Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 19. Bilan de situation 1/5

19. Bilan de situation 1/5

Lundi 03 décembre ASHLEY


Rodolf sous le bras, j’avance d’un pas trainant jusqu’à mon bureau. J’ignore si c’est le retour à la réalité qui est difficile ou juste le fait de m’être réveillé seul, chez moi, dans un appartement de murs blancs et gris. Avec pour compagnie, mon ami Silence. Les courbatures de la veille se manifestent comme un souvenir heureux qui aurait du mal à me lâcher, comme pour me rappeler que hier était plus chaleureux, plus… lumineux. Et même si ce matin, je suis las, je ne peux m’empêcher de sourire légèrement à l’approche du bureau de la belle brune qui est maintenant mon assistante.

D’ailleurs quand j’arrive à hauteur de son office, les boucles sombres rebondissent et sans vraiment savoir comment, des lèvres pulpeuses viennent se plaquer sur ma joue avant de s’évaporer aussi vite qu’elles ne sont apparues. Merde ! Elle aime jouer, me cherche et m’attire avec un gloussement qui résonne dans le couloir qui désert mon bureau. Cette femme va me rendre dingue.


— La vengeance, Ashley, c’est un plat qui se mange froid, rit-elle de plus belle quand elle remarque que ma main caresse la pommette qu’elle vient d’embrasser.

— Sérieux ?


Pour toute réponse, j’ai le droit à un haussement d’épaules et un air innocent mais elle ne me la fait pas à moi. Elle sait l’impact qu’à son contact sur mon corps, quelles sensations sa présence provoque et elle en joue. Sourit à toutes dents avant de me tirer la langue et de répondre au téléphone qui sonne entre nous. D’accord, Ash, respire. Je n’ai pas encore atteint ma prison de verre que déjà Stella s’amuse de mes réactions, me titille jusqu’à atteindre son but. Et quel est-il ? Celui de m’observer, pantois face à elle, une main perdue sur ma joue et l’autre accrochée à Rodolf.

Et merde… je suis piqué. D’un dernier coup d’œil vers Cassie, je remarque son toc, elle enroule encore et encore l’une de ses mèches autour de son index, se mordant même la lèvre tout en fronçant les sourcils. Résultat, je fronce également les miens et abandonne ma joue pour tendre la main vers elle, vers ses doigts. Et la libérer de cet interlocuteur qui semble lui causer des soucis.

— Passe-moi ça.


Elle penche la tête, m’indique que tout va bien et d’un signe entendu, je m’éloigne pour enfin arriver dans mon antre. Sans oublier pour autant de jeter un regard ou deux vers Stella qui d’un geste rageur a raccroché avant de taper comme une forcenée sur le clavier de son ordinateur. Signe que le client au bout du fil l’a quelque peu énervée. Moi ? J’avoue que cette scène me donne la banane et c’est avec une joie non dissimulée que je dépose Rodolf contre le dos de mon écran de PC avant de faire le tour de mon bureau pour me mettre à la tâche. La première étant de répondre à tous mes mails.

Mais…

C’était sans compter sur mes fouines d’amis :

— Ashounet ! Ashounet ! Où es-tu mon ami ? Tu as des petites choses à me raconter !


Oh non… Il ne peut pas se taire, sérieux ? Et quoi ? Il est où en plus ? A l’autre bout du couloir, les bras en pleins mouvements qui s’agitent dans tous les sens. Éric hurle aux côtés d’un Vince qui tourne la tête dans tous les sens, exaspéré. Décidément, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. D’autant plus qu’arrivés, enfin, au niveau de Stella, Éric ne peut pas s’empêcher de se pencher vers elle et de lui faire la bise, comme si c’était l’une de ses amies de longue date. Celui-là, je me demande bien ce que je vais en faire.

En attendant, je l’observe tout en remarquant que Cassie me fixe d’un air désespéré et désolé pour moi. Parce qu’elle sait, tout comme moi, que si Éric est à notre étage au lieu de faire son travail, c’est pour avoir un bilan de la journée d’hier. Surtout qu’il a dû comme tout notre joli groupe assister à mon enlèvement par Cassie, samedi soir. Un joyeux bordel ! Et je me demande pourquoi je me suis levé ce matin.

Quelle bonne idée, j’ai eu de sortir de mon lit !


— Ashounet ! Aide-moi, la petite sirène ne veut pas me raconter ce que vous avez fait après qu’elle t’ait sorti des griffes d’Anna. Dis-moi… S’il te plaît ! Vous n’avez pas le droit de garder des secrets…

— Éric, l’appelé-je depuis mon bureau.


S’il continue, il va attirer toutes les commères de l’entreprise par ici et c’est hors de questions d’entendre toutes sortes de conneries dans mon dos. Surtout que je suis le directeur ! Merde ! Autant me tirer une balle si je dois faire taire les différentes rumeurs que les deux miss Monique se sont amusées à répandre, je ne suis pas sorti t’affaires. Oh et puis mince ! Je me lève et je vais le tirer par la peau du cul, s’il le faut !

Quand j’arrive à la hauteur de Cassie, elle soupire, et c’est tellement puissant que j’en ris légèrement. Merci, Stella ! J’hérite du plus beau des fardeaux avec celui-là. Magnifique. Et le pire ? C’est que monsieur Éric ne se décide pas à me suivre, au contraire, il préfère poursuivre ses lamentations à travers le couloir et attirer l’attention sur notre joyeuse bande. Heureusement que je peux compter sur Vince. Qui d’un coup sur le derrière du crâne, remet les idées en place de notre gaffeur en chef.


— Bouge, mon vieux. Tu es grave quand tu t’y mets. Tu veux que Cassie ait des problèmes ? Regarde, là-bas, finit par chuchoter Vince en pointant la salle de détente du doigt.

— Les emmerdes… Ash, mon pote, je crois que j’ai fait de la merde.

— Non mais tu es sérieux ? C’est tout ce que tu trouves à dire ?

— Eh bien… oui ? annonce-t-il en levant les mains au ciel.

— D’accord, là, je compatie ! Tes amis sont encore plus dingues que les miens ! se tord de rire Cassie.

— Dingues peut-être mais toi, tu as deux armoires à glaces pour gardiens, je te rappelle. Je dois d’ailleurs, remercier ton frère pour ce superbe cocard qui vire au jaune.

— Ça te donne un côté rebelle… J’aime bien.


Qu… quoi ? Pardon ! Alors que je me fige sur place, pris de surprise sous les mots que Cassie semble lâcher sans s’en apercevoir, mes compères qui se dirigeaient vers mon bureau d’un pas lent se retournent tous les deux brusquement vers elle. Ses pommettes réagissent au quart de tour tandis que ses doigts viennent se planquer dans ses boucles pour finir par en entortiller une autour de son index.

Si elle voulait cacher ses sentiments, c’est foutu ! Et d’ailleurs, le sourire vainqueur de notre gaffeur professionnel est la preuve que je vais passer à la casserole ou à la moulinette, c’est au choix. En tout cas, je ne donne pas cher de ma peau. Surtout que Vince semble lui aussi intrigué par les paroles et l’échange que nous venons d’avoir Cassie et moi. Il hausse un sourcil suspect et d’une seconde tape derrière le crâne d’Éric amorce le mouvement pour enfin pénétrer dans mon espace de verre.

Il ne faut pas moins de cinq minutes à Éric pour arriver du bureau de Stella au mien, et encore cinq de plus pour qu’il pose ses fesses dans un des fauteuils qui me font face. Moi ?

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