Jean-Marc-Nicolas.G À la découverte des Anachorètes. Du café et du lait.

Du café et du lait.

— Je ne comprends rien de ce que vous me dites, ils avaient l’air d’être sincères, ils me disaient qu’ils cherchaient à s’emparer d’eux.

— Mais Rachel, ils t’ont dit la vérité, celle que tu cherchais. Mais toi, tu recherches bien celui qui commet ces actes ?

— Oui, mais dois-je comprendre que ce ne sont pas les frères Pendru ?

— Non, pas ce qui provoque ton enquête, il y a une association d’actes que par ta sensibilité tu as capté inopinément. Ils le savent, ils l’ont compris, ils se servent de toi en quelque sorte pour les aider à s’emparer d’eux. Ils influencent le dragon dans son esprit pour qu’il commette les mêmes actes horribles qu’ils ont commis auparavant.

— Je suis perdu, je ne comprends plus.

— Le dragon, Rachel, le dragon, il habite sur une partie de lui, c’est lui. Si tu l’arrêtes, tu feras cesser ses actes. Et les autres, les frères Pendru seront sans support physique dans ton monde. Va maintenant, tu dois partir.


J’entends derrière moi, un réveil sonner, je regarde la foule qui se recule. Les gens ont tourné leur attention vers le son du réveil. Je regarde à mon tour, je le vois de forme molle et déformée. C’est bien un réveil, il reprend une forme normale, il est immense, le monde fabuleux qui m’entoure commence à se dissoudre. Je ne veux pas partir, je cherche quelque chose pour m’y accrocher, car je commence à être attiré vers lui. Je parviens à m’emparer d’un lampadaire en fonte de couleur verte. Je crie que je ne veux pas partir de ce monde, je ne veux pas qu’il me quitte. Les gens qui auparavant étaient bienveillants, me tournent le dos et s’éloignent de moi.

*

J’ouvre les yeux, le réveil de mon père posé sur la table de chevet sonne, sonne ! Ma main tient fermement le barreau de la tête de lit. Je continue de crier que je ne veux pas partir, je veux rester dans leur monde. Karl, tape contre la cloison.


— Rachel ? Ça ne va pas ?

— Ça va Karl, j’ai juste fait un cauchemar. Ne t’inquiète pas.

— Bon, on se voit dans un petit instant en bas dans la salle du restaurant ?

— Oui, je me prépare et j’arrive dans un petit instant.

— Pressez-vous, il est déjà huit heures.

— Je fais aussi vite que possible.

— Oui, bon, mais n’oubliez pas de mettre une culotte et un pantalon.


Je l’entends s’esclaffer. L’imbécile ! Je me rends dans la salle de bain, je rentre sous la douche, putain j’ai oubliée de retirer mon tricot ! Le con, ce type me fait faire des conneries. Je souris, et je me répète : « le con ». L’eau s’écoule sur mon corps, elle me fait du bien. Je sors de la cabine, je m’essuie. Comme d’habitude, j’ai mis de l’eau partout au sol. Je charge ma brosse à dents de dentifrice. Je n’aime pas avoir cette mauvaise haleine du matin au cendrier froid. Je me regarde, j’aime mon corps, j’ai de beaux seins, j’aime mon ventre plat et son petit nombril. J’écarte mes cuisses, j’aime aussi leur galbe. Merde ! Il faudra que je m’épile. Je me retourne, je regarde mes petites fesses et la cambrure du bas de mes reins. Je me mets sur la pointe de mes pieds, putain, pas mal la gonzesse. Oui Rachel, j’ai envie de toi, de te bouffer le cul et puis la chatte. Oh oui Karl… enfonce-moi ta langue bien profond… ouiii là, puis je cesse de parler, je me regarde à la glace. Je réalise que je me suis encore perdue dans mes élucubrations.


Ma pauvre Rachel, tu es complètement dérangée du bulbe, s’il savait, je ressentirais la honte de ma vie. Il y a quelque chose qui ne va pas chez moi. C’est l’autre dérangé qui m’a complètement pervertie, j’ai perdu mes repères. Concentre-toi Rachel et achève cette affaire. Oui, mais avec ce que t’a dit le type… un dragon, c’est cela ? Oui, un dragon qui habite sur une partie de lui. Je m’esclaffe. Mais quelle conne tu fais ! C’était un rêve que tu faisais Rachel.

