Fyctia
Chapitre 1 (1)
Chapitre 1 - 24 décembre, 8 h
Ce matin, j’arrive à l’hôpital avec des pieds de plomb.
En principe, je ne travaillais pas à Noël cette année, ni le 24 ni le 25, et reprendre cette garde au pied levée ne m’enchante guère.
Pourtant, dès que Gaëlle a posé son arrêt maladie à cause d’une sale entorse au poignet, tous les regards ont convergé vers moi. Forcément, célibataire et sans enfants, sans famille proche et sans véritablement projet pour le réveillon, j’étais toute désignée.
Sans grand enthousiasme, je troque mon manteau en laine contre la blouse blanche qui pend derrière la porte de mon bureau. Après avoir transféré le contenu de mes poches de l’un à l’autre, notamment mon téléphone et un baume à lèvres, je file à la machine à café.
Même si je suis une petite dormeuse, le vent du Nord qui a tapé mes carreaux toute la nuit me rend légèrement vaseuse ce matin. Rien de grave. Rien qu’un double expresso serré ne pourra rectifier.
Dans le hall, je retrouve Carmen, debout sur un marchepied et les bras tendus vers le plafond, visiblement en peine avec une guirlande multicolore.
_ Tu veux de l’aide ?
Elle se retourne et me toise rapidement.
_ Ah ! Camille ! Volontiers, tu auras probablement plus de facilité que moi.
Entre son 1 m 50 et ma taille de girafe, il n’y a pas photo. Je monte sur le marchepied et empoigne les fils qu’elle me tend. En deux traits de sparadrap, l’affaire est réglée : sa guirlande clignote à vive allure.
_ On vient de la recevoir, explique Carmen en repliant le marchepied contre une étagère. Il était temps ! À ce rythme-là, les cotillons seront expédiés pour Pâques.
_ Mieux vaut tard que jamais.
Conciliante, la secrétaire sourit en lorgnant mon gobelet en carton.
_ Toi qui apprécies tant le café, je m'étonne que tu te contentes de celui du distributeur. Tu sais qu’il y a une nouvelle machine dans le service ? Un broyeur dernière génération, avec mousseur de lait et tout le tintouin.
Je suis parfaitement au courant.
_ C’est le nouveau chef qui l’a offerte, ajoute-t-elle.
C’est exactement pour cette raison que je ne l’utilise pas. Face à Carmen, je sors un bobard.
_ Je préfère celui d’ici, et ça me donne l’occasion de te dire bonjour.
Carmen ayant un cœur en or mais la langue bien pendue, il vaut mieux garder mes réticences pour moi. Elle envisage son téléphone avec une idée derrière la tête.
_ Tu penses que je me ferai remonter les bretelles si je mets un peu d’ambiance ?
_ Un peu d’ambiance, c’est-à-dire ?
_ C’est Noël, oui ou non ?
Sans répondre, j’acquiesce poliment, même si en mon for intérieur je trouve que la guirlande suffit amplement. On est dans un hôpital, quand même. Ce n'est pas que je sois rabat-joie, mais que j'ai été peu habituée aux festivités de Noël dans mon enfance. De toute façon, Carmen paraît décidée. Effectivement, en m’éloignant, j’entends les premiers trémolos de Mariah Carey s’élever dans le hall.
I don’t want a lot for Christmas…
5 commentaires
Katie P
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Il y a 9 jours
FaustineMeudon
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Il y a 9 jours
Stella King
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Il y a 9 jours
Nora Rosen
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Il y a 10 jours
FaustineMeudon
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Il y a 10 jours