Fyctia
Chapitre 9 - Partie 2
Ce que nous découvrîmes en foulant pour la première fois le sol qui accueillerait nos combats était à couper le souffle. De puissants Sanctifiés, au pouvoir élémentaire de terre, avaient créé un décor aussi riche que varié. Il était façonné de buttes, creusé de sillons d’eau, agrémenté d'une petite forêt luxuriante… Ce qui était autrefois un terrain de sable plat était à présent vallonné et verdoyant sous l’éclat intense du soleil. Je remarquai à peine les gradins bondés d’une foule compacte, prête à nous nous acclamer… Ou nous huer. Mon regard fut toutefois attiré par un espace plus aéré, très en hauteur afin de ne rien perdre du spectacle que nous allions offrir. Bien qu’il fût éloigné, je distinguai les dorures qui ornaient chaque fauteuil ou meuble, reflétant les rayons de l’astre au-dessus de nos têtes. Les silhouettes qui se sustentaient et riaient devaient être les membres de la famille royale accompagnés des ducs et duchesses. D’autres alcôves surélevées semblaient destinées aux autres nobles à la recherche de nouvelles recrues.
— On va leur en mettre plein la vue, souffla Auris qui avait suivi mon regard.
Un large sourire s’épanouit sur mes lèvres tandis que j’acquiesçai, me voyant déjà au service de l’un d’eux. Je n’avais qu’à réussir ces épreuves et alors… Ma vengeance serait enfin à portée de main. Cette perspective me fit presque trembler d’excitation, mais je repensai aux paroles de Kester, à ses punitions pour m’être laissée emporter par cette soif, et je me calmai aussitôt. Une chose après l’autre.
Notre groupe, dirigé par Auris que nous avions choisi à l’unanimité au poste de chef, rejoignit la maisonnette en bois qui nous servirait de camp de base. À l’intérieur, bien à l’abri, se trouvait la bannière dorée que nous devions protéger coûte que coûte. Pour ce faire, le plan était assez simple. Auris et Emerik, qui représentaient la force brute, seraient en première ligne afin de faire diversion. Ils recevraient le gros des attaques mais feraient également mine de tenter des percées. La seconde ligne était assurée par Pax et Dagan, ce dernier possédant le don de maitriser l’eau sous toutes ses formes. Quant aux faibles femmes que nous étions, Zoryn et moi nous cacherions en dernière ligne, à l’intérieur de la cabane, dernier rempart entre nos ennemis et la bannière.
C’était du moins ce que tout le monde penserait. Nous allions nous assurer que le maximum de candidats adverses nous voit entrer, puis nous nous éclipserions par l’une des petites fenêtres dès que la diversion aurait débuté. Notre tâche était de partir chacune de notre côté afin de dérober discrètement les bannières ennemies, sans nous faire repérer. Nous comptions beaucoup sur le fait que l’Académie Ardente nous sous-estime. Les quelques filles que nous trouvions uniquement à l’Académie Terrestre et à celle de l’Océan ne nous inquiétaient pas davantage, même si elles se méfiaient plus de nous que leurs comparses.
Un son de cor lança les hostilités dès que chaque équipe fût prête.
— Tout le monde a son poste ! ordonna Auris et tous obéirent. On va les écraser !
Des acclamations fusèrent dans notre groupe, mais aussi dans les gradins. Nous ne disposions pas du meilleur emplacement, cependant, nous n’étions pas en plein milieu de l’arène comme les Ardents. Nous étions à une extrémité, légèrement en contrebas d’un vallon, près duquel un ruisseau s’écoulait. L’environnement était suffisamment arboré pour que nous ayons pu conserver le plan initial et je m’empressai de m’enfermer dans la maisonnette en compagnie de Zoryn. Nous attendîmes le signal, un cri de guerre ridicule mais reconnaissable, pour nous faufiler discrètement hors de notre abri. Elle partit d’un côté, moi de l’autre.
Occupés qu’ils étaient à s’envoyer des bourrasques à la figure, à soulever la terre ou tenter de brûler mes camarades, les Ardents ne remarquèrent rien. L’Académie du Vent et des Océans étaient situés sur les buttes à l’est et à l’ouest, ce qui n’était pas une bonne nouvelle pour eux. Ils avaient un avantage, mais maigre puisqu’ils ne pouvaient pas s’allier comme ils projetaient de le faire. Je me faufilai donc avec discrétion vers celle du Vent, utilisant tous les éléments du décor pour me cacher. Heureusement, les vêtements en cuir que nous portions ne reflétaient aucun rayon de soleil et comme les armes étaient interdites pour cette épreuve, je ne portais rien qui puisse me distinguer.
La butte était gardée par deux des quatre membres de l’Académie. J’avais remarqué qu’un était parti tenter sa chance du côté des Ardents, puisque leur bannière rapporterait autant de points qu’ils possédaient de membres, tandis qu’un autre avait pris la direction des bois où se trouvait celle de la Terre. Ceux restés sur place n’avaient que peu de chances de me repérer, d’autant qu’ils étaient concentrés sur deux candidats rouges qui se rapprochaient de leur position. Je m’aplatis donc au sol et commençai à grimper le petit mont, lentement mais sûrement, à l’abri des herbes et autres rochers à disposition. Parvenue à destination sans encombre, je pénétrai dans la petite bâtisse par l’une des fenêtres et m’emparai de la première bannière.
Je rencontrai mon premier obstacle en ressortant. Il s’agissait de ne pas me faire remarquer, sans quoi notre plan tomberait à l’eau et nos ennemis comprendraient la stratégie d’Auris. Or, l’un des blancs remontait la butte en courant et je n’avais pas le temps de me cacher. Je fis aussitôt appel à l’énergie magique dont je disposais, tentant de démêler les dizaines de pouvoirs différents que je sentais tout autour de moi. Je parvins à me concentrer sur celui que possédait le poursuivant Ardent qui pouvait, par chance, contrôler la terre. Il n’était pas très puissant et n’était sans doute pas capable de faire ce que j’avais en tête, mais peu importait. Je visualisai la Source d’un éclat immaculé dans mon esprit, m’en imprégnai et fis jaillir mon pouvoir sous les pieds des deux adversaires. Le sol se déroba sous eux et les prit au piège dans une profonde crevasse. Tout le monde penserait que l’Ardent avait perdu le contrôle de son don, le décrédibilisant au passage, et j’étais débarrassée de deux ennemis.
Je pus me remettre en route sans rencontrer d’autre problème majeur, mais lorsque je remarquai Auris en difficulté au milieu de l’arène, je fis à nouveau appel à mon pouvoir pour lui venir en aide. Comme les deux premières lignes de notre camp utilisaient l’air et le feu, je fis naître une bourrasque incandescente bien plus puissante que la normale et repoussai les assaillants, rendant l’avantage à mon camp.
J’atteignis la forêt quelques minutes plus tard, la première bannière bien à l’abri dans mon pourpoint. Ici, mieux valait passer par les hauteurs si je ne voulais pas me faire repérer. L’Académie Terrestre comptait autant de membres que la nôtre et capturer leur sésame assurerait notre victoire. À condition que nous ne perdions pas notre propre étendard.
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