Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 19. Bilan de situation 3/5

19. Bilan de situation 3/5

Cette facilité qu’à Cassie de comprendre mes habitudes et de les appliquer dans chacune de ses prises de décisions pour l’entreprise. Et pour la première fois depuis que j’ai pris la direction de la boîte après le décès de mon père et la tutelle levée, la porte de mon bureau est restée ouverte. Me laissant tout le plaisir de goûter aux doux sons de la voix de Cassie, à la chaleur de son rire et surtout à lui adresser directement mes demandes pour l’avoir près de moi, ne serait-ce que quelques secondes.


— Ashley ? Tu ne prends pas de pause pour le déjeuner ?


*

CASSIE


Cette matinée me semble étrange, presque surréaliste. Si quelqu’un m’avait dit lundi dernier que j’allais finir autour d’une tasse de chocolat chaud à blaguer avec Ashley, je lui aurais ri au nez. J’aurais même hurlé tant la situation m’aurait parue impossible et me voilà ce matin, à profiter de chaque occasion qui me permet de jeter un œil vers lui, à l’observer quand il est concentré sur son écran ou encore à avoir le cœur qui palpite dans ma poitrine quand il m’appelle pour un dossier. Une vraie midinette !

Mince… Ce weekend n’a clairement pas arrangé ma situation, bien au contraire. Je suis maintenant toute retournée. Perdue entre joie et peur, confuse et à mi-chemin entre l’envie de le déteste et de lui faire confiance. Parce que je l’ai vu dans son regard, cette même lueur qui l’habitait quand je l’avais trouvé les fesses posées tout en haut des escaliers de son sous-sol pourtant bondé de monde. Profitant en tant que spectateur de sa propre soirée. Les yeux dans le vide, voilés par l’alcool et cette autre chose… la tristesse, la solitude, ce sentiment qui m’avait bouleversé, je l’ai retrouvé dans ses émeraudes, dimanche.

C’était un choc, un électrochoc qui m’a clouée sur place et qui sous l’impulsion m’a fait lui proposer de reprendre notre rituel. Notre foutue habitude de manger une montagne de pancakes chaque fin de weekend. Merde alors ! Pourquoi je repense à ça alors que je suis au bureau, en pleine conversation avec une grande enseigne de pâtisseries ? Plus j’y réfléchis et plus je me dis que le chocolat et notre cher ami Rodolf n’y sont pas pour rien dans ce résultat et cette invitation qu’Ashley a acceptée sans rechigner.

Étonnant ! Surprenant même quand on connaît la bête et qu’on sait qu’il hait Noël. Alors que moi, c’est tout l’inverse, je l’adore au point d’avoir un appartement qui déborde de décorations. Mais ça… c’était évident et il devait s’en douter. Non ? Forcément ! Il n’a pas pu oublier son importance. Enfin, j’espère. Une minute ? Pourquoi est-ce que j’ai espoir qu’il s’en rappelle ? Peut-être parce que tu es piquée ma pauvre fille. Mon cœur est touché, il vibre en sa présence, transformant la poussière d’étoiles en milliers d’étincelle de lumières chaudes.

Merde, merde, merde !

Non, Cass, c’est une mauvaise idée. Très mauvaise et pourtant… sonné midi, je remarque qu’Ashley a toujours le nez plongé sur son écran. Sa main vient glisser dans ses cheveux blonds et masser sa nuque, signe qu’il fatigue. Alors je laisse mon instinct me guider, mes pas me porter jusqu’à lui. Et en penchant la tête avec un sourire rieur, je ne peux m’empêcher de lui demander s’il compte déjeuner. Faire une pause. Ou continuer à se prendre la tête sur le dossier du musée. Dossier pour lequel, je cache des informations importantes.

Pour l’instant, c’est mieux.


— Si. Tu veux manger avec moi ?


D’un sursaut, je me redresse, me plante droit comme un i face à un Ashley totalement décontracté qui s’appuie le dos contre le dossier de son fauteuil et croise les bras sur sa poitrine. Ses yeux se plissent, me détaillent, cherchent un indice qui pourrait trahir un quelconque sentiment. Et mes pommettes qui s’enflamment sont la réponse à ses questions. Bravo, Crève-cœur, tu me fais de l’effet ! Je hoche la tête avant d’entrer dans son jeu et de tendre les doigts vers Rodolf qu’il a calé contre son écran d’ordinateur.


— A une condition.

— Laquelle ? m’interroge-t-il intrigué par ma main qui emprisonne à présent, le calendrier.

— Qu’on partage un carré de chocolat au dessert.


Un gloussement lui échappe sous ma condition. Je le savais ! En deux jours, nous avons déjà une phrase, NOTRE réplique. Celle qui rend unique chaque case de ce calendrier de l’avent. Et autant se l’avouer tout de suite, chaque fois que je prononce ces deux mots, un flash me renvoie à samedi soir et notre baiser. Notre échange langoureux, voluptueux, si puissant qu’il me plonge dans des souvenirs de nous, adolescents, insouciants… HEUREUX.

Aujourd’hui ne fait pas exception à la règle.


« Qu’est-ce que tu me caches ? Laisse-moi voir ! Ashley… Ça en devient inquiétant. Je peux enlever le bandeau que tu m’as collé sur les yeux ? Allô ! Tu es là ? Je le retire si ça continue ! Réponds-moi au moins…

— Encore deux minutes, miss impatiente ! me hurle-t-il de loin.


Qu’est-ce qu’il fabrique encore ? Je me caille ! Et en même temps, c’est aussi de ma faute. Quelle idée de mettre une jupe en plein mois de décembre alors que les premières neiges commencent à tomber ? Sérieusement… Mince, mais il va se dépêcher un peu ! J’ai à peine le temps de me frotter les mains l’une contre l’autre, que je sens ses doigts chauds s’en emparer. Il rit en les portant vers le haut. Je ne vois rien, pourtant lorsqu’il approche ses lèvres de ma peau, un frisson de plaisir glisse du bout de mes ongles à ma nuque. Hérissant sur son passage chaque poil.

Il souffle à deux reprises entre mes paumes, embaumant mon épiderme de son haleine sucrée. Son geste me rassure, me fait sourire à pleines dents tout en accentuant encore mon impatience. Son message disait juste qu’il avait une surprise pour moi. Et depuis que je suis entrée dans la cuisine de chez lui, mes yeux sont masqués par ce qui ressemble à une écharpe de soie. Surement volée à sa mère ou à Malory, si j’ai un peu de chance.


— Prête ? chuchote-t-il à mon oreille.

— Comment ? Oui.


Je ne l’ai pas senti bouger. Suis surprise de constater que mes bras se balancent le long de mon corps. Sa présence pesant maintenant dans mon dos, je trésaille quand ses doigts frôlent mes boucles brunes. Le doux tissu glisse sur mon nez, mes paupières palpitent plusieurs fois avant que je n’arrive à stabiliser ma vue. Qu’est-ce que…


— Qu’est-ce qu’on fait ici ?

— Ce n’est pas toi qui m’as expliqué combien c’est romantique un baiser au pied d’un sapin géant qui clignote dans tous les sens d’une multitude de nuances ?

— Oh… Ashley ! hurlé-je attendrie.


Dans un mouvement qui ne lui laisse pas le temps de réagir, je me retourne et saute à son cou. Quand sa bouche s’élargie en un sourire satisfait, je ne retiens pas ma joie, ni la pulsion furieuse qui palpite au creux de ma poitrine. Au moment où ses bras viennent enlacer ma taille, mes lèvres se plaquent sur les siennes. Elles viennent y goûter, s’en embarrer, s’en délecter.



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