Clément a raison, mon esprit me joue des tours. Putain de schizophrénie paranoïde ! En plus de cela, il a fallu que je me fasse les deux. La schizophrénie ne suffisait pas, non, il a fallu que je me coltine une paranoïa en plus de cela ! Et pas n’importe laquelle, le Monde Noir, le Monde des Anachorètes. Putain la nana, elle a de l’imagination…

*

Je rejoins Karl déjà assis lisant le journal local tout en trempant sa tartine de beurre dans son grand bol de café.


— Ah Rachel, as-tu bien dormi à part les cris du matin ?

— Oui, comme un loir. J’étais épuisée.

— Avec ce que tu as enduré hier, ce n’est pas étonnant. Désormais, si nous devons retourner dans cette demeure ou dans un quelconque autre lieu de ce genre, il est hors de question que je te lâche d’une semelle.

— Je te remercie d’autant de sollicitude et d’attention, mais je suis une grande fille et je…

— Oui je sais, tu as subi un entraînement de commando, tu sais te battre et manipuler les armes à feu. Mais nous faisons équipe et nous devons nous couvrir réciproquement comprends-tu ? Suppose un instant que ce fou ou ces fous aient été là, cachés dans un coin à l’affût, prêts à bondir !

— Oui, eh bien Karl, tu as trop d’imagination, mais tu as raison nous devons nous couvrir mutuellement.

— Bon très bien, dépêche-toi de te repaître. Nos deux pépères en uniforme ne vont pas tarder d’arriver.


Je me sers un grand bol de café puis j’y verse du lait jusqu’à ce que la couleur devienne marron clair. Il m’observe me couper une grande tranche de pain, la tartiner de beurre mou et odorant, puis la tremper généreusement dans la boisson. Je dois me pencher de l’avant pour ne pas que ça dégouline sur la table, je le regarde. Je n’aime pas qu’il me regarde ainsi, cela me gêne.


— Pour quelle raison mets-tu autant de lait ?

— Parche que je n’aime pas le café, alors je le coupe avec du lait.

— Mais tu n’as qu’à mettre que du lait dans ton bol et le tour est joué. Tu n’auras pas à t’obliger de boire du café.

— Oui, mais j’ai horreur du lait, il me donne des haut-le-cœur, mais coupé avec du café, le goût passe. Quoi ? Pour quelle raison ris-tu ?


Je lui donne un coup de pied au tibia, il rit de plus belle. Décidément, cet homme me plaît, ce doit être son assurance et j’ai toujours aimé les hommes murs, ils me rassurent, mais celui-là est particulier. J’ai envie de lui et de la chose, je le sais ça vibre dans mon bas-ventre. Et puis merde, je vais devoir remonter pour me changer de culotte, je suis trempée. Putain de Rachel ! Tu ne crois pas qu’il y a d’autres soucis ? Ce n’est vraiment pas le moment.


— Bon quel est le programme aujourd’hui ?

— Nous allons rendre visite à la famille Saint-Pierre puis chez les Chabaud, puis voyons voir…


Nous sommes interrompus par Grosjean et Crespau qui arrivent.


— Ah Messieurs, bonjour, vous prendrez bien quelque chose ?

— Pour moi, ce sera un café et toi Crespau ?

— J’en ai déjà pris un à la brigade. Je vais prendre un petit blanc bien frais.

— Julie !


La serveuse s’approche de nous.


— Oui Étienne ?

— Un café serré pour moi et un blanc frais pour Julien.

— Très bien.

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19 commentaires

Léoneplomb

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Il y a 4 ans

On aura peut ětre droit à un peu d'amour en prime des fantasmes de Rchel ?

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 4 ans

Peut-être.

Isabelle-Marie d'Angèle

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Il y a 4 ans

C'est moi qui te debloque. Je reviendrais te lire dès que possible.

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 4 ans

Tu es une championne, ma championne du soir. Merci beaucoup Isabelle, ça me touche, à charge de revanche😉🥇🥈🌹

Lyaminh

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Il y a 4 ans

Un petit blanc dès le matin, oh la police !😀 L'enquête de Rachel qui cherche autant de réponses sur elle-même que sur ces disparitions de jeunes filles est palpitante et menée à un rythme qui ne faiblit pas. L'action est omniprésente, l'humour bien dosé, l'équilibre demeure entre réalité et noirceur dimensionnelle. Une plaisante découverte dont je me réjouis de poursuivre la lecture 👍😉😃

Jean-Marc-Nicolas.G

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Il y a 4 ans

Merci beaucoup, c'est une histoire palpitante qui méne inexorablement vers le dénouement, vers le cauchemar!
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