Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 16. Pancakes 2/4

16. Pancakes 2/4

Courage Cass, c’est toi qui l’as ramené chez toi ! Et quelle bonne idée ! Merveilleuse. Je me regarde dans le miroir, ajuste le short nounours de mon pyjama et me décide. Après tout, il m’a déjà vu dans des tenues plus honteuses que celle-ci. Quand j’ouvre la porte d’un geste énergique, je tombe face à face avec mon frère. Il m’adresse un sourire, me claque une bise sur la joue avant de me suivre en silence vers notre séjour.

Son corps s’installe sur l’un de nos tabourets autour de l’îlot. Eliott, quant à lui, s’agite dans tous les sens, sortant tous les ingrédients nécessaires à notre petit déjeuner immanquable. Farine, œufs, lait, sucre, tout y est. Il ne manque plus que je m’active à la tâche. Mais avant cela, et sous les regards entendus de mes deux mousquetaires, je jette un coup d’œil vers notre invité surprise.

En l’observant, je me rapproche peu à peu intriguée par un détail que je n’avais pas encore remarqué. Que je n’avais encore jamais vu. J’examine d’abord sa position. Ash est sur le dos, un bras sous sa nuque, l’autre qui pend dans le vide. Sa tête est en arrière, ses yeux clos sont cachés par des mèches de ses cheveux de blés en bataille. Très vite, je m’attarde sur le bas de son corps, ses jambes sont en l’air, calées sur le dossier du canapé dans un angle peu pratique.

Pourtant il me paraît paisible, ses lèvres sont étirées dans un rictus apaisé. Puis, comme attiré par un aimant, j’ose remonter mon regard sur son ventre, ses muscles sculptés, ses tablettes de chocolat dessinées avec finesse. Je sens la chaleur envahir mon visage mais je n’arrête pas mon observation pour autant, au contraire, je redouble d’attention quand mes yeux arrivent à la hauteur de ses pectoraux. Mes sourcils se froncent alors en s’attardant sur le tatouage qui décore le côté gauche de sa poitrine.


Des traits fluides, tout en courbes qui tracent des mots. Une phrase que je ne distingue pas à cette distance. Et alors que je tente de m’approcher encore un peu, les mains de Cole m’arrêtent. Elles se posent sur mes épaules et me détournent de celui que je contemplais. Merde ! J’avais complétement oublié leur présence à lui et Eliott. D’ailleurs, eux l’ont très vite noté puisqu’ils me ramènent à la réalité en ouvrant tous deux la bouche :

— Tu es notre professionnelle des pancakes, Cassis !

— Et puis… laisse-le dormir. Il en a besoin. Je pense, réplique Cole pour m’empêcher de râler.

— Bon. OK. Tu n’as pas oublié la vanille, j’espère ? demandé-je à El en rebroussant chemin et revenant vers la cuisine. La recette doit être parfaite !

— Tout y est ! Il ne manque plus que notre cheffe pour la cuisson.


Nous rions en cœur tous les trois. Cole nous prépare à tous, un chocolat chaud pendant qu’Eliott s’attelle dans la préparation de notre plateau de confitures et pâte à tartiner. Moi ? Je lance la cuisson, une louche à la main, une poêle sur le feu. Prête à l’attaque. Mes pensées restent quant à elles focalisées sur l’homme allongé dans mon canapé deux mètres plus loin. Me demandant sans cesse ce qui se cache dans ce tatouage que j’ai aperçu.


