Fyctia
Chapitre 6 - Partie 1
Le léger ronflement de Zoryn commençait à me taper sur le système et me donnait carrément des envies de meurtre. Je dormais mal depuis que nous avions quitté l’Académie et le moindre bruit avait tendance à me sortir de mon si précieux sommeil. Je m’imaginais l’étouffer à l’aide d’un oreiller pour qu’elle cesse ce vacarme. D’accord, j’exagérais, ce n’était pas si atroce que ça, mais j’avais les nerfs à fleur de peau et un besoin désespéré de repos. J’aurais mieux fait d’accepter la proposition d’Auris ! Comme nous n’avions pas de tente individuelle, nous aurions dû trouver un coin plus tranquille pour passer un peu de temps ensemble. Lui, au moins, ne ronflait pas.
Excédée, je finis par me relever pour prendre l’air après avoir enfilé mon pourpoint. Je n’allais pas me rendormir de sitôt, alors plutôt que de réfléchir aux multiples manières d’ôter la vie à Zoryn, mieux valait que je fasse un petit tour dans le camp.
Astor, l’un des quatre instructeurs chargés de notre escorte, montait la garde. Je me dirigeai dans le sens opposé, sans destination précise. Je ne supportais pas très bien l’inactivité, mais comme je ne trouvais rien à faire, je me mis à ramasser du petit bois pour alimenter le feu. Ce n’était pas nécessaire, nous en avions récupéré bien assez en début de soirée, mais ça m’occupait.
Il faisait bon en été dans cette région, mais une agréable brise fraiche permettait de se sentir à l’aise. Néanmoins, rien n’expliqua l’impressionnante chute de température que je perçus soudain, si brusque que de la chair de poule se forma aussitôt sur ma peau et me glaça les os. L’air s’emplit de magie et mon instinct se mis en alerte tandis que je retournais prudemment vers le camp.
Astor avait aussi dû sentir le changement, car il tenait son arme et épiait les bois alentour. Nous ne distinguions rien de particulier, mais nous savions au plus profond de nos êtres qu’il y avait un problème.
— Va réveiller les autres, me souffla Astor et de la vapeur se forma à ces mots.
J’obéis sans attendre et me dirigeai vers la tente la plus proche, sans toutefois l’atteindre. Une brume blanche et opaque venait d’apparaître face à moi et s’élevait rapidement, prenant une forme humanoïde qui me pétrifia sur place. Je pus bien vite y distinguer un visage décharné, tout bonnement monstrueux, ainsi qu’un corps squelettique. De longues jambes et des bras éthérés venaient compléter le tableau, m’offrant une telle vision d’horreur que mon instinct me hurla de prendre mes jambes à mon cou. Je le réprimai, tâchant de conserver mon sang froid.
— Des Spectres ! Tout le monde debout ! Nous sommes attaqués ! hurla Astor qui avait renoncé à toute forme de discrétion.
Je tentai aussitôt d’attaquer la forme fantomatique à l’aide de ma dague, sans succès. Celle-ci passait à travers la brume, la dissipant à peine une seconde avant qu’elle ne se reforme à l’identique. Le corps à corps ne serait d’aucune utilité, pas plus que nos armes, et ce constat renforça la terreur que j’éprouvais déjà.
Je reculai alors de plusieurs pas et remarquai que nous étions encerclés d’une bonne dizaine de ces abominations. D’autres émergeaient plus lentement à l’orée des bois. Si la plupart des humains ne pouvaient pas les voir, nous autres, Sanctifiés, avions au moins la chance de discerner nos ennemis.
Il ne fallut pas plus de quelques dizaines de secondes pour que les autres nous rejoignent, prêts à se battre. Zoryn me lança mon épée, que j’attrapai aisément au vol, puis je tournai instinctivement la tête à la recherche d’Auris. Celui-ci se tenait à l’autre bout du camp, aux prises avec un Spectre qui venait de passer à l’attaque. Son pouvoir élémentaire du vent parvenait tout juste à le repousser, mais pour combien de temps ? Les autres apparitions imitèrent leur compère et nous fondirent dessus, créant un élan de panique dans notre groupe.
— Resserrez les rangs ! hurla un autre garde.
Il était terrifié, et franchement, il y avait de quoi, mais il tentait comme moi de rester lucide malgré les assauts que nous subissions. Je me débattais et tentais de repousser les monstres sans y parvenir alors que leurs griffes acérées se plantaient dans ma peau, comme faites de glace. La douleur était presque insoutenable, mais je tenais bon. Mon épée continuait de trancher sans résultat et si nous ne trouvions pas une solution très rapidement, il était clair que nous n’allions pas survivre.
Les autres ne s’en sortaient malheureusement pas mieux et les grognements de douleur fusaient de toutes parts. Il nous était tout simplement impossible d’obéir au garde. De longs doigts translucides nous agrippaient les chevilles, nous déstabilisaient et entamaient nos chairs. Mes compagnons étaient ensanglantés, à bout de souffle et d’idée.
— Que quelqu’un ramène l’épée d’Ugfold ! ordonna soudain Astor en usant de son pouvoir pour repousser un assaillant.
Je le bénis intérieurement d’y avoir pensé et retrouvai un semblant d’espoir dans cette situation qui en était pourtant dépourvue. Cette lame de cérémonie était forgée d’un acier capable de nous débarrasser d’eux, sans toutefois les tuer. Nous l’avions justement emportée à l’occasion de celle qui suivrait la Sélection. Elle était cependant conservée à l’abri dans son écrin spécial. Comme Gwen était la plus proche, elle disparut aussitôt dans la tente concernée, accompagnée d’un garde.
Alors que j’esquivais un Spectre pour mieux me faire lacérer le flanc par un autre, Emerik tomba soudain à terre près de moi. Il hurla de douleur lorsqu’une main décharnée lui lacéra le torse et je lui tendis la mienne pour l’aider à se relever, l’écartant momentanément des apparitions monstrueuses. Il me remercia d’un hochement de tête et nous tentâmes de nous diriger ensemble vers les autres.
Malheureusement, les revenants s’infiltrèrent entre nous et je le perdis de vue. Ils nous déchiraient la peau, arrachaient nos vêtements et nous isolaient les uns des autres pour mieux revenir à la charge. Les cris d’horreur et de douleur étaient les seuls sons qui me parvenaient. Quand je sentis une nouvelle entaille se former dans mon dos et le sang chaud s’écouler de mes blessures, je ne pus pas davantage retenir une plainte.
Je savais que je n’avais pas le choix. Si je voulais survivre, il allait falloir que j’utilise mon don, comme les autres. Je canalisai donc à la fois les pouvoirs d’Astor, d’Emerik et Zoryn, qui possédaient le feu, et les mélangeai à ceux d’Auris et Pax afin de créer un tourbillon enflammé. Lorsque celui-ci frappa l’entité qui venait de me mettre à genoux, je la vis se dissiper dans un nuage de vapeur. Je recommençai l’opération sur un autre duo qui me fonçait dessus, créant un brasier si puissant qu’il ne m’atteignit jamais.
— Le feu ! Utilisez le feu ! criai-je aux autres.
Gwen revint à cet instant, épée à la main. Sa robe était déchirée, elle avait donc dû rencontrer de la résistance, mais elle était bien là. Contrairement au garde.
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