Fyctia
22. Quatrième case 4/4
Ensuite, comme si c’était l’évidence même, mon bras descend sur son torse, savoure la douceur du coton de son t-shirt jusqu’à en accrocher la couture de l’ourlet. De-là mes doigts s’amusent, s’aventurent sous le tissu léger qui l’habille. D’abord, un puis deux, j’observe avec langueur ses réactions, je capture avec passion ses grognements. Je me perds dans les sensations qui m’assaillent, entre frisson et électricité. Dessine peu à peu les contours de ses muscles, de ses tablettes de chocolat à peine visibles mais qu’il s’obstine à sculpter.
— Stella ! me réprimande Ashley sous un tremblement. S’il te plaît.
Son chuchotement se fait suppliant. Mais je ne veux pas aller trop vite, veux profiter de chaque sensation, chaque réaction, chaque seconde qu’il m’accorde pour enregistrer tous les détails de cette première fois, de NOTRE premier amour, de cette confiance que nous avons l’un en l’autre. Alors quand il s’aventure à son tour vers le bas de mon ventre, je savoure le moment. Note son souffle qui se coupe quand il relève le débardeur qui l’empêche d’atteindre ma peau. Souris en même temps que lui lorsqu’enfin sa paume vient se refermer sur ma poitrine tendue vers lui.
C’est étrange, nouveau. Mais agréable. Ses mouvements sont hésitants, il prend son temps, emprisonne mon téton entre deux doigts avant de le titiller lentement. Un gémissement m’échappe sous ses actions, je me sens rougir. Ashley, lui, poursuit sa découverte, plonge ses yeux dans les miens, brillants. Puis écrase sa bouche sur la mienne, et presse sa langue à l’entrée de mes lèvres pour la faire danser autour de la mienne.
Je grogne. J’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. Il pulse. »
— Stella ? Tu m’écoutes ?
Merde ! Quoi ? Non ! Pas maintenant…
Perdue, essoufflée, les mains tremblantes, je reste pantelante face au visage inquiet d’Ashley. Il prend mes joues en coupe dans ses paumes, sa chaleur me ramène ainsi au présent. Et sa réaction agit sur moi comme une libération. Une larme roule sur ma joue, mais elle n’est pas triste, elle ne s’accompagne pas de cette mélancolie qui m’habite d’habitude. Elle est plutôt douce, elle marque un certain renouveau, une renaissance.
Alors, mes doigts rejoignent ceux de Crève-cœur et les encerclent. Mon regard se plonge dans le sien et d’un sourire, je le rassure. Tout va bien, je suis là. Le temps semble se suspendre une fois de plus entre nous. Et sans un mot, Ash se penche en avant pour coller son front au mien, comme il l’a déjà fait ce matin. Son geste me revigore, me réchauffe le cœur. Lui fait prendre un nouveau rythme passant de la valse au tango. Pour venir exploser en mille éclats contre ma cage thoracique.
— C’est toi et moi, Stella, murmure Ashley.
J’acquiesce prête à lui répondre, mais notre intermède est écourté par la sonnerie de son portable. Il grogne, marmonne, tente d’y faire abstraction, son front toujours scellé au mien. Mais la sonnerie reprend, une fois, deux fois, trois fois. La bulle éclate, et nous sommes à présent de retour à la réalité. D’ailleurs, ça me fait penser que je ferais mieux de me dépêcher si je ne veux pas rater l’appel de notre nouveau client. Ainsi que celui du musée, qui même si je garde le silence sur mon identité en tant qu’artiste ne me laisse pas indifférente pour autant.
Au quatrième appel que reçoit Ashley, il se détache de moi bon gré malgré s’éloigne de deux pas, tire sur ses cheveux. Geste qui me laisse échapper un gloussement que j’essaie de planquer derrière ma paume, mais c’est trop tard, il l’a perçu. D’ailleurs, je n’ai pas esquissé le moindre mouvement que son corps revient auprès du mien. Il me désigne Rodolf, je lui tends, et dans un dernier soupir, il coule un regard sur mes lèvres.
Oh, Ash…
Alors que je le voyais déjà répondre à son téléphone, il s’arrête et se retourne encore :
— On se retrouve en haut ? Je te laisserais un chocolat sur ton bureau. L’après-midi risque d’être chargé.
— D’accord.
— Et Stella ? Ne joue pas avec le feu, il est déjà bien trop brûlant pour tes jolies pommettes.
Non mais je rêve ? Il se fout de moi ouvertement, et il croit que je vais me taire. Son ricanement qui me parvient alors que sa présence s’efface de la cafeteria m’annonce sans mal l’intensité de sa provocation. S’il croit que je vais me laisser faire et passer à côté de l’occasion de lui en mettre pleins les yeux avec des décorations de Noël, il se met le doigt dans l’œil. Hors de question que notre étage reste nu !
Surtout que j’ai un avantage non négligeable par rapport à lui.
Des complices qui ont hâte de rentrer dans l’action ! Et ce qui me convainc de jouer avec cette carte-là, c’est la musique d’ambiance de l’ascenseur qui me mène au dernier étage. Des notes de classique que tout le monde connaît par cœur et qui mérite d’être changées. Une idée soufflée dans le vide par El et qui à cet instant me semble être une bonne étape de plus dans ma conquête de Noël. Alors ni une ni deux, je fouille ma poche à la recherche de mon portable et ouvre notre conversation groupée.
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- Les trois mousquetaires
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Fière de ma décision, je laisse mes deux compères discuter. Mon portable vibre sous leurs assauts, leurs blagues, leurs stratégies plus tordues les unes que les autres. Mais je sais déjà à qui je dois m’adresser si je veux pouvoir mettre à exécution mes plans. En revanche, rejoindre mon bureau me paraît être pour le moment la meilleure des stratégies. Surtout que lorsque j’arrive enfin à sa hauteur, comme il me l’avait annoncé, Ashley y a déposé une tasse de chocolat chaud, fumante.
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