Fyctia
Chapitre 9 - Partie 1
Les quartiers étaient divisés en six zones aux confins de l’arène. Chaque établissement, au nombre de cinq, disposait de sa tente mixte afin d’y accueillir ses élèves, en plus de celle des officiers. La nôtre représentait l’Académie Céleste, dans des tons dorés censés représenter le soleil. Celle du Vent était blanche, la Terre présentait un subtil mélange de vert et de marron, l’Ardente était rouge et l’Océanique était logiquement bleue. Chaque établissement pouvait présenter jusqu’à dix candidats par an, mais en moyenne seuls cinq étudiants étaient en âge de participer. Cette année, nous étions une trentaine, et l’esprit de compétition se faisait déjà bien sentir. Plus tôt dans la soirée, Auris et Pax s’étaient engagés dans une rixe sans intérêt avec trois élèves de l’Académie Ardente, même si le nom n’était pas représentatif des pouvoirs qu’on y rencontrait. Ils étaient néanmoins les plus arrogants, ceux qui, contrairement à nous, avaient été envoyés volontairement par leurs parents souvent fortunés. Des seconds ou troisièmes fils. Aucune fille. Celles-ci étaient juste bonnes à marier, dans leur milieu.
Tout avait commencé suite à une remarque d’un dénommé Ymbert, qui nous avait conseillé à Zoryn et moi de nous trouver un mari et de leur pondre des gosses, ce qui était, selon eux, notre seul but dans la vie. Non seulement c’était aussi cliché que stupide, mais en plus, nous avions entendu bien pire. Nous avions choisi de l’ignorer, faisant ainsi preuve de maturité, comme cela était attendu de nous. Nos amis, en revanche, n’avaient pas pu s’empêcher d’intervenir. Ils en étaient ressortis avec quelques contusions et blessures mineures, mais surtout des remontrances de la part des officiers. Zoryn et moi ne les avions pas félicités non plus, du reste. Non seulement nous n’avions pas besoin d’eux pour nous défendre, mais en plus, en agissant comme si c’était le cas, ils nous insultaient passablement et nous faisaient passer pour de frêles créatures. Nous avions nôtre place ici, comme tout un chacun, et nous allions le leur prouver dès la première épreuve.
Les Sanctifiés les plus puissants du royaume avaient façonné le terrain de l’arène en attribuant à chacun un camp de base. Ils seraient situés en fonction des avantages ou handicaps distribués aux différentes Académies. Nous savions déjà que celles du Vent et l’Océanique seraient en hauteur, car ils n’avaient respectivement que quatre et cinq candidats à présenter. La Terre et nous-même, qui possédions six membres, serions probablement chacun à une extrémité de l’arène. Comme ils étaient huit, l’Ardente écoperait de l’emplacement le moins favorable. L’objectif principal de cette épreuve serait de capturer le plus de bannières adverses possible, tout en protégeant la nôtre.
Nous eûmes le temps d’établir plusieurs stratégies possibles dans la soirée et jusque tard dans la nuit. Zoryn espionna quelques bribes de conversations à droite et à gauche, nous permettant ainsi d’anticiper une alliance entre les bleus et les blancs. Les verts ne seraient sûrement pas un problème, mais les rouges, après l’altercation, allaient certainement vouloir notre peau. Ils pouvaient venir, nous les attendions. L’Académie Céleste n’était pas la plus prestigieuse pour rien, même si elle était composée d’orphelins sans-le-sou.
Une fois tout le monde endormi, moi y compris, je me réveillai soudainement en sentant une présence près de moi. Dégainant aussitôt la dague cachée sous mon oreiller, je la collai sous la gorge de l’intrus, prête à la lui trancher.
— Hey, tout doux, c’est moi, murmura Auris avec un sourire moqueur.
Je soupirai et rangeai mon arme, puis me laissai retomber sur ma couchette.
— Tu ne devrais pas dormir, toi ? Une grosse journée nous attend, demain.
Il haussa les épaules en s’allongeant à mes côtés, quitte à me pousser pour se faire une place. Lorsque je manquai de tomber du lit, il passa ses bras autour de moi et me serra contre lui, un air aussi amusé qu'insolent sur le visage.
— Je t’en prie, fais comme chez toi ! râlai-je à voix basse.
— Je sentais que tu avais envie que je vienne, alors comme je suis un parfait gentleman, je suis venu. Ne suis-je pas adorable ?
— Ce que tu sentais, c’était mon sommeil !
— Tu rêvais donc de moi ? Encore mieux ! Voilà que je réalise tes rêves… Mes talents ont-ils une limite ?
— Toi, tes talents et ton égo, vous allez surtout dégager de cette espèce de carpette !
Il rit doucement, une de ses mains caressant le bas de mon dos et me faisant frémir, puis déposa un petit baiser sur le bout de mon nez.
— Laisse-moi passer quelques minutes avec toi. Je serai sage.
Je soupirai à nouveau, plus pour la forme qu’autre chose, avant de céder. Je devais admettre que sa compagnie me faisait du bien. Il avait cette aura rassurante qui, en plus de sa carrure, me permettait de me sentir en sécurité et de me détendre avec facilité.
— Demain tu nous dirigeras. Tu as intérêt à briller si tu ne veux pas finir à la garde d’une maison pourrie au fin fond du royaume.
— Ne t’inquiète pas pour moi. J’ai un atout que personne ne soupçonne.
Ses lèvres effleurèrent les miennes et mon cœur s’emballa.
— Je ferai en sorte de ne pas te décevoir.
Et j’étais sincère. Je voulais qu’il réussisse car son avenir entier en dépendait. Il ne s’agissait pas que de moi, là. Ni de mes plans. Pour la première fois… Je réalisais que son bien-être comptait également.
— Tu ne le pourrais pas, même si tu essayais.
J’en doutais, mais je ne le contredis pas. Il serait certainement horrifié s’il savait pourquoi je faisais tout cela, mais ça m’était égal. Je ne le reverrais plus après les épreuves, ou de manière très sporadique. Je devais me concentrer sur le moment présent, sur la réussite de notre Académie, et en particulier celle d’Auris. Sans oublier la mienne.
Je dus probablement m’endormir car lorsque les premiers rayons de soleil percèrent à travers le tissu de notre tente, j’étais toujours blottie dans les bras musclés de mon ami. Bon sang ! Et Zoryn qui était debout en plus… Ainsi que Pax… Bon. J’allais la jouer cool et… Non mais depuis quand je la jouais cool ?
Je secouai Auris sans ménagement, le réveillant en sursaut.
— Il est l’heure de nous mener à la victoire, chef !
Il prit le temps de s’étirer en souriant avec effronterie.
— Encore deux minutes, chérie…
Je ne supportais pas ce genre de surnom et il en avait conscience, il ne fut donc pas surpris de se retrouver les fesses au sol une seconde plus tard.
— Non. Et ne m'appelle pas comme ça. Va chercher le petit-déjeuner, tiens. Ça t’apprendra à empiéter sur l’espace des autres ! lançai-je en me levant pour me préparer.
Il rit mais ne discuta pas. Une heure plus tard, nous étions en tenue dans les couloirs de l’arène, prêts à découvrir notre environnement.
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