Fyctia
Chapitre 4-2
— Gale est juste une raclure de fiotte et une sale tapette.
— C’est-à-dire ?
— C’est une tarlouze. Il ne pense qu’à courir derrière les beaux garçons. Mais on ne l’entend pas souvent, heureusement.
— Et que pense-t-il de votre situation ?
— J’en sais foutrement rien. Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ? s’emporta Devon.
Le médecin leva les deux mains pour l’apaiser.
— D’accord, d’accord. Excuse-moi. Passons. Parlons des autres, il reste Lily et…
— Brooklyn. Une jeune femme très intelligente et talentueuse. Elle rêve de mettre les mains sur de l’ADN Z pour l’étudier de plus près. Si je pouvais, je l’y aiderai.
— Une scientifique ?
Devon hocha la tête.
— Donc pour finir… Lily ?
— Ce n’est rien qu’une petite fille. Je n’ai rien contre elle. Elle peut être un peu agaçante, mais c’est de son âge.
— Merci de ton partage. Mon travail, ça va être de vous aider à tous trouver votre place. Et, pour ça, je vous demanderai à vous six de tenir un journal de bord. Signaler d’abord votre présence, raconter ce que vous avez vécu. Vous pouvez aussi parler de ce qui se passe entre vous.
— Ça ne vous regarde pas ! s’énerva le jeune homme.
— Ce n’est pas pour moi. C’est pour vous. Vous avez besoin d’un lien tous ensemble. Il va falloir apprendre à vous mettre d’accord et à prendre des décisions en commun. Je sais que ce que je demande n’est pas facile, c’est un travail de longue haleine et je sais que ce n’est pas simple. Pour commencer, j’aimerais tous vous rencontrer, un par un, vous découvrir et apprendre à vous connaître. C’est aussi simple que ça.
Devon avait l’air renfrogné, mais il ne s’en offusqua pas. Au lieu de quoi, il demanda :
— Puis-je parler à Eden ?
— Non.
— En fait, je te l’ai demandé par politesse, mais ce qu’il faut que tu saches c’est que grâce à l’état dans lequel je t’ai mis, je suis capable de choisir avec qui je veux discuter et de vous faire switcher. Alors… S’il-te-plaît ?
Devon grogna puis, devant les yeux du médecin, les traits du visage de la jeune femme se transformèrent totalement. Ils étaient moins durs, plus doux. Par réflexe, elle retira sa casquette et laissa ses cheveux retomber en cascade dans son dos.
— Bonjour Eden.
— Bonjour, répondit-elle avec circonspection.
— Je suis le Docteur Adams. Tu as eu un moment d’absence, c’est bien cela ?
Elle hocha la tête avec un air triste. Il avait envie d’arrêter le pendule, mais c’était prendre le risque qu’un autre ne vienne et ça il ne pouvait pas le permettre cette fois-là.
— Eden, ce que je vais te dire ne va pas être facile à entendre.
— Vous savez ce que j’ai ?
— Oui.
— Je vous en prie, dites-moi.
— Tu présentes une maladie psychique qui divise ton être en plusieurs personnalités, on les appelle des alters. Vous êtes six en tout, comme je viens de le découvrir, et toi tu es l’hôte.
La jeune femme pâlit à cette annonce.
— Je suis folle ? demanda-t-elle.
— Non, bien sûr que non. C’est une maladie relativement rare, mais ce n’est pas toi. Ce n’est pas de ta faute. Ce trouble prend naissance lorsqu’une personne se retrouve face à une situation qu’elle n’est pas en mesure d’appréhender. Une forme de traumatisme si tu préfères. Tu as dû être confrontée à des choses très dures. Nous allons nous voir et nous revoir. Je vais t’apprendre… vous apprendre à vivre ensemble. À cohabiter. Et, ensemble, nous allons découvrir ce qu’il t’est arrivé de si difficile que ton esprit ait dû créer ces alters pour t’aider à le gérer.
— Qui sont-ils ? demanda-t-elle. Comment s’appellent-ils ?
— Aujourd’hui j’ai parlé avec Devon. Il m’a parlé de Lily, de Dany, de Gale et de Brooklyn. Cependant, pour savoir qui ils sont, tu vas devoir apprendre à les connaître. À chaque séance, j’apprendrai à connaître chacun d’entre vous, mais ce qu’il faut que tu saches c’est que pour gagner leur confiance, tout comme la tienne, je vais devoir garder certaines choses pour moi. Mais je veux que vous appreniez à communiquer tous les six. Pour cela, vous allez tenir un journal.
Il lui répéta ce qu’il avait dit à l’aspirant militaire. Au bout d’un certain temps à l’écouter, Eden prit sa tête entre ses mains et se mit à pleurer.
— Mon père va me tuer, murmura-t-elle.
Le médecin pinça les lèvres. Il aurait aimé avoir le temps d’aborder davantage de sujets, malheureusement la séance était presque terminée et il avait un autre patient qui l’attendait.
— En parlant de ça, Devon m’a dit que tu te faisais battre par ton papa. Est-ce vrai ?
La jeune femme détourna les yeux, mais ne répondit pas.
— Tu sais que si tu ne dis rien, je ne peux pas t’aider, insista le médecin.
Mais la jeune femme secoua la tête négativement.
— Très bien. Sache en tout cas que dans cette pièce tu es libre d’en parler. Je vais devoir mettre fin à la séance, cependant nous nous reverrons bientôt. Je vais t’aider Eden, je te le promets. D’accord ?
La jeune femme haussa les épaules comme si elle n’en avait rien à faire, néanmoins il voyait ses yeux briller et se doutait que la nouvelle ne devait pas être facile à encaisser.
— Je vais devoir faire revenir tes parents. Sauf si tu veux me parler d’autre chose ? demanda-t-il en arrêtant son hypnose.
— Je n’ai rien à dire.
Il se leva donc et fit entrer le couple dans le bureau. Il les fit s’asseoir sur le sofa, près de leur fille, avant de se rasseoir sur la chaise.
— Alors, vous savez ce qu’elle a ? demanda son père brusquement. Elle est barge ?
— Herbet ! s’écria sa femme scandalisée.
Le médecin croisa les doigts et prit une grande inspiration.
— Eden a un trouble dissociatif de l’identité.
2 commentaires
Chaos Ipa
-
Il y a 3 ans
Selina Valentines
-
Il y a 3 ans