Fyctia
Ma veste et mes clopes.
Ils sont tailladés à travers tout le corps de larges scarifications fraîchement ouvertes d’où s’écoule lentement du sang noirci et suinte du pus. Le temps de la stupéfaction, mon instinct de survie réagit avant même que mon cerveau ne commande mon index qui tient la gâchette. C’est une saccade de six coups en pleine tête qui stoppe ces fous assoiffés de sang. Ils s’effondrent à mes pieds, l’un des deux a quelques soubresauts puis plus rien. Mais déjà, d’autres ont pénétré dans ma chambre. Je vise et je tire sur le plus proche, puis je recommence sur le suivant qui tente d’enjamber le lit, mais tombe foudroyé par une balle en plein front, le troisième est déjà sur moi, je tire, la balle éclate son œil et ressort de l’autre côté de son crâne. Dans sa lancée, il s’affale sur moi et m’entraîne dans son élan me faisant heurter la fenêtre.
Deux autres se ruent sur moi, armés d’une tige d’acier pointue, j’ai juste le temps de me couvrir avec le corps de celui que je viens de descendre. Les tiges se plantent dans son dos, j’entends un bruit de craquement, l’une d’entre-elles, traverse le corps que je maintenais pour me protéger. Je vois mieux, ce sont des tisonniers de cheminée. Ils ont du mal à retirer leurs armes trop profondément plantées dans le corps de leur congénère, j’éjecte le chargeur vide de mon PA et j’enclenche le suivant. Ils sont parvenus à retirer leur terrible pointe d’acier au moment où d’un tir sec et précis, je leur loge à chacun une balle en plein front. Leurs yeux se révulsent puis ils tombent à la renverse. Les deux gendarmes font leur apparition, en nage, les yeux dans le vide. Dans ma chambre, il y a sept corps baignant au milieu de flaques de sang noir et nauséabond. Grosjean contemple la scène et me regarde :
— Et encore inspecteur, vous n’avez rien vu, dans le couloir, c’est un véritable carnage. Crespau et moi, on a bien cru que l’on y passerait.
Sans un mot, je me saisis de ma veste et de mes clopes, je pense à Rachel, putain elle est en grave danger. Je sors de ma chambre, mais je marque un instant d’arrêt, tout le long du couloir jusqu’au fond, ce ne sont que cadavres empêtrés les uns sur les autres. Je n’ai vu ça qu’une fois dans ma vie, c’était en Allemagne. Crespau en fait d’ailleurs la remarque :
— Putain les gars je ne pensais plus jamais voir ça de ma vie.
Au fond, une porte de chambre s’entrouvre doucement, dans son entrebâillement, nous apercevons un visage de femme et celui d’un enfant apeuré. Par reflex nous braquons nos armes en sa direction. La dame s’écrit :
— Ne tirez pas, Messieurs, je suis seule avec mon petit garçon.
— Fermez votre porte à clef Madame, et n’en sortez pas jusqu’à l’arrivée de la police.
— Mais Messieurs, c’est vous la police.
Nous nous regardons interloqués, Grosjean reprend :
— Oui bon et bien, n’ouvrez pas tant que nous ne sommes pas revenus.
Crespau s’adresse à voix basse à Grosjean :
— Oui, mais si nous ne revenons pas Grosjean ?
Je réponds à la place du maréchal des logis :
— Je crois bien qu’à ce moment-là, il n’y aura plus grand monde pour s’en inquiéter.
Les deux gendarmes me fixent d’un air grave. Puis nous entendons la voix d’un petit garçon.
— Tu vois bien maman que j’avais raison, j’avais bien vu un monstre hier.
— De quel monstre parle-t-il, Madame ?
— De la jeune dame qui a sa chambre juste à côté de la vôtre, mais d’ailleurs je crois que vous la connaissez, il me semble vous avoir aperçu ensemble.
— Vous voulez me parler de Rachel ? Ma co-équipière ?
— Bein, si c’est comme ça qu’elle s’appelle, oui c’est elle.
Le petit garçon reprend :
— Mais elle n’était pas comme eux Monsieur, elle ressemblait plutôt à… comme sur le livre, tu sais maman, la créature de la nature. Elle fait peur, mais j’ai compris qu’elle ne me voulait pas de mal.
Tout se bouscule dans mon esprit, je me souviens de ce que me disait Rachel.
« Parfois, la réalité n’est pas ce que l’on voit, et que disait-elle hier à Liotta ? J’ai entendu qu'elle tentait de la rassurer, elle lui a dit “Il n’y a pas que de méchants monstres et de méchantes sorcières, il y en a aussi des gentils.” »
Oh, mon Dieu, mon amour ! D’où arrives-tu ? Et où vas-tu ? Je ne veux pas te perdre.
— Bon inspecteur qu’est-ce que l’on fait ? Il ne faut pas trainer.
— Ne nous laissez pas ici mon garçon et moi, je vous en supplie !
— Non madame restez dans votre chambre, vous y serez plus en sécurité, si vous veniez avec nous, nous ne ferions que vous exposer.
Nous enjambons les dizaines de corps qui jonchent le long couloir, il y en a de partout, l’escalier en est rempli, nous devons en pousser quelques-uns vers le bas, ils glissent jusqu’au pied de l’escalier. Nous parvenons à sortir de l’hôtel-restaurant. En bas, c’est aussi dramatique, les patrons ont dû se défendre avec un fusil de chasse, mais ont dû finalement succomber sous le nombre. Dehors, c’est une vision d’apocalypse qui s’offre à nous. Partout des scènes de meurtres, ceux qui ne se sont pas transformés sont les victimes des monstres défigurés et scarifiés.
Une pensée vient me glacer le sang, tout me revient, hier Liotta et Rachel ! Elles décrivaient exactement ces individus. Quel con je fais ! Je n’ai pas voulu les croire, pardonne-moi mon Amour, j’arrive. J’ouvre la portière de ma voiture j’entre la clef dans le commodo, je la tourne, mais il n’y a rien, je recommence l’opération toujours rien. Grosjean qui voit la situation me dit :
— Ce n’est pas étonnant Karl, aucun de nos véhicules n’a démarré, et les pannes d’électricité se multiplient.
— Les gars, il va falloir vous décider, il y en a qui arrivent, ils sont une dizaine. rétorque Crespau.
— Inspecteur ? demande Grosjean.
— Oui, je sais Grosjean, je fais mon possible, j’ai l’impression qu’elle a encore du jus.
J’insiste, je recommence, je tourne frénétiquement la clef.
— Inspecteur vous allez noyer le moteur, bon sang !
— Putain je sais ce que je fais Grosjean, occupez-vous de les tenir à distance !
— Maréchal des Logis ! Il y en a qui arrivent de là-bas ! Et puis de là-bas aussi, putain il en vient de partout ! C’est toute la ville qui est touchée ?
— Crespau, on a peu de cartouches, alors ne les gaspille pas.
— Tu me l’as déjà dit, je sais ce que j’ai à faire. Alors, inspecteur, elle veut partir cette putain de Peugeot ?
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Léoneplomb
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Jean-Marc-Nicolas.G
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Véronique Rivat
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Lyaminh
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