Fyctia
21. Piège 2/3
D’ailleurs, j’en suis certaine, il en a autant conscience que moi. Ses bras bougent vers mes hanches, ses doigts se placent de chaque côté de mon corps, sur la courbe juste en dessous de mes côtés. Puis d’un mouvement, il me ramène contre lui. Son nez plonge dans mes cheveux, il inspire et finit par relâcher un gémissement rauque de plaisir. Ses actions me surprennent et me transportent vers une autre époque, avant de me laisser croire à l’impossible.
— Ton parfum m’avait manqué, avoue-t-il en lâchant ma hanche pour venir jouer avec mes boucles. Cette odeur de miel, de vanille et de cerises, un étonnant mélange au goût de soleil. Merde, Stella. Mon esprit est dans le brouillard. Et toi, tu débarques, le sourire visé aux lèvres avec ce truc affreux comme haut. Tu cherches à me torturer ?
— Ce n’est pas de la torture, dis-je, la voix tremblotante.
— Putain, tu rigoles ? Et si je tire sur ce nœud, je découvrirais quoi ?
Cette fois, il se veut plus vif, tranchant. Il m’éloigne d’un coup de son corps, laissant un vide sur son passage. S’agite dans tous les sens, brasse l’air de ses mains, tire sur ses cheveux, soupir avant de s’arrêter et d’à nouveau plaquer son corps au mien. Il s’en empare presque, se l’approprie pour mieux m’arrimer à lui. Je suis perdue, me contente du silence comme réponse. Ashley semble être dans un état de fusion instable, prêt à exploser à tout moment.
Et alors que je devrais calmer le jeu. Lui dire que ce n’est qu’un pull de Noël, stupide. Un autre cadeau d’Eliott. Que le ruban doré qui forme le nœud sur ma poitrine, recouvrant ainsi le motif de laine, ne cache qu’un « joyeuses fêtes » tout en paillettes. Je me contente de lui sourire, de sortir ma langue et de grimacer. J’aurais peut-être dû éviter, sauf que c’était trop tentant. Comme si cette bulle qui nous retient tous les deux prisonniers, n’était en fait que notre monde à nous. Un univers dans lequel personne ne nous juge, personne n’a son mot à dire et surtout personne ne nous surveille.
— Oh et puis merde !
J’ai à peine le temps de percevoir les paroles d’Ashley que ses lèvres s’accaparent les miennes. Un gémissement m’échappe et quand sa main vient se placer dans ma nuque, je réponds à son baiser malgré moi. Ma bouche dansant avec la sienne. Je goutte avec délectation le doux parfum du chocolat chaud qu’il a avalé ce matin. Très vite, notre échange se fait plus intense, plus affamé. Mes paupières se ferment instinctivement, mes pensées se perdent, allant de samedi soir à notre adolescence, notre premier baiser puis les suivant.
C’est comme une libération.
Un nouveau souffle.
— Stella, lui laissais-je à peine le temps de susurrer que déjà mes lèvres replongent sur les siennes.
Bordel ! Ces sensations, je ne les ai ressenties avec aucun autre. Ce frisson qui part des arabesques qu’il dessine dans ma nuque au creux de mes reins, il n’y a que lui qui sait le faire naître, lui donner cette puissance. Et ce sentiment de bien-être qui emplit mon cœur, cette impression de fusionner avec l’autre moitié de mon âme alors que ma langue s’amuse autour de la sienne, ils sont uniques. C’est LUI, me hurle la poussière d’étoiles qui colmate les fissures dans ma poitrine. Ça a toujours été, Ashley. Alors pourquoi est-ce que ma tête ne veut pas le comprendre ?
Pourquoi est-ce qu’il lui suffit d’un électrochoc, d’une pensée, d’un flash du passé pour qu’elle m’ordonne de m’éloigner de lui ? De sa chaleur ? De ses baisers langoureux, humides et sensuels ? Sous le grognement de frustration d’Ashley, je parviens à nous déconnecter. Nos respirations sont saccadées, chaotiques. Et pourtant, nous avons tous les deux des sourires béats fixés sur nos visages. Nos pommettes aussi roses l’un que l’autre. Nos lèvres gonflées par l’ardeur de notre échange.
— J’en avais envie depuis dimanche matin, me confie Ashley entre deux inspirations.
— Avec toi, c’est différent.
Étonnés par mon aveu, nous nous regardons pendant ce qui me semble être une éternité avant qu’Ash ne se décide à se décaler pour m’indiquer les fauteuils installés autour de son bureau.
— Assieds-toi.
*
ASHLEY
Mon ton ferme nous prend de court. J’ignore pourquoi ma voix porte à ce point. Surement l’émotion du moment. La confusion de mes pensées et ce cœur qui ne veut pas se calmer. Ou alors est-ce parce qu’après réflexion, j’ai envie de capturer ses lèvres, de m’en imprégner et de graver leur goût dans ma mémoire ? Merde ! Ash, tu es déjà complétement accro à cette femme. Totalement ! C’est bien pour cette raison que j’ai passé ma soirée de la veille à feuilleter les portraits que j’avais fait d’elle.
Tous capturant un instant, un morceau, un grain de peau pour l’encrer à jamais sur du papier. Je ne les ai pas jetés, et durant toutes ces années, je les ai gardés précieusement, loin du regard de mon entourage. Surtout très loin de ma vipère de mère. Cette sangsue dont je n’arrive pas à me dégager, peu importe les efforts que je fais. Tout ça à cause de son satané contrat de mariage avec mon père… De son droit de décision lors du conseil administratif de l’entreprise et de la tutelle qu’elle a exercée pendant un an à la suite de son décès.
Mes nerfs sont en vrac, tantôt bouillants d’excitation pour Stella, tantôt vibrants d’une fureur dirigée vers ma génitrice. Mais c’est la douceur de la paume de Cassie qui parvient au final à me ramener les pieds sur terre. Elle caresse ma joue, pousse mon visage vers le sien. Puis poussant sur ses jambes pour se hisser à ma hauteur, elle dépose d’un geste délicat ses lèvres pulpeuses sur les miennes. De ce simple baiser, elle me rassure, me réchauffe le cœur et m’invite à reprendre le fil de la réalité.
Cette réalité dans laquelle je nous ai plongés. En même temps, elle m’a cherché ! Je sais que c’est une excuse, un prétexte même à mes actions. Sauf que lorsque je l’ai aperçue à la sortie de l’ascenseur, souriante, je n’ai pas résisté. Et son pull avec ce cadeau géant et ce nœud qui met en valeur sa poitrine généreuse n’a en rien aidé les choses. Surtout pas mon cerveau déjà en ébullition. Merde ! Elle compte vraiment recommencer avec ses tenues toutes plus loufoques les unes que les autres ? Se parant ainsi de ces fichues décorations de Noël sans me laisser la moindre chance de les lui enlever.
Ou alors…
Non, non, non. Je ne vais pas m’aventurer vers ses idées. Bien que tentantes, ce n’est pas le lieu. Et mon entrejambe ne me remerciera que plus pour ça. Enfin… peut-être ! Intriguée par mon silence, Stella rompt notre contact et part finalement s’installer dans une des assises en face de mon bureau. Ses mouvements amorcent les miens et presque dans le flou, j’arrive jusqu’à mon fauteuil dans lequel je me jette.
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