Candace Lovely À deux sous la Neige Une livraison douce-amère 2.2

Une livraison douce-amère 2.2

Mais elle était déjà en train de s'affairer à l'intérieur, s'attendant à ce que je la suive. J’hésitai, puis j’entrai. L'odeur du pain chaud et du caramel me fit l’effet d’un câlin. La boulangerie était une merveille de plateaux de pâtisseries et de maisons en pain d'épices, certaines à moitié construites et d'autres décorées avec des détails immaculés. Des rubans pendaient à chaque étagère et la musique de Noël grésillait sur une vieille radio dans un coin.


« Je n'attendais personne aujourd'hui, dit-elle d'une voix enjouée en approchant un tabouret du comptoir. Je l'espérais pourtant. Ils annoncent de la neige. Je pensais que ça vous découragerait.

— Ça aurait pu, admis-je en posant la boîte sur le comptoir. Mais nous avons encore beaucoup de choses à livrer. »


Je pris une photo du colis, et lui présentait le scanner où elle s’empressa de signer, bien que son attention se portait sur la fenêtre.


« C'est votre ami là-bas ? On dirait qu'il est collé à cet engin. »


Je ne pus m’empêcher de rire.


« C'est à peu près ça. Il supervise. Et il aide, au besoin.

— Il supervise depuis son derrière, n'est-ce pas ? C'est typique des hommes. Ils pensent toujours qu'ils gèrent quelque chose rien qu'en respirant le même air. »


Sa déclaration me pris au dépourvu, et je m’esclaffai. Elle sourit, les mains posées sur les hanches.


« D'où venez-vous, ma chère ? demanda-t-elle soudain, les yeux pétillants de curiosité.

— De Guyane. »


Je m'attendais au cliché qui allait suivre. Je pouvais presque l'entendre venir : une remarque à propos d'îles, d'animaux ou de tout autre chose que les gens pensaient connaître.


Au lieu de cela, son visage s’adoucit.


« Cela doit être un grand changement de venir ici.

— Un peu plus froid que ce à quoi je suis habituée. »


Elle m’offrit un regard compatissant, comme si elle pouvait sentir l’épuisement que j’essayais de camoufler.


« Eh bien, vous vous en sortez bien, n'est-ce pas ? J’en suis sûre. Vous avez un bon esprit. Ne les laissez pas vous épuiser. »


J’ignorai pourquoi ces mots résonnèrent autant en moi, mais ils réchauffèrent mon cœur triste.


« Je ferai de mon mieux. »


Satisfaite de ma réponse, elle m’indiqua un plateau de biscuits de glaçage rouge et vert.


« Prenez-en quelques-uns avec vous. Vous avez tous les deux l'air d'avoir besoin de quelque chose de sucré.

— Oh, non, c’est…

— Pas de ça avec moi. Vous travaillez d’arrachepied pendant que l’autre ne fait rien. Considérez ça comme une prime de Noël. »


Avant que je puisse protester, elle avait emballé une demi-douzaine de biscuits dans un petit sac en papier et me les avait mis dans les mains. Je la remerciai, sentant se répandre en moi une chaleur qui n'était pas seulement due au sucre. Elle me raccompagna à la porte et je fis un pas en arrière dans le froid, en rangeant le sac sous mon bras.


Lorsque je remontai dans le camion, Julien me lança un regard peu amical.


« Tu as pris ton temps.

— La boulangère voulait discuter un peu.

— Nous avons un emploi du temps chargé, tu sais. Ce n'est pas une visite de courtoisie. »


Je roulai des yeux, à court de patience.


« Ça a pris deux minutes, Julien. Tu survivras. »


Ses yeux se portèrent sur le sac en papier, les sourcils levés.


« Qu'est-ce que c'est ?

— Des biscuits, répondis-je en froissant le sac en papier pour l'agacer. Elle a dit que c'était pour celui qui faisait le gros du travail. Oh, quant à ton café, tu vas devoir t’en passer.

— Super. Je vais donc mourir de soif. »


Je haussai les épaules et pris un cookie avant de refermer le sac et le glisser derrière mon volant.

En reprenant la route principale vers Ris-Orangis, je laissai le biscuit fondre sur ma langue, savourant son goût sucré et festif. Julien restait dans sa bulle logistique, gérant à distance qu’importe ce sur quoi il bossait en règle générale. Une partie de moi avait envie de lui demander pourquoi il était là, pourquoi il n'avait pas laissé quelqu'un d'autre le remplacer.


Mais je me tus. Je n'étais pas d'humeur à déclencher une dispute.


La circulation s'intensifiait à mesure que les voitures s'entassaient sur la N104. À côté de moi, Julien rangea son téléphone, reportant son regard sur la route avec une expression qui pourrait glacer la Seine.


« Peut-être que si tu n'avais pas perdu ton temps à papoter, on ne serait pas coincés dans cette galère.

— C'est vrai. Parce que deux minutes dans une boulangerie ont semé le chaos dans toute la ville. »


Il ne répondit rien, se contentant de regarder par la fenêtre avec la même expression acerbe. Je pris une autre bouchée du biscuit, plus fort que nécessaire. Il me jeta un coup d'œil et roula des yeux, mais ne dit rien d'autre.


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2 commentaires

Nana Rose

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Il y a 15 jours

Trop mims la boulangère en vrai 👀🥰

Candace Lovely

-

Il y a 15 jours

Haha, il en faudrait plus des comme ça. Mais force à tous nos boulangers, surtout en période de fêtes
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