Fyctia
Je m'ouvre à toi.
Nous arrivons à Dhuizon, la ville est impressionnante de silence, un silence de mort. Toutes les toitures, les rues et les véhicules sont recouverts d’une couche noire, luisante et poisseuse. L’odeur est insupportable, Karl place son cache-nez sur une partie du visage. Quelques passants retardataires s’empressent de rentrer chez eux posant leurs mains ou un mouchoir sur leur nez.
Nous pénétrons dans l’hôtel des Trois Châteaux, le bar restaurant est étrangement vide. Les patrons sont à la vitrine, ils ne nous ont même pas vus rentrer dans leur établissement. Ils sont trop absorbés par le phénomène qui semble les tétaniser. Nous nous regardons, malgré la porte refermée, les relents fétides pénètrent dans l’établissement.
Nous comprenons que ce soir nous n’aurons pas de repas, nous montons les escaliers qui nous mènent à nos chambres, nous ne disons aucun mot. Arrivés devant le long couloir, Karl me prend la main et sans un mot, il m’entraîne dans sa chambre. Il referme la porte, il fait sombre, mais le rideau est resté ouvert.
C’est en regardant cette pluie funeste que je succombe sous tes caresses, je m’abandonne à toi. Ton souffle chaud qui effleure mon visage et mon corps fait monter en moi le désir, je frissonne, tout mon être tremble, je me sens soumise, vulnérable entre tes mains et ta bouche gourmande qui explorent tout mon corps. Ton souffle et le mien se sont accentués sur le même rythme, je m’ouvre à toi comme une fleur, je suis prête à te recevoir en moi. Je te sens, c’est chaud, tu me prends, avec ton rythme de va-et-vient qui provoque des vagues de frissons qui se transforment en tremblements, puis en tressaillements. Je sens la tension qui m’envahit qui me perd dans un voile noir à en perdre la raison. Je me crispe, ça vient comme une immense vague que je ne pourrais pas retenir. Je tressaille encore et encore, puis c’est le premier spasme qui paralyse mon corps, mes membres de raidissent, je perds la vue, le voile devant mes yeux s’accentue. Mes gémissements se transforment en râles, pendant que le souffle de Karl s’accélère, son mouvement s’amplifie. Il me donne l’impression de vouloir pénétrer plus profondément en moi, ses muscles se raidissent, son membre gonfle et durcit de plus belle, je sens son liquide chaud tapisser et inonder mon intérieur. C’est la plainte d’un animal qui sort de sa gorge, pendant que la dernière vague balaie tout en moi, mes râles se transforment en cris que je tente de retenir en me mordant la main. Il me semble que son mouvement n’en finit pas, comme pour m’accompagner jusqu’à ma petite mort. Nos transpirations se mélangent, son corps s’effondre sur le mien, je sens encore sa respiration dans mon cou.
Il me chuchote « je t’aime Rachel », je suis heureuse, soulagée, épanouie. Je t’aime aussi, mon Karl. Il relève sa tête et nos regards se fixent. Ce que je vois en toi, mon amour, vaut tous les mots d’amour du monde.
Karl se couche à côté de moi, il se penche pour prendre une de mes cigarettes, il l’allume et me la tend, puis il fait de même avec sa gitane. Nous exhalons la fumée sans un mot, tout en regardant le plafond. Nous avons le sentiment qu’une page est tournée, nous sommes soulagés que ce soit arrivé, nous sommes parvenus au bout d’un chemin. Je sens le dos de sa main caresser ma hanche et le haut de ma cuisse, des frissons parcourent à nouveau mon corps. Il éteint sa cigarette et m’embrasse à nouveau. Je frémis encore et encore, sa bouche se pose sur mon bas ventre pour descendre jusqu’à mon entrejambe. Il arrive sur mes lèvres humides, les siennes fouillent et farfouillent, sa langue pénètre plus à l’intérieur, elle ouvre le deuxième passage. Je me tortille, mes hanches soulèvent mes fesses, mon clitoris est encore sensible, des décharges de courant me saisissent dans tout mon bas-ventre puis irradient tout mon torse et mes jambes. Mes cuisses tremblent, je pose mes mains sur sa tête comme pour l’enfoncer plus loin, plus profondément en moi. Mon esprit s’embrouille dans une exaltation symphonique. C’est une musique qui traverse mon esprit, je balance mon bassin à son rythme, je me trémousse, je remue à coups de boutoir mes hanches qui se déhanchent dans une danse de bien être à l’ode de la volupté. La deuxième vague est plus violente, plus puissante, plus douloureuse dans la jouissance de ce plaisir. Mon corps se contracte pour ensuite chuter sur le matelas. Je ne sens plus rien, je n’entends plus rien, je ne vois plus rien. Je flotte entre le sol et le ciel. Je me sens si apaisée, je m’endors dans les bras de Karl… c’est fini.
*
Je m’éveille, je suis nue, couchée sur un tabernacle de pierres sculptées tel un sarcophage, son écran de lumières douces, mais très lumineuses, entourent comme un halo mon joli petit corps. Je me relève et je m’assois sur le bord, le lieu obscur se révèle à moi, l’assemblée des Émissaires m’observe. J’ai une réaction pudique en tentant de cacher mes parties intimes avec mes mains. Je quitte le tabernacle luminescent et pose mes pieds sur un sol pavé, froid et humide. Je baisse la tête tout intimidée, mais je tente néanmoins de regarder les êtres de haute stature aux regards noirs et fixes. Ils semblent glisser dans l’espace, d’autres sur le sol. Leur longue tunique noire sur leur visage blanc presque inexpressif leur donne un air solennel et inquiétant dans une atmosphère presque mystique. Certains reprennent leur occupation quelques-uns se rapprochent. L’un d’entre eux se détache du groupe, il se penche légèrement pour s’adresser à moi, car sa stature est imposante, c’est Kāchān :
— Bonjour Rachel. Nous approchons du point de convergence des réalités d’existences. Le passage des mondes multidimensionnels va s’ouvrir. Le rythme de déroulement du Monde Noir ralentit pour se coordonner au monde tridimensionnel. Nous allons être visibles par les humains. L’ordre naturel de toutes choses va un temps se fixer.
— L’ordre de toutes choses, c’est cela Seigneur ?
— Oui, ce que vous les humains appelez l’ordre explicite et l’ordre implicite.
— L’ordre explicite et l’ordre implicite ?
— Oui, l’ordre explicite est le monde tel que le perçoivent les humains, l’ordre implicite, est le niveau profond de la réalité existant au-delà des quanta, les univers adjacents. Le Monde Noir en fait partit Rachel. Tu vas te rendre au manoir des frères Pendru comme nous l’avions prévu, tu y seras avant l’érection du labyrinthe, sinon, tu ne pourras y accéder. Les membres de la secte du Dragon Noir seront alors réunis, ils débuteront leur cérémonie.
— Et la petite Liotta Kāchān ?
— Quoi donc la petite Liotta ?
— Mais elle est en péril, je le sens, tu as dit qu’elle était prisonnière d’une probabilité dans laquelle elle pourrait succomber ?
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Véronique Rivat
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Il y a 4 ans
Sissy Batzy
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Il y a 4 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 4 ans
Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 4 ans
Lyaminh
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Il y a 4 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 4 ans
titineparet
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Il y a 4 ans
Jean-Marc-Nicolas.G
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Il y a 4 ans