Fyctia
22. Quatrième case 3/4
Sauf que c’est trop tard, l’instant vient de partir en fumée. Mes sensations m’échappent, s’amenuissent et laissent place à un vide pesant. Grognon, je me racle la gorge tout en lançant un regard menaçant à Éric. Mon directeur des ressources humaines semble comprendre le message, prend la fuite tout en attirant avec lui, Éric qui se tord dans tous les sens en le suppliant de rester. Apparemment, nous ne lui en avons pas donné assez. Il veut plus de séduction, impatient d’examiner mes réactions face à la sulfureuse petite sirène.
— Oups ? glousse Cassie attirant ainsi mon attention.
Vraiment ?
*
CASSIE
Qu’est-ce qui m’est passée par la tête ? Ah ! Je joue vraiment avec le feu ! Seulement entre nos baisers à la fois langoureux et fougueux, je ne sais plus où donner de la tête. Et puis, l’évocation de samedi soir m’a transformé. De douce, je me suis métamorphosée en sauvage. Et mon dieu que ça fait du bien de laisser tomber les barrières. D’ailleurs, je crois qu’Éric ne va pas s’en remettre ni Vince et… Ashley ? Je l’ignore totalement.
Il est accroché à mes lèvres, confus face à mon « oups » joyeux. J’avoue m’être emportée mais c’était si tentant de les faire mariner, de jouer avec ses nerfs autant qu’il électrise les miens. Chacune de mes terminaisons nerveuses demandant plus de contact avec sa peau, avec la pulpe de ses doigts et la chaleur de ses lèvres. Je suis dépendante ! Affamée. Et ça en devient presque inquiétant ! Merde ! J’avais juré de ne pas succomber à son charme, d’oublier ses bras une fois pour toute. Mais c’est impossible. Mon cœur, mon être tout entier me crient, me supplient de me tenir à ses côtés.
Mon âme appelle cette moitié qu’elle a vu s’enfuir, il y a tant d’années. Blessée, torturée, déchirée en deux. Par sa faute, je le sais, j’en ai bien conscience. Pourtant, alors que mon sourire s’étend de nouveau sur mon visage, prête à défier une fois encore Ashley, je ne peux que me sentir légère en le sentant à mes côtés. Comme si mon corps savait qu’il est à sa place. Que je suis à ma place. Et nos baisers de ce matin ne sont que le résultat évident de cette attirance, cette harmonie qui est la nôtre.
— Ashley, ton morceau ? demandé-je soudain nerveuse quant à son manque d’interaction avec moi.
— Quoi ? Pardon ? Ah oui. Le chocolat. Mais Cass, pourquoi ?
— Et pourquoi pas ?
Il ne répond pas.
Je prends ma respiration, compte les secondes : une, deux, trois. Puis nous éclatons tous deux de rire. Nous sommes seuls. Nos compères s’étant enfuis à toutes jambes après mon intervention. Le rouge me monte aux joues, je m’étouffe tant la situation est cocasse. Presque surnaturelle. Moi, aguichant Ashley et lui, perturbé par mes actions. Remarque, il ne me connaît pas sous ce jour-là. Du moins, il ne sait pas à quel point je peux être sournoise quand il s’agit de tentation.
Nous finissons par nous calmer et dans un dernier regard complice, Ash croque son morceau de chocolat. J’en profite pour tirer mon plateau vers moi, et boire un verre d’eau. Faisant ainsi retomber l’excitation qui pulsait jusqu’alors entre mes jambes. Jouer, c’est aussi se piéger. Et je suis tout autant tombée dans mes filets que Crève-cœur. D’ailleurs, ce n’est pas sa main qui vient encadrer ma joue qui va m’aider à calmer les pulsations chaudes dans mon bas-ventre.
— Ne refais plus jamais ça alors que nous avons des spectateurs, marmonne-t-il les mâchoires serrées.
— Mais pourquoi ?
— Et en plus, elle ose me demander pourquoi ? Putain, Stella, tu vas me rendre dingue !
D’un geste vif, il encercle mon poignet de ses doigts. Il entraîne ma main vers lui. Et sans que je n’aie le temps de réagir, il pousse ma paume sur son entrejambe. Oh ! Bordel ! Son érection forme une bosse sous le tissu de son jean tendu. Il est dur, puissant et mes joues qui se teintent d’une couleur écarlate répondent à ma question silencieuse. Lui fais-je autant d’effets que lui m’en fait ?
— Oui, grogne-t-il entre ses lèvres.
— Mais…
— Je ne joue pas un rôle avec toi, Stella. Alors ne me pousse pas à bout. Tu sais pourquoi, maintenant.
Sa phrase s’élève dans la pièce en même temps qu’il relâche la pression sur mon bras. M’éloignant ainsi de son excitation palpable. Calme-toi, cassie ! Je me flagelle dans une tentative de reprendre mes esprits. Sauf que c’est peine perdue. Mes pensées s’évadent vers un autre temps, un instant où nos provocations, nos chamailleries d’adolescents sont devenues plus. Plus intenses, plus puissant… Plus, tout. Une osmose naît d’un amour sincère, unique, authentique.
Notre premier amour.
« Ashley, je… ce n’est pas un jeu pour moi. C’est toi que j’ai choisi. C’est toi que je veux.
— Moi aussi, Stella.
— Non, tu ne comprends pas ! m’énervé-je en me tournant, me trouvant à présent étendue sur le dos sur son lit.
Et alors que je m’attends à ce qu’il n’esquisse aucun mouvement, il me surprend. Roule sur le côté, glisse ses doigts le long de ma mâchoire, avant d’arrêter son index sous mon menton et de tourner mon visage vers le sien. Il n’est qu’à quelques centimètres du mien, nos souffles se mélangent. J’aime son odeur de menthe. Mes paupières se ferment pour en apprécier toutes les nuances, avant de se rouvrir pour me permettre de plonger mon regard dans ses émeraudes qui me détaillent sans sourciller.
— J’ai envie de toi, Cassie. De sentir tes lèvres sur les miennes. De t’embrasser à en perdre haleine. De sentir tes doigts parcourir mon torse et descendre à la rencontre de mon sexe. J’ai besoin que tu saches à quel point mon désir pour toi est réel. Chaque parcelle de mon corps vibre pour toi. Alors oui, je comprends. Parce que cette tension au creux de mon ventre, ces papillons qui valsent sans jamais s’arrêter en ta présence, je les veux plus intenses encore. Je t’aime, Stella. Et j’aimerais te montrer qu’il n’y a que toi, que nous. Tu es la moitié de mon être, celle qui complète mon âme, celle qui réchauffe mon cœur. Alors guide-moi vers toi. Permets-moi de t’apporter ce qu’aucun autre ne t’a donné. Laisse-moi franchir cette limite avec toi.
— Ensemble. Pour la première fois ? demandé-je dans un murmure tremblant.
— Toujours. Et dans chacune des étapes. Tu es ma lumière.
— Tu es mon soleil, Ash.
Sur ce dernier échange, ses lèvres se posent sur les miennes. Douces, sincères. Nos baisers s’intensifient au rythme de nos respirations. Ses doigts s’évadent de ma mâchoire pour rejoindre l’arrière de mon oreille. Ils viennent dessiner des arabesques sur la cicatrice qu’il a créée, cherchant à soigner cette marque d’un moment éphémère. Puis de sa main libre, il attire la mienne vers l’échancrure de son col. Hésitante, je ne bouge plus. Me demandant comment agir.
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