Fyctia

Dans la voiture, Herbert parlait tout doucement avec à l’idée que sa fille à l’arrière ne l’entendait pas.

— Nous allons trouver une solution. Nous aurons nos places sur le Vaisseau-Mère.

— Mais… Et Eden ? demanda Daphnée dont le visage ne tarissait pas de larmes.

— Je vais trouver quoi faire d’elle. Fais-moi confiance. Il est clair qu’on ne peut pas l’emmener. Peut-être qu’un accident…?

Eden n’était pas certaine d’avoir bien entendu. Son père projetait-il de la tuer dans un accident pour qu’elle ne vienne pas avec eux ? Une voix chuchota alors dans son esprit, une voix au timbre dur et sans émotions, avec une image : “laisse-moi faire…” Et on voyait Eden qui n’était pas vraiment Eden, tenir une arme et presser sur la détente.

“Quoi ? Tuer papa ? Non… Je suis sûre que jamais ils ne m’abandonneront.”

“Comme tu es naïve…”

“Eden, j’ai peur…, intervint la voix d’une petite fille, Lily ? Je ne veux pas mourir.”

“Je vais nous sortir de là. J’ai une idée.”

“Toi ? ricana la première voix, celle de Dany. Honnêtement, fais-moi confiance. Je sais comment faire, grâce à Brooklyn, pour que nous atteignons le Vaisseaux-Mère à notre tour. Nous devons survivre.”

— Papa ! Maman !

Daphnée s’empressa d’essuyer l’eau salée qui perlait sur son visage et se tourna vers elle avec un sourire forcé.

— Qu’est-ce qu’il y a ma puce ?

— Je ne veux pas être un poids pour vous. Et si vous me laissiez tout simplement partir et me débrouiller par moi-même ?

— Ça ne marche pas comme ça. Tu es encore mineure, tu tombes sous notre responsabilité.

“Il va venir pour nous chercher ! s’exclama une voix rauque et efféminée. Je ne veux plus sentir ses sales pattes sur nous !”

“Pas cette fois. Plus maintenant. Plus jamais.”

C’était Dany qui avait parlé. Et elle ne laissait pas la possibilité à Eden de répondre, car elles avaient switché. Ce qui eut pour effet d’entraîner le silence dans l’habitacle. À leur arrivée dans le mobil-home, la jeune femme partit s’enfermer dans sa chambre, ne laissant pas la possibilité à leurs parents de leur parler. À aucun d’entre eux. Dany était persuadée que Herbert leur rendrait une petite visite nocturne, c’était souvent ce qu’il faisait lorsqu’il était contrarié par elle, mais cette fois elle serait prête à le recevoir. Trop d’années que cet homme se permettait des insanités. Cela prendrait fin ce soir-là.

Il était encore tôt, donc elle sortit par la fenêtre et se rendit dans un petit bosquet qui se trouvait non loin de là et où elle avait caché un long morceau de bois. Il n’était pas parfait, mais il faisait son affaire pour qu’elle puisse s’entraîner. Jusqu’à l’heure du souper, c’est ce qu’elle fit, mettant leurs muscles à rude épreuve. Elle s’entraîna pendant des heures, jusqu’au point d’être toute courbaturée et recouverte de sueur. Elle était tellement enragée qu’elle ne permettait à aucun autre des alters de prendre sa place. Pas même à l’Alpha. De toute manière, cette dernière semblait tellement anéantie par ce qu’il s’était passé dans la voiture qu’elle n’était plus en état d’affronter quoi que ce soit. Cela demandait beaucoup de concentration pour Dany, cependant elle était déterminée à mettre fin à leur enfer ce soir.

Lorsqu’elle retourna à leur habitation, sa mère ouvrit la porte avant qu’elle n’ait eu le temps de mettre sa main sur la poignée.