Fyctia
Chapitre 1 - Partie 4
Je restai bouche-bée en le fixant comme si je le voyais pour la première fois de ma vie. Cet homme si intègre, respectable et loyal. L’homme qui avait gravi les échelons plus rapidement que n’importe qui grâce à son talent, son courage et sa fiabilité… Était prêt à renoncer à ses serments pour moi ? Non. Il ne devait certainement pas mesurer l’ampleur de mes projets, sinon il ne tiendrait pas de tels propos. Il devait certainement penser que je comptais régler leurs comptes à quelques gardes, ce qui était déjà trop, mais il ne pouvait pas se douter de mes véritables intentions. Sans quoi, au lieu de m’assurer de son aide, il me tuerait de ses propres mains.
— Kester…
— La discussion est close, m’interrompit-il avec autorité. Le repas sera servi dans trente minutes, tu ferais mieux de te dépêcher. Et je t’attends à l’aurore pour un entrainement supplémentaire quotidien jusqu’à notre départ de l’Académie.
Je me contentai de hocher la tête mais il ne me regardait pas. Il n’en avait pas besoin. Il savait que j’obéirais.
Il se leva ensuite en silence puis quitta la pièce, me laissant plus perplexe que jamais. Je m’étais attendue à beaucoup de choses venant de lui, mais absolument pas à cela. Ce qui était toutefois absolument certain, c’était qu’il n’était pas question que je le mêle à mes projets suicidaires. Il avait passé un tiers de sa vie à me protéger et il était temps que je rembourse ma dette envers lui.
Ce fut sur cette pensée que j’appelai une servante en tirant sur l’une des cordelettes prévues à cet effet. Celle-ci arriva quelques instants plus tard et je lui demandai de chauffer l’eau de mon bain.
Le don du feu était le plus répandu dans notre royaume. Il était généralement très limité, même s’il restait très pratique, et permettait à la majorité de ses détenteurs d’allumer des bougies, éventuellement un petit feu de cheminée et faire chauffer de l’eau.
Comme le fort de l’Académie était érigé à proximité d’une rivière dont la source se situait à peine plus en amont, un système d’irrigation avait été construit afin que nos cuves soient constamment remplies. Elles alimentaient toute la structure en eau, qu’il ne restait ensuite plus qu’à monter à la bonne température. Le personnel servait surtout à ça quand ils n’étaient pas aux cuisines ou à la blanchisserie, puisque le ménage de nos chambres restait à notre charge. Nous disposions également d’une couturière pour raccommoder nos vêtements et heureusement, parce que j’étais bien incapable de manier une aiguille. Comme Gwen avait conservé mes vêtements de la journée, je supposais qu’elle allait les envoyer aux étages inférieurs et que je les retrouverais le lendemain, propres et dépourvus de trous.
— Je suis désolée mademoiselle, mais l’instructeur Varok a donné la consigne de ne pas chauffer l’eau de vos bains pour une semaine, indiqua la jeune servante, aussi blême que si elle s’adressait à un monstre.
Nous avions certes du tempérament dans le coin, mais personne ne s’en était jamais pris au personnel à ma connaissance. Cependant, l’air furieux que je devais arborer n’avait probablement rien pour la mettre en confiance. Cet enfoiré de Varok… J’allais lui faire payer toutes ses fourberies avant mon départ définitif de l’Académie. Il pouvait compter dessus.
— Et le commandant Kester ?
— Il n’a émis aucune objection.
Je fulminai en la renvoyant d’un geste de la main fort impoli avant de me diriger vers ma salle de bain. Ce genre de sale coup ne me surprenait pas de Varok, mais Kester aurait au moins pu me prévenir. Je sentais déjà que l’entrainement du lendemain allait être sportif. Mais qu’à cela ne tienne. Même si j’aurais pu tenter de faire chauffer mon eau moi-même, au risque de mettre le feu à toute la pièce, j’allais me plier à la « punition ». Je remplis donc la baignoire d’eau glacée, me débarrassai de mes vêtements et entrai courageusement dedans pour me laver. S’ils pensaient que ça allait m’arrêter, c’était mal me connaître. Je devais toutefois accorder un point pour l’originalité. Même si, maintenant que j’y pensais, c’était de toute évidence trop original pour Varok, justement. Il était plus du genre à faire courir les étudiants jusqu’à l’épuisement qu’autre chose. Quelqu’un avait donc dû lui souffler l’idée et l’identité de cette personne ne faisait aucun doute dans mon esprit : Kester.
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