Fyctia
Chapitre 2 (1)
Chapitre 2 - 24 décembre, 9 h
Assis en bout de table, Raphaël commence à distribuer la parole pour que soient présentés les dossiers de la veille.
C’est à cela que sert le staff du matin : reprendre les cas intéressants pour en discuter en équipe et, si besoin, décider d’une prise en charge particulière. Coiffé du bonnet de Père Noël, il perd de sa superbe, mais son charme n’est pas diminué. Il en a trop, il…
Non mais ça suffit, oui ?! « Il en a trop », ça ne va pas la tête ! Reprends-toi, Camille.
Une heure à tenir avec lui, ce n’est pas le bout du monde.
Quand j’ai su que le poste de chef du service de gynécologie-obstétrique lui était attribué, j’ai envisagé de poser ma démission.
Non, d’abord j’ai vérifié qu’il s’agissait de la même personne. La recherche a été vite faite : des gynécos qui s’appellent Raphaël Olliero, il n’y en a qu’un.
Alors, à ce moment, j’ai envisagé de tout plaquer pour partir au Groenland. Pas extrême du tout, la fille. Le libéral serait une option plus mesurée. Travailler dans un cabinet en ville ne…
— Je n’en reviens pas que tu te le sois tapé.
Je manque m’étrangler.
— Tais-toi, bon sang !
— Ça va, on est en bout de table, personne ne peut nous entendre. Et le dossier d’Angélique sur l’hématome-rétro-placentaire, je l’ai lu hier. Comment il est au lit ?
Quand je me tourne vers elle, le regard noir pour l’intimer de se taire, Julie a le sien braqué sur Raphaël.
Jamais je n’aurais dû me confier… Julie est mon amie, mais elle ne garde pas mieux les secrets que Carmen.
— Les grandes gueules, c’est tout ou rien. Soit ils jouent la provoc pour compenser ce qui leur manque dans le slip, soit… eh bien, ils tiennent la route et c’est le 14 juillet tous les soirs.
Ma mémoire est traitresse et dessine un sourire nostalgique sur mon visage.
— Deuxième option.
Julie glousse si fort que toutes les têtes se tournent vers nous.
Bravo, bien joué.
En levant une main pour nous excuser, je murmure un « pardon ». Mes joues brûlent de gêne. Si je ne suis pas déjà écarlate, je vais bientôt le devenir, d’autant plus que Raphaël, sans sourire, me fixe intensément.
Vivement la fin de cette réunion de l’enfer.
12 commentaires
Anna C
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Il y a 9 jours
Nora Rosen
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Il y a 9 jours