Fyctia
Chapitre 3
Devon avait enfilé un treilli militaire avec un débardeur noir. Il avait mis une brassière pour que la poitrine ne soit pas trop opulente et avait caché la longueur des cheveux sous une casquette. Pourtant, lorsqu’il rejoignit ses parents, c’était Eden qui était aux commandes. Il avait juste prévu de s’entretenir avec la psychiatre, hors de question de dialoguer avec des fanatiques inintelligents.
Lorsque Eden reprit le contrôle, elle se sentit à nouveau déphasée. Que s’était-il passé ? Quelle heure était-il ? Lorgnant sur sa montre, elle découvrit qu’elle avait juste le temps de rejoindre ses parents pour se rendre à son rendez-vous. Elle faillit néanmoins tourner de l’œil lorsqu’elle passa devant la glace de la salle de bain pour se rafraîchir le visage. C’était quoi ce bordel ?
La jolie blonde était une fille plutôt féminine habituellement. Elle portait des lunettes à la monture carrée et aimait se sentir jeune femme. Non pas qu’elle cherchait à faire tourner la tête des jeunes hommes, non elle ne pensait pas encore à cela, mais elle voulait se sentir à l’aise avec son corps parce que ça n’avait pas toujours été le cas. Elle avait souvent été critiquée de garçon manqué dans son enfance et cela l’avait relativement traumatisée. Elle avait donc appris à se coiffer, elle s’était fait raser une partie de la tête dans un style un peu rock, elle s’habillait de manière à se mettre en valeur et elle rêvait de se faire tatouer. Quoi ? Elle ne le savait pas encore. Cependant, les motifs dessinés à l’encre sur le corps l’avaient toujours attirée. Évidemment, sa mère ne lui avait pas donné son accord et, comme elle était encore mineure, elle ne pouvait pas le faire sans son autorisation. Accroc de dessin, elle avait commencé à dessiner les différents motifs de ce qu’elle voudrait avoir sur la peau et avait un carnet pratiquement rempli.
Tout ça pour dire que cette tenue ne lui ressemblait absolument pas. Malheureusement, ses parents étaient déjà en train de l’appeler et les brûlures qu’elle ressentait sur son dos prouvaient que son père ne se montrerait aucunement patient envers elle. Alors, au lieu de se changer comme elle l’aurait souhaité, elle courut pour les rejoindre. Elle prit tout de même le temps de ramasser son sac à main où se trouvaient toujours son carnet et ses crayons. Après tout, on ne contrôlait pas l’inspiration, c’était elle qui nous contrôlait.
— Je suis là papa ! s’écria-t-elle en faisant une glissade dans l’entrée alors que son géniteur était en train de bouillir d’impatience.
Il lui jeta un regard si dur qu’elle se sentit se recroqueviller intérieurement. Une part d’elle aurait tellement aimé être cette petite fille que son père portait sur ses épaules tout en sautillant pour la faire rire. Ce père qui lui avait donné une impression de réassurance et de protection. Mais cet homme-là avait disparu depuis bien longtemps. Aujourd’hui il n’en restait plus rien. En guise de réponse, il se contenta de grogner et leur ouvrit la porte.
Avec le réchauffement climatique, les températures étaient en hausse aux périodes estivales, voire même en dehors. Et donc, pour ne pas changer, il faisait extrêmement lourd et chaud, sans compter les émanations de pollution qui les asphyxiaient. Parfois ils étaient même obligés de sortir les masques à gaz. Raison pour laquelle ils en avaient également dans leur véhicule.
C’était une vieille Jeep de la période “post-apo”, comme ils l’appelaient. Seules les personnes les plus fortunées en avaient. Sinon, ils devaient utiliser les cars de service qui voyageaient entre les différents campements pour se déplacer. Ou y aller à pied. Sauf que lorsque les personnes utilisaient ce mode de transport, beaucoup ne revenaient jamais et on en ignorait totalement la cause. La Maison de Défense Paranormale devait supposément protéger le peuple contre ce qui se cachait là-dehors, sauf que personne n’était capable de dire ce qu’était ce “qui”. Les spéculations allaient bon train entre les aliens, les zombies et autres idées tirées des reliquats filmographiques de l’ancienne humanité. Il fallait dire qu’ils en avaient eu des idées sur une supposée fin du monde. Au lieu de quoi, ils avaient cette vie ennuyeuse à mourir, enfermés dans des camps bien organisés, essayant de tous survivre à la mort de la planète Terre.
Une fois dans la voiture, Herbert attendit que tout le monde mette sa ceinture de sécurité. Il s’était toujours entêté à vouloir qu’ils se protègent de la sorte. Ce n’était pas vraiment comme s’ils risquaient un accident avec un autre véhicule. La jeune femme se demandait parfois s’il savait quelque chose que les autres ignoraient. Malheureusement, elle n’oserait jamais le lui demander. Pas avec la relation conflictuelle qu’ils avaient.
Il conduisit prudemment et ils arrivèrent pile à l’heure dans le camp Médica par AnimalZ. La société possédait plusieurs camps : en dehors du médical ils avaient aussi un pôle pharmaceutique, un pour la recherche et un autre pour les expérimentations.
Eden n’était jamais venue ici. Il fallait le reconnaître, si la famille Stanford avait un joli mobil-home, il faisait pâle figure avec ceux qui se trouvaient ici.
4 commentaires
Morgane Rigan
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Il y a 3 ans
Selina Valentines
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Il y a 3 ans
Selina Valentines
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Il y a 3 ans
l’alchimiste
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Il y a 3 ans