*

ASHLEY


Merde, ça fait mal ! Fichu étau qui me serre le crâne. Et puis pourquoi j’ai froid. Aïe, mon cou. Sérieux, je suis où ? Je grogne, me frotte les yeux avant de tenter de les ouvrir. Une fois, deux. Non, c’est trop aveuglant. Et ça fait un mal de chien ! Purée, et dans quelle position, je suis encore ? D’ailleurs ça m’apprendra de boire autant sur un coup de tête. Je marmonne, tente de reprendre une bonne position, me contorsionne. Et…


— Merde ! Putain ! Quel est l’idiot qui m’a installé sur un lit minuscule ! hurlé-je en atterrissant sur le cul. Fais chier. Et ce bourdonnement là-haut qui ne veut pas s’arrêter…

Je grogne, chuchote, me frotte le bas du dos avant de lever la tête et de tomber sur trois visages hilares. Oh non, je rêve ! Qu’est-ce que je fous ici moi ? J’ai bu, j’étais dans la boîte, puis :

— Anna !

— Ouais. Bravo Crève-cœur pour ce magnifique spectacle. Heureusement que ma sœur et sa gentillesse t’ont sorti de là.

— Puis, on aurait loupé un magnifique réveil, n’est-ce pas Cassis ? ironise Eliott en pointant mon buste du doigt.


Quoi ? Non, non, non ! Elle n’a pas vu ? Elle l’a vu ? Ma chemise, vite, elle est où ? Ma tête s’agite dans tous les sens pour repérer mon vêtement. Sur la table ! Je l’attrape à toute vitesse et l’enfile sous leurs regards à la fois surpris et moqueurs. Mes gestes sont saccadés, mes doigts tremblent alors que j’essaie tant bien que mal de fermer les boutons de mon haut. Tout en espérant secrètement que Stella n’a pas eu l’occasion de lire la phrase qui encrée sur mon torse.

Honteux d’être dans une situation que je ne contrôle pas, je n’ose plus faire un mouvement. Surtout pas quand la main de Cassie s’accroche à la mienne, attirant ainsi mon attention. Et alors que je m’attends à me faire jeter hors de leur appartement, la brunette m’aide à attacher le dernier bouton de ma chemise. Elle est précise, rapide et ne regarde même pas ses gestes. Au lieu de ça, elle plonge son océan translucide dans mes émeraudes. Elle cherche, fouille mon âme et détruit mes remparts sans mal, s’attaquant à mon cœur en un clignement de cils. Merde, alors…


— Cass ! Je crois que ça brûle ?

— Quoi ? elle cri, brise l’instant pour se ruer dans la cuisine sous le rire d’Eliott.


Cole quant à lui m’observe en coin, les sourcils froncés. C’est marrant comme ils se ressemblent sa sœur et lui. Il a comme elle, un pli qui se forme sur son front quand il est soucieux ou menaçant comme maintenant. OK, message reçu. Je marche sur des œufs et si je suis ici, c’est seulement parce que… Quoi déjà ? Oui d’abord, pourquoi je suis chez eux ? Je ne me souviens pas avoir demandé à ce qu’on me ramène. Au contraire, j’allais très bien, j’étais euphorique et j’avais les mains occupées.


— Juste pour information, elle t’a sorti des griffes d’une sangsue. Oh et puis, viens. Elle prépare des pancakes, m’annonce finalement le grand brun en haussant les épaules et glissant ses mains dans ses poches.


Des pancakes ? Maintenant qu’il le dit, je sens la douce odeur de la pâte. Le sucre et ce petit détail qui me faisait accourir dans la cuisine quand j’étais adolescent : la vanille. La même senteur que la peau dorée de Cassie. Enfin… celle de mes souvenirs. Elle aurait la recette de Malory ? Non, impossible ! On était encore des enfants, certes c’était notre petit pêché mignon mais de là à avoir encore la recette. Non.

D’un pas incertain, et une main sur le front pour me masser les tempes, je m’avance non sans difficultés vers leur cuisine. L’un est occupé à faire couler du chocolat dans une quatrième tasse et l’autre s’installe sur un siège en en déplaçant un second pour m’indiquer d’y prendre place. La troisième s’affaire, le visage inquiet à la réalisation de sublimes cercles moelleux et dorées. Je ne cherche pas à analyser la scène, ensemble ils forment le trio parfait.


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