l’endroit un lieu de paradis. infrastructures dernier cri , paddock verdoyant, carrières grandes et ombragées uniquement utilisées pour le CSO, terrain de parcours variés, manège utilisé uniquement pour le dressage et des écuries vastes et somptueuses.Tout avait été pensé dans les moindres détails pour garantir aux équidés un épanouissement optimal et rendait l’endroit unique en son genre. L’endroit parfait pour une compétition de cette hauteur.

Julien pénètre sur la piste sous les applaudissements des spectateurs.

La foule s’était amassée vers les barrières en bois qui encerclaient la carrière, d’autres étaient assises sur les gradins métalliques, ou dans l’herbe, sa famille jouait des coudes pour se frayer un chemin et assister au première loge à son passage.

Le jeune cavalier était plutôt confiant, la reconnaissance du parcours qui lui avait permit de mémoriser l’ordre de franchissement des obstacles, le tracé idéal , ainsi que le nombre de foulée entre les différentes combinaisons et l'entraînement qu’il avait réalisé dans le paddock peu de temps avant s’était bien déroulé, Orion était calme et à l’écoute des sollicitations de son maître et y répondait toujours de façon franche et correcte et les quelques barres qu’ils avaient sauter le prouvait. ils étaient fin prêts.

- Mesdames, Messieurs, Le numéro 34 des amateurs professionnels, Julien Beaumont et son cheval Orion annonça le speaker situé sur une estrade en bois surélevé auprès des jury.

Julien s'approcha du Jury pour les saluer, sourire aux lèvres. Il avait rêvé de cette compétition, de ce moment des dizaines de fois.

Il était là où il devait être.

Le jury actionne la petite cloche lui signalant son départ. Julien partit au petit galop, passa devant sa famille, les salua d’un mouvement de tête et s'élança vers le premier obstacle.

Le vertical fut passé aisément. Orion avait une bonne foulée et volait littéralement au-dessus de l’oxer lors de la phase du plané.

Il passe le troisième obstacle sans encombre. A la réception Julien prit le temps de se concentrer de nouveau et entama la diagonale pour poursuivre l'enchaînement. Il demanda à Orion de changer de pied, pour ne pas galoper à faux ce que ce dernier fit avec facilité et écoute.

Le quatrième obstacle était un oxer montant, le parcours était monté d’un cran supérieur en niveau de difficulté. Julien remarqua à peine les photographes qui immortalisent sa phase de plané. Orion étendait l’encolure vers l’avant, son cavalier suivait l’allongement de l’encolure avec ses mains et son buste penché vers l’avant. Ils ne faisaient plus qu’une, une cohésion forte et imperturbable, parfaite.

La télévision était présente, un reportage allait surement être diffusé sur une chaîne spécialisée présentant ainsi les futurs qualifiés et les espoirs français pour les Jeux Olympiques. Une pression supplémentaire qui ne faisait pas peur à Julien.

Il avait confiance en son cheval et en lui-même. Tous ces mois d'entraînements allaient être récompensés.

Il enchaîne le cinquième et le sixième avec assurance. A la réception de ce dernier, il fit un arc de cercle pour s’élancer vers les combinaisons suivantes, il approcha de la fin de son concours. Le public était subjugué par la facilité avec laquelle il réalisait son parcours.

Les combinaisons demandaient au cheval beaucoup de concentration, d’équilibre et de ressort. La difficulté première dépendait de la distance qui séparait les obstacles, la façon de sauter le premier détermine les conditions du second saut. Entrer trop vite ou trop mollement risquait de compromettre l’issue.

Julien jeta un regard furtif à sa famille et remarqua que son père était en train de parler à un recruteur pour les Jeux Olympiques. Ils étaient en train de parler de son avenir. Le jeune cavalier se crispa, le stress était monté d’un cran. Il savait que tout se jouait maintenant. Les trois prochains sauts allaient être décisifs.

Orion le sentit, il aborda la première barre avec raideur et inquiétude, ses sabots touchent l’élément supérieur de l’obstacle. A la réception il retomba lourdement sur ces antérieurs, Julien tenta de redresser son buste et d’engager le bassin vers l’avant pour ainsi l’aider au maximum mais ils étaient tous les deux déséquilibré , déconcentré.

Le Spa fut passé de justesse, Julien était de plus en plus raide et indécis dans ces demandes, Orion avait du mal à saisir les informations et ne savait plus quoi faire. La panique et l'énervement se lisaient dans ces yeux.

Le public quant à lui était accroché à leur siège voir Julien Beaumont en si mauvaise posture était une première. Sa famille était inquiète. Le recruteur déçu et la télévision au petit soin pour ne manquer aucun moment.

Le troisième saut qui clôturait la combinaison mais également le parcours fut refusé par Orion.

Ce dernier se cabra pour la première fois de sa vie mettant ainsi en difficulté le classement de la compétition mais surtout en danger son cavalier qui ne s’attendait pas un tel comportement de la part de son cheval.

Dans la confusion du moment, le jeune homme tenta de reprendre la situation en main en tirant sur les reines, un coup un peu trop brusque , un peu trop vif qui fait tomber le cheval en arrière.

Julien fut alors écrasé lourdement sous le poids d’Orion, ce dernier affolé se releva rapidement sans se rendre compte de son geste, il frappa de plein fouet la tête de son cavalier avec ces sabots tout en partant au galop.