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Nuance n°1 : La nuance de Noël de Carmen

Quand j’étais petite, nous retournions à Madrid pour y passer les fêtes, car toute ma famille y habitait, tant mes grands-parents maternels que paternels, mais aussi mes tantes et mes oncles.

Nos valises étaient chargées de victuailles françaises que nous offrions à nos cousins.

Généralement, nous arrivions le 22 décembre, non seulement pour aider aux préparatifs, mais aussi pour participer au grand loto national qui se tient ce jour-là.

« El Gordo », ça s’appelle.

Je ne connais personne qui a gagné le grand prix, mais nous étions toujours excités à l’annonce des résultats.

Ma mère se chargeait invariablement du dessert. Tantôt elle cuisinait une bûche à la française, tantôt elle préparait du touron, un cousin du nougat que je n’ai jamais beaucoup apprécié. La pâte collait aux dents et je passais des heures à décoller les bouts coincés du bout de l’index, en me faisant gronder pour mes mauvaises manières.

À minuit, nous assistions à la messe du coq.

Je nous revois, défilant dans les ruelles qui nous séparaient de l’église, saluant les voisins, frictionnant nos mains gelées l’une contre l’autre.

Puis nous rentrions nous glisser sous les draps en rêvant aux cadeaux du lendemain.