Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 23. Complot 3/5

23. Complot 3/5

— Unique. Ouais, je crois que j’ai pigé.

— Non. Enfin oui. Mais. Pourquoi me cacher ça ? Pourquoi ne m’a-t-elle pas dit qui elle est ? Je lui ai pourtant posé la question…


Merde, Stella. Pourquoi tout est toujours si compliqué avec elle ?


*

CASSIE


Après le déjeuner, je n’ai pas eu une minute à moi. A peine le temps d’envoyer un message sur notre groupe que déjà le téléphone sonnait, accompagné de ses échanges de mails et des dossiers que j’ai dû ramener à Ash. Non sans des regards en biais. Et je suis certaine qu’il rêvait tout comme moi à de nouveaux baisers. De ses lèvres au goût sucrée. Merde… Je suis déjà accro pourtant je connais la chanson. Je devrais savoir que je m’aventure dans un brouillard sans fin.

Mais peu importe. Et puis, nous ne nous sommes rien promis. Mis à part d’ouvrir chaque case du calendrier ensemble. D’ailleurs, ça me fait penser qu’Ash semble ne plus quitter Rodolf. C’est devenu notre mascotte. Il l’installe même contre le dos de son écran d’ordinateur à la vue de tous. Un vrai miracle pour un homme qui déteste Noël. Une petite victoire pour moi. Sur le pas de la porte de la coloc, je regrette presque de m’être enfuie sans un mot du bureau. Seulement Crève-cœur était concentré sur un dossier et je ne souhaitais pas attirer son attention.

Surtout pas alors que j’ai un plan machiavélique en tête.

— Enfin, tu es là ! Tu en as mis un temps pour rentrer !

— Bonsoir à toi aussi, Eliott.


J’ai à peine un pied dans l’appartement que déjà Eliott se plante face à moi, accompagné de Cole qui ricane sous notre échange plus que puéril. Décidément avec des colocataires comme eux, je n’ai aucun risque de passer inaperçue. Mais ? Qu’est-ce que ? Je rêve ! Je me décale sur la droite puis sur la gauche sauf qu’El semble déterminé à me boucher la vue. C’est une blague, j’espère !


— Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il…

— PETITE SIRENE ! Te voilà ! hurle Éric.


Mais bordel ! Qu’est-ce qu’il fait là, lui ? D’abord surprise, mes sourcils se froncent quand je comprends que tous les trois m’attendent avec impatience depuis un moment. Les cadavres de bières sur la table du salon en sont la preuve. Je croise les bras face à ce spectacle, me demande vraiment pourquoi Éric est debout entre le sofa et la table, les bras tendus vers moi. Cole s’éclipse, secouant la tête dans tous les sens tandis qu’Eliott attrape mon écharpe et m’aide à retirer mon manteau avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Abasourdie par cette vision, de ce grand brun à l’air fripon chez moi, je reste telle une statue de cire devant notre porte. Cole traverse à nouveau ma vision, et d’un signe de la main me montre un verre, qu’il vient de me préparer. El poursuit lui ses mouvements, rangeant mes affaires pour ensuite me tirer par le bras jusqu’à notre canapé dans lequel il me force à m’asseoir. Et c’est là que je me décide enfin à ouvrir la bouche :

— Éric ? Pourquoi tu es là ? Tu n’avais pas une réunion importante ce soir ?

— C’est ça ma réunion ! Ton plan, « musique de Noël dans l’ascenseur », m’explique le dit gaffeur en mimant les guillemets avec ses doigts.

— Quoi ? Mais alors… cet après-midi quand tu m’as demandé d’annuler tous tes rendez-vous ?

— Ouaip ! Petite sirène, c’était pour accueillir ton cher mousquetaire ici présent, afin qu’il accomplisse sa part du boulot.

— QUOI ?


Cette fois, je hurle en me retournant vers Eliott. Il semble gêné, se frotte la nuque tout en me regardant avec un air de chien battu. Non mais il ne va pas me la faire à moi. Il devait trouver une solution, d’accord. Cependant, je lui avais dit de rester discret. A quel moment parler de notre plan à Éric est DISCRET ? Je n’ai pas le temps de poser plus de questions que Cole attire mon attention en pouffant.

Lui aussi, il a décidé de s’y mettre ? Entre deux gloussements, il tente tant bien que mal de s’expliquer mais je ne comprends rien à son discours. Il est trop plié en deux pour réussir à articuler la moindre phrase, ce qui provoque l’hilarité générale ou presque. Puisque moi, je ne ris pas du tout ! Quoique… il ne leur faut pas moins de trente secondes pour m’embarquer avec eux. Mon visage perdant ainsi toute trace de colère et d’incompréhension.

Dix minutes, un verre de vodka pour moi et une nouvelle bière pour les garçons, plus tard, nous avons repris notre sérieux. Et j’attends avec une attention presque religieuse leurs explications. Assise bien droite, je les examine un à eux, curieuse de voir lequel de mes trois compères va craquer en premier. Cole, je ne pense pas, il a toujours su me mener par le bout du nez, un grand frère comme on en fait peu. Eliott, lui, pourrait flancher mais il me connait par cœur et mon regard perçant ne fonctionne plus aussi bien qu’avant. Par contre…


— Ériiiic, tenté-je d’une voix mielleuse.

— Non, mais je n’y crois pas ! Tu oses ? Purée, je donnerais cher pour voir la réaction de Crève-cœur s’il savait que tu utilises cette intonation pour charmer son pote !

— Cole ! Tu as tout gâché ! ronchonné-je en croisant les bras sur ma poitrine.


Il nous en faut si peu ce soir pour que l’ambiance tourne au ridicule. Je suis sceptique quant à notre capacité à rester concentrés. Pourtant, nous sommes tous les deux surpris par les visages impassibles de nos deux clowns. Ils affichent tour à tour des sourcils levés avant de se redresser et de se planter droits comme des piquets au milieu du salon.

Et j’ignore encore si je dois m’inquiète ou non lorsqu’Eliott prend la parole.


— Écoute, Cassis, tu m’avais demandé de jouer du clavier pour modifier la musique d’ambiance dans les ascenseurs de la boite de com. Mais le problème, c’est que sans accès direct à leur réseau interne, je ne pouvais rien faire à moins d’utiliser des méthodes illégales, et clairement… pour une blague, je préfère éviter. Surtout quand on a des espions à l’intérieur.

— Attends, quoi ? El, tu sais que je ne t’ai jamais demandé de pirater tous nos systèmes ? Hein, rassure-moi…

— Oui ! Bien sûr ! C’est pour cette raison que j’ai fait appel à Éric. Il a assuré comme un chef. On a soudoyé le technicien de l’entreprise de maintenance des petites boîtes métalliques. Et euh… mec, tu m’aides, je crois que je l’affole là.

— Tu ? Vous ? QUOI ? m’importé-je en me levant à mon tour. Bien sûr que je m’affole, tu t’écoutes parler ? El mais enfin !


Je hurle, m’agite dans tous les sens pour arrêter ma course la minute suivante. Pourquoi ? Non… ils n’ont pas osé me faire ça ? Si ? Si ! Mais quelle bande de couillons ! Mes pommettes qui comme à leur habitude réagissent à la moindre émotion forte, deviennent écarlates et c’est sous un éclat de rire général que je fonce sur Eliott. Je l’attrape par le haut de son pull et le secoue comme un prunier, enfin… autant que je le peux avant que ses mains ne détachent mes doigts de leur prise.



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