Fyctia
Chapitre 10 - Partie 2
Ce n’était pas la première fois que je combattais plusieurs ennemis à la fois, je savais ce que j’avais à faire. Concentrée au maximum, encerclée, j’attendis qu’ils passent à l’attaque.
— Rends-toi, ça ira plus vite. On ne te veut aucun mal, conseilla l’un des verts.
Ses paroles n’avaient rien d’agressif, mais il pouvait toujours rêver. Me rendre serait le pire déshonneur qui soit. Par ailleurs, je doutais qu’il aurait fait cette offre à un homme.
— Venez plutôt vous battre ! Vous avez peur de vous prendre une raclée par une fille ?
Ils ricanèrent mais restèrent méfiants. Contrairement aux Ardents, les Terrestres n’étaient pas arrogants et ils connaissaient tous la réputation de l’Académie Céleste. Ils étaient donc plus intelligents que la moyenne, c’était bien. Mais ça ne leur suffirait pas.
J’aperçus du coin de l’œil Zoryn s’éclipser de leur camp, la bannière verte sous le bras, et ce fut le signal pour moi. Sans attendre une seconde de plus, j’envoyai mon pied percuter le torse de l’un de mes adversaires. Un autre se jeta sur moi et je l’esquivai pour lui asséner un coup de coude à l’arrière de la tête. Dans mon élan, j’envoyai mon poing en direction du troisième mais fus stoppée net par une gerbe d’eau qui me sauta au visage.
Je toussai pour évacuer le liquide que je venais d’inspirer et ils en profitèrent pour tenter différentes techniques d’immobilisation. Je les contrai toutes malgré mes difficultés respiratoires. Lorsque l’un d’eux voulu à nouveau utiliser son pouvoir sur moi, je le retournai contre son propriétaire. Ses cheveux prirent feu et il se mit à hurler, sans comprendre ce qu’il venait de se passer. Son ami utilisa son élément de l’eau pour éteindre l’incendie capillaire et je profitai de la confusion pour me mettre à courir.
Une racine émergea soudain de terre et je trébuchai dessus, m’écorchant les mains et les avant-bras. La douleur fusa mais je n’en tins pas compte. Il n’y en avait qu’un à ma poursuite. Les autres étaient retourné en défense. Je lui fis alors face et enchainai plusieurs coups rapides dès qu’il fut à portée. Il para les plus évidents, en esquiva d’autres. Lorsque je pris appui sur la butte qu’il venait de créer pour me renverser au lieu de tomber dans son piège, il n’eut pas le temps de réagir. Une fois dans son dos, j’attrapai son bras et pressai de mon genou le point sensible qui fit fléchir le sien. Un craquement retentit lorsque je lui brisai le bras en le remontant dans son dos, disloquant au passage son épaule, dans un hurlement de douleur de sa part.
Je l’abandonnai là et me remis à courir jusqu’à parvenir au camp de base, à bout de souffle. Notre cabane avait subi plusieurs assauts, une partie était même à moitié calcinée, mais elle tenait toujours debout. Auris s’assura que nous étions tous rassemblés, Zoryn et les bannières en sécurité, pour sonner la retraite et nous positionner en défense. Les Ardents voulurent nous suivre, mais ce fut le moment que choisirent les bleus pour passer à l’attaque de leur côté. Il nous restait seulement un blanc et deux verts à affronter, tous trois rouges de colère après avoir compris que nous leur avions dérobé leurs étendards. Ils ne firent toutefois pas le poids face aux barrières de feu, de vent et de glace qui furent érigées de notre côté, amplifiés par mon propre pouvoir que j’utilisai discrètement. Quelques minutes plus tard, le cor marquant la fin de l’épreuve résonna. Nous avions gagné.
***
La fête qui suivit cette victoire fut digne des champions du jour que nous étions. Nous n’avions certes pas remporté les Sélections, mais la première épreuve était la seule collective. Tous les officiers supérieurs présents à la Capitale étaient venus nous féliciter en personne. Kester m’avait même adressé un clin d’œil complice et discret qui n’avait pas manqué de me faire sourire. Auris était bien sûr le grand héros. C’était lui qui nous avait mené à la victoire grâce à son plan. J’avais remarqué les regards approbateurs de plusieurs nobles posés sur lui, juste avant qu’ils ne se retirent pour festoyer au Palais. Nous étions plus ou moins du bétail pour eux, des chevaux de course tout au plus. Ils évaluaient nos compétences, notre apparence et tout un tas d’autres aptitudes dont ils pourraient avoir besoin. J’étais heureuse qu’Auris récolte les lauriers de cette réussite, la capacité de commander et mener à bien une mission était précieuse. Par humilité, il insistait sur l’effort commun, ce qui lui ressemblait tout à fait, mais c’était déplacée dans ce contexte.
— Alors ? Tu vises le poste de Kester ? taquinai-je Auris, un verre de vin à la main.
Peu habituée à boire de l’alcool, j’avais déjà la tête qui tournait.
Auris ricana.
— Sans façon ! Je vise un emploi plus tranquille, à la cour du Duc de Darmorf par exemple.
— Je ne suis pas sûre que ce soit très calme. Le château est à peine à un jour de cheval et le Duc passe la plupart de son temps ici.
Mon ami haussa les épaules en souriant par-dessus son verre. À ses yeux vitreux, il était clair qu’il avait déjà abusé de la boisson.
— J’aime bien la Capitale. C’est ici que tu souhaites être embauchée, non ?
— Dans l’idéal, confirmai-je en finissant le mien.
— Eh bien, voilà ! Ce serait parfait ça !
— Qu’est-ce qui serait parfait ?
— De continuer à te voir. On a grandi ensemble bon sang !
Je souris, obligée d’admettre que ses paroles m’attendrissaient un minimum.
— On verra bien ce qu’il adviendra. En attendant… Allons danser !
Je tirai sur son bras pour l’entraîner sur la piste, où plusieurs personnes se donnaient à cœur joie.
— Noooon ! Je suis mauvais en danse ! râla-t-il.
— Justement ! Si tu dois servir un Duc ou… une Duchesse, tu te dois d’améliorer toutes tes compétences.
Il souffla.
— Je ne vais pas me trémousser pour ces guignols.
— Et pour moi ? demandai-je en dégainant mon regard de chien battu.
Il me regarda en secouant la tête de dépit, un sourire amusé aux lèvres.
— Pour toi, non. Mais avec toi… Ce serait un plaisir. Par contre, si tu râles encore pour tes orteils, je m’en vais !
J’éclatai de rire et hochai la tête.
— Marché conclu !
Le lendemain serait une journée de repos pour tout le monde. Officiellement, il s’agissait de guérir de nos blessures. Je soupçonnais toutefois les officiers de nous permettre de profiter avant de passer aux choses sérieuses. Nous nous laissâmes donc aller à l’allégresse et dansâmes tous ensemble jusque tard dans la nuit.
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Oona Rose
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