Sandra MALMERA 24 jours, un chocolat 14. Première case 2/4

14. Première case 2/4

MAIS. Elle a fini par ramener le chien à sa maîtresse. Une petite mamie qui vivait seule et qui ne pouvait plus se déplacer sans aide. Autant dire que Stella avait fait une heureuse. Je me demande si cette chère madame Martin est toujours chez elle, avec ses tasses de thé et ses petits gâteaux de pain d’épice. Des biscuits que Stella se forçait à manger pour lui faire plaisir. Elle qui en déteste tant le goût.


Je ris en attrapant le calendrier et en parlant malgré moi à Rodolf :

— Elle est trop gentille. Ça la perdra un jour.

— Qu’est-ce que tu marmonnes ? hurle Éric en me jetant un regard amusé.

— Rien.

— Et tu l’as prévenu de ton retard ? Non, parce que si elle supporte Anna depuis vingt minutes juste pour t’attendre, tu risques d’en voir de toutes les couleurs. Tu le sais que la petite sirène n’a pas sa langue dans sa poche ?

— Oui, non. J’ai oublié…


Et de toute façon à présent c’est trop tard. Vince passe justement devant les vitres illuminées du Loch Ness. La rue adjacente est déjà noire de monde et je profite du trafic ambiant pour me détacher. Dans un regard entendu avec Vince et accompagné de mon fidèle compagnon Rodolf, j’ouvre la portière et saute hors de l’habitacle. Le vent frais me fouette le visage tandis que je fais signe à mes amis qui s’éloignent pour trouver une place où se garer.


Alors que je pense avoir le temps d’entrer tranquillement dans le bar et de demander à Joe où se cache ma belle étoile, je suis frappé sur l’épaule par une main fine et longiligne. Merde ! Pas maintenant ! J’examine la silhouette d’Anna, fronce les sourcils quand je remarque la mini-jupe qu’elle arbore et tente tant bien que mal de m’éloigner de sa poitrine qui semble vouloir s’échapper de son décolleté plus que plongeant.


Lorsque mon regard se pose enfin sur son visage, c’est le choc. Comment j’ai pu ? C’est un pot de peinture ! Cette femme est d’un vulgaire, bien loin de la douce Stella. Anna est plus du goût de Jeanne De Cœur, un jouet qu’il est facile de remplacer. Et comme un con, j’ai foncé dans ses draps. Je me dégoûte, le frisson qui me glace le dos en est le témoin. D’ailleurs, quand elle ouvre la bouche pour m’expliquer enfin pourquoi elle me barre la route, c’est instinctif mon corps me hurle de m’éloigner d’elle, de fuir pour retrouver les bras que je désire.


Stella. Où est-elle ? Mes oreilles ne perçoivent pas les paroles d’Anna, mon attention est tournée vers la femme que je cherche. Vers cette étoile à la chevelure d’une couleur chocolat, à ses boucles qu’elle malmène sans cesse, à ce regard cristallin qui me hante jusque dans mes rêves. Il ne me faut pas plus d’une minute pour la trouver. Elle est là. Devant la porte verte du bar, les bras croisés sur sa poitrine, le nez plongé dans son écharpe en laine.


Et le froid qui m’avait envahi en détaillant Anna s’évapore pour se changer en feu ardant, une chaleur qui monte du creux de mon ventre jusqu’à mes pommettes. Merde, je suis touché ! A cet instant où je crois qu’elle ne me voit pas, qu’elle ne me prête pas attention, je me surprends à sourire en observant ce pli qui apparaît entre ses sourcils quand elle est contrariée. Un sourire sincère, presque… niais.


— Ash ? Tu m’écoutes ? Ta poupée pour la soirée t’attend, j’espère que tu en feras bon usage. Mais n’oublie pas que ma bouche à moi sait faire des merveilles. Après tout, ta mère a validé ma présence à tes côtés. Cette fille par contre… Elle risque de se briser au premier coup de rein, cancane Anna avant de me tourner le dos et de filer.


Pardon ? Quoi ? Elle se fout de moi, celle-là ? Qu’est-ce que ma mère a à voir là-dedans ? Et pour qui elle se prend ? Elle n’arrive même pas à la cheville de Stella ! Et elle ne lui y arrivera jamais. JAMAIS ! Aucune des greluches que Jeanne pourrait « valider » ne pourra un jour surpasser Stella. Qu’importe qu’elle soit à mes côtés ou non, elle est la seule à m’avoir pendant un temps montré ce qu’est l’espoir, la lumière, la beauté d’être aimé.


Je me mords la lèvre pour me remettre les idées en place, essaie de me détendre autant que possible alors que mes pensées s’assombrissent. Et pendant que je resserre mes doigts autour du carton du calendrier de l’avent offert par Stella, je sens la pression s’échapper de mon corps. La colère qui montait en moi vient de s’évanouir. Éradiquée par la simple présence de mon ami, Rodolf.


C’est fou, cette influence qu’elle a sur moi.

Et ce n’est pas le son de sa voix inquiète qui me contredira :

— Ashley… tu es en retard.

— Je sais. Excuse-moi. Si tu veux partir, je comprendrais.

— A vrai dire…


Elle ne termine pas sa phrase, attrape ma main libre et m’attire à sa suite, jusqu’à l’entrée du Loch Ness. Elle pousse la porte et m’entraînant toujours, elle me guide vers une table. MA table. D’un geste, elle tend le bras et m’indique la banquette sur laquelle je pose mes fesses, avant de l’observer se glisser à mon côté avec sur le visage un sourire timide. Puis, dans un soupir qui n’annonce rien de bon, elle enchaîne :

— Cette Anna. Je ne l’aime pas.

— Moi non plus, soufflé-je dans le brouillard total face à notre situation plus qu’étrange.

— Alors pourquoi tu as couché avec elle ? Quoi ? m’agresse-t-elle quand mon regard plonge dans le sien. Sérieux ? Tu pensais qu’elle allait garder la bouche fermée ? Je dois te dire que tu devrais te méfier des lieux où tu plantes ta queue ! Il lui a suffit de trois phrases pour croire qu’elle était la mieux placée pour me donner des conseils quant à ce que tu aimes au lit. Les petites gâteries, les caresses, les positions et les surnoms. Les surnoms ? Vraiment ? Alors quoi ? Tu veux que je t’appelle, mon canard ? Merde, Ashley ! Si au moins, tu avais fait l’effort d’arriver à l’heure, je n’aurais pas eu à supporter cette bimbo que ta mère accepte. Quoi ? crache-t-elle une fois de plus quand mes yeux s’arrondissent à l’entente de ses paroles.

— Comment tu sais pour… elle ?

— Les deux pimbêches de cette semaine dans le couloir. Elles adorent les ragots. Et si tu n’étais pas encore au courant, sache qu’elles sont aussi dans les bonnes grâces de MADAME !


Merde ! Putain ! Bordel ! Je dois désamorcer cette bombe avant qu’elle ne m’explose en pleine figure. Vite ! Un signe de la main vers Joe et il s’active pour nous apporter deux verres. Deux shots de vodka, qui à mon avis, vont nous aider à avaler notre rage. Cassie celle envers Anna et ma mère, moi… celle contre moi-même. Au fond, je suis le seul fautif de cette colère sous-jacente qui semble émaner du corps de Stella.

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4 commentaires

Firenze

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Il y a 4 ans

Coups de pouce avant la fin du concours. N'hésite pas à passer sur mon histoire "Underground" si tu aimes les thrillers.

Lily Riding

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Il y a 4 ans

à un moment : pourquoi il change pas de pays ? Stella sous le bras, deux valises et hop ;)

Lily Riding

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Il y a 4 ans

je like déjà pour débloquer et reparts rattraper mon retard ;)

Sandra MALMERA

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Il y a 4 ans

Merci !
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