Fyctia
21. Piège 3/3
— Ce truc-là, c’était nécessaire ? ne puis-je m’empêcher de lui demander quand elle plonge son océan dans mes yeux.
— Oui. Je m’amuserais autant que je le souhaite avec mes tenues, jusqu’à ce que tu acceptes d’ajouter des décorations dans les couloirs de notre étage.
Elle rigole là ? Dites-moi que je rêve ! Non… Elle semble des plus sérieuses. Le pire, c’est qu’elle est lumineuse, joyeuse comme si elle avait déjà gagné la partie. Mais le jeu ne fait que commencer. Et Stella est loin d’être en position pour que son chantage fonctionne. Quoique… Elle doit sentir que je cogite pour trouver une parade à sa condition, parce qu’elle plisse le nez, resserre ses bras sur sa poitrine et se penche en avant pour mieux me provoquer :
— Ashley… Tu sais que j’ai tout une étagère pleine de ces jolis pulls de Noël dont tu raffoles ? Eliott est le meilleur pour trouver la perle rare quand il s’agit de ses hauts. De pures merveilles. Certains chantent, d’autres scintillent et d’autres encore cachent des surprises comme celui-ci. Tu n’es donc pas curieux de les découvrir ? termine-t-elle dans un murmure en jouant avec le ruban qui forme le nœud d’or.
— Merde ! Tu te fous de moi ? Essaie un peu pour voir !
Je m’énerve, me surprends aussi à trouver ses insinuations excitantes, tentantes. Et alors que je m’étais installé confortablement prêt à bosser, je me lève pour faire le tour de mon bureau d’un pas vif. Arrivé à la hauteur de Cassie, je pivote son fauteuil, pose mes paumes de chaque côté de sa taille. Ma respiration est saccadée. Mes doigts empoignent avec force les deux accoudoirs de velours de l’assise. Les yeux de Cassie remontent jusqu’aux miens.
Ils me percutent de plein fouet, m’emportent dans les vagues de son océan, font chavirer mon cœur qui essaie de s’échapper de ma poitrine. Il palpite, s’enraille pour mieux appeler Stella à lui. Putain… Elle me grille le cerveau, et mon corps répond quant à lui avec la même intensité que le membre qui se planque dans ma poitrine. Mais merde à la fin ! Mon buste se penche en avant, mon front vient se coller à celui de Cassie. Ma respiration ralentit, se coupe avant de me laisser la chance de chuchoter son surnom.
Ses paupières vacillent, papillonnent. Et ses mains s’animent avec une lenteur hallucinante. Cassie m’examine, patiente, attentive à chacune de mes réactions. Ses doigts s’approchent dangereusement de mes poignets, les frôlent avant de se connecter à mon épiderme. Un frisson suit ses mouvements. Il glisse de ma main et remonte le long de mon bras, pour finir son chemin jusque dans ma nuque. Puis, alors que j’avance la tête pour lui permettre, d’approfondir son toucher, elle monte encore, emprisonne mes joues entre ses paumes chaudes et douces.
Figé, je n’esquisse plus aucun geste.
L’analyse, sillonne son visage pour au contraire de Stella descendre vers sa clavicule dégagée. Ses pommettes rougissent quand d’un regard affamé, je termine mon parcourt sur le nœud qui se dresse entre ses seins, me bloquant le passage vers cette poitrine que je connais, vers cette peau dorée que je veux sentir sous mes doigts. Cette fois, mon souffle est électrique, se mélange à celui qu’elle laisse échapper au moment où ma bouche se rapproche de la sienne. Je veux la sentir à nouveau, j’en veux… plus.
D’elle, de son odeur, de son corps.
Je veux tout.
Quitte à braver les affreux décors de fêtes qui ornent ses vêtements. Alors, il me suffit d’une seconde de plus pour sceller nos lèvres. Son soupir de soulagement m’électrice et d’un geste, je me raccroche à elle. Mon corps en appuie, je pèse sur elle, intensifie nos baisers sous son gémissement de plaisir. Ses mains abandonnent mes joues pour venir explorer mon torse au-dessus de ma chemise. Très vite, j’oublie le monde qui nous entoure. Trop concentré sur la pression qu’elle exerce sur mes pectoraux. Ses ongles qui dessinent des sillons le long de mon ventre pour venir s’accrocher à la ceinture de mon pantalon.
Je grogne.
Bascule mon bassin en avant pour la pousser à écarter les cuisses, nous rapprocher l’un de l’autre. Et alors que nos respirations se font erratiques, que nous avons effacé tous obstacles entre nous, Stella pose ses paumes sur mon torse et d’une pression m’écarte délicatement d’elle. Rompant ainsi le contact entre nos corps, s’éloignant de mes lèvres pour me forcer à me redresser. Perdu, je recule, ferme les yeux tentant de reprendre pieds, et tire malgré moi mes cheveux en arrière. Mes pas chancèlent, me mènent vers le plateau de mon bureau sur lequel mes fesses se posent.
Merde… Putain… Bordel…
Pourquoi ?
— Ash.
Mon diminutif me percute en même temps que ses mains qui viennent m’encercler le cou. Elle se dresse sur la pointe des pieds et avant qu’elle ne change d’avis, je serre sa taille entre mes bras. Cassie se mord les lèvres. Elles sont gonflées par nos baisers, gourmandes. Je ne résiste pas, n’en ai plus la force. Ma tête se penche encore une fois vers la sienne, et alors que je m’apprête à réduire la distance entre nos bouches, elle lâche un murmure :
— C’est plus qu’un jeu.
Je n’ai pas besoin de plus pour comprendre. Pour savoir que derrière ses provocations, Cassie cache sa détermination. J’en ai conscience, je sais ce qu’elle cherche à faire et pour la première fois depuis onze ans, j’ai envie d’y croire. De lâcher prise comme nous venons de le faire. Avec elle, les règles du jeu ne sont pas les mêmes, elles sont plus importantes, plus… tout. Cassie est la seule à voir à travers la grille de fer que j’ai érigé autour de mon cœur, de mon âme. Alors je ne cherche plus ses lèvres, même si elles sont encore si près. Mais j’accepte d’ouvrir une brèche, de laisser la porte ouverte à ce renouveau qu’elle souhaite faire entrer.
— D’accord. Mais ne compte pas sur moi pour te faciliter la tâche.
— Oh mais Crève-cœur, tu vas me supplier d’ajouter de la magie de Noël à ton quotidien.
— Essaie, toujours pour voir.
— J’ai hâte ! hurle-t-elle en sautant à nouveau à mon cou et m’embrassant rapidement avant de quitter mes bras en direction de son bureau.
Merde !
Ash, tu t’es fait avoir comme un bleu.
2 commentaires