Debbie Chapiro A green Christmas Chapitre 6.1 - Othilie + Noor

Chapitre 6.1 - Othilie + Noor

Samedi 6 novembre 2026, 2h


Othilie

Quand j'arrive devant la porte de mon appartement, ma tête tourne de plus en plus. Heureusement que je n’avais qu’un étage à gravir. Je râle en constatant qu’on l’a verrouillée, mais je mets moins de deux minutes pour insérer la clé dans la serrure. J’avais oublié que rentrer ivre était un parcours du combattant. Est-ce qu’à trente ans, on a passé l’âge de ces idioties ?


En ôtant mes chaussures, je perds l’équilibre et trébuche. J'entraîne avec moi le vide-poche qui tombe dans un vacarme à réveiller un mort. En voulant me relever, je bascule en avant et me cogne la tête contre le mur. Ça fait un mal de chien, pourtant j'explose de rire.


— Tout va bien ? s’inquiète une voix bien trop sexy.


La lumière s’allume, m’agressant les rétines. Je reprends mon souffle et cesse de ricaner comme une hyène pour ânonner une réponse positive pitoyable. Noor s’approche de moi au ralenti. À moins que ce ne soit mon cerveau embrumé qui me joue des tours. Il se penche et saisit mon menton pour relever mon visage. Soudain, je n’ai plus du tout envie de rire. Je plonge dans ses iris obscurs avec, au choix, le désir de disparaître au fond d’un trou, ou bien de faire disparaître nos vêtements. Il quitte mes yeux pour inspecter mon front sur lequel une bosse doit déjà pousser. L’alcool ayant dilué le peu de contrôle dont je dispose, je lâche un soupir d’aise quand son index caresse mon hématome. Surpris, il capture à nouveau mon regard, comme s’il cherchait à lire en moi.


— T’aurais pas un frère jumeau par hasard ? murmuré-je.

— Hein ? Non, pourquoi ? s’étonne-t-il en s’éloignant de moi.

— Rien. Laisse tomber.


Je me redresse péniblement et me hâte – autant qu’une ivrogne le peut – de regagner ma chambre. Une fois la porte close, je suis partagée entre l’envie de rire ou de pleurer. Il doit me prendre pour une folle. À moins que cette vision de moi éméchée ne lui ravive la mémoire. Je ne sais pas ce qui serait le pire des deux.

Noor

Cette femme est un sacré phénomène. Je ne saurais dire ce que, la voir dans cet état, provoque en moi. Me faire réveiller en pleine nuit par un vacarme pareil m’a mis en alerte. J’ai imaginé un cambrioleur, ou qu’elle rentrait avec un mec pressé de la faire sienne. Et je ne sais pas quelle situation des deux m’a le plus glacé.


Quand je l’ai découverte au sol en train de se frotter le front, je n’ai pas pu m'empêcher de m’inquiéter pour elle. C’est bien normal, non ? Mais je n'étais pas préparé à frémir en touchant le velouté de sa peau, ni à ce que notre proximité allume une étincelle de désir.


Sa question a eu le mérite de me remettre les idées en place. Est-ce que j’ai un frère jumeau ? Rien que d’y penser, je ricane tout seul dans ma chambre. C’est donc sa meilleure hypothèse pour expliquer mon amnésie ? Au moins, elle doute et, au fond, ça me soulage. Je ris jaune parce que je me sens plus coupable de ce mensonge que j’aurais souhaité. Mais finalement, il est la barrière invisible qui m’empêche de tenter quelque chose avec elle.


Est-ce une habitude chez elle de s’enivrer tous les week-ends, ou bien est-ce à cause de ma présence ? Elle semble dans un meilleur état que la dernière fois, mais je me trompe peut-être. Et si elle était en train de s'étouffer dans son vomi dans la pièce voisine ? Et si elle avait une commotion cérébrale ? Ou si elle avait sombré dans un coma éthylique fatal ? Je devrais peut-être jeter un œil pour vérifier.


Je me faufile hors de mon antre et frappe quelques coups à sa porte. Pas de réponse. Je l’appelle. Toujours rien. Finalement, je pousse le battant. Une petite lampe de chevet éclaire la pièce. Othilie est couchée en position fœtale sur le bord du lit. Je m’approche et constate que ses yeux sont ouverts, bien qu’un peu vitreux. La douce lumière se reflète dans ses yeux d’opale. Des larmes bordent ses paupières et certaines ont déjà mouillé son oreiller. Je m’agenouille près de son visage en gardant une certaine distance. Pourtant, mon trouble fait naître des pulsions protectrices qui me sont méconnues.


— Othilie ? Tout va bien ? susurré-je.

— Je suis désolée, sanglote-t-elle en reniflant. Je suis ridicule.

— Mais non, enfin.

— Ça ne m'arrive pas souvent, je t’assure. Ne va pas croire…

— Je ne crois rien. Est-ce que tu as mal ? demandé-je en écartant sa frange pour caresser son front.


Elle nie de la tête. Pourtant, la pulpe de mes doigts continue de courir sur sa peau laiteuse. Je place quelques mèches de cheveux derrière son adorable oreille. Puis j’essuie ses larmes en m’attardant sur ses pommettes rebondies parsemées de taches de rousseur. Ses yeux ne quittent pas les miens. Mon souffle se coupe, alors que mon cœur bat jusque dans mes doigts.

Bon sang, qu’est-ce que je fabrique ?

Je recule un peu trop vite, comme si l’étincelle de désir m’avait brûlé. Ses sourcils se froncent.


— Est-ce que je peux t’aider à t’installer ?


Elle acquiesce. Je la soulève pour tirer la couette et la border avec délicatesse. Je retourne dans la cuisine pour lui apporter un verre d’eau et une bassine que je dépose à côté d’elle. Puis, j’éteins la lumière.


— Pourquoi es-tu si gentil ? chuchote-t-elle dans l’obscurité.

— Je ne suis pas gentil. Je suis juste le mec qui ne boit pas. J’ai l’habitude de m’occuper de mes potes en fin de soirée. Bonne nuit, Othilie.

— Demain, j’aimerais qu’on parle de mon dossier, lance-t-elle alors que je quitte la pièce les mains tremblantes.

— On verra ça demain, oui.

— Noor ! Je n’aurais jamais deviné, conclut-elle pour elle-même.


Un frisson me dévale l’échine en l’entendant prononcer mon prénom avec un parfait accent arabe. Ce R roule sur son palais comme il cascade dans tout mon corps. Je retourne me coucher sans pour autant trouver le sommeil.

Bordel, c’était quoi tout ça ?

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18 commentaires

Mayana Mayana

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Il y a 5 jours

Ça chauffe ça chauffe... Mais toujours avec les gestes barrières encore 🤣

Debbie Chapiro

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Il y a 5 jours

Ahah oui c'est complètement ça

Marie Andree

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Il y a 6 jours

Il est vraiment très attentionné... et frustrant, aussi... 😁💕

Debbie Chapiro

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Il y a 6 jours

Et c'est que le début. Vive les slow Burn.

Scriptosunny

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Il y a 6 jours

J'aime beaucoup la douceur qu'il y a entre eux. Noor est un homme attentionné, j'espère qu'Othilie s'en souviendra le lendemain matin 😍

Debbie Chapiro

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Il y a 6 jours

Oui espérons 😅